lundi, septembre 29, 2014

Patrick PECHAMBERT : Entretien sur sa dernière saison dans l'Elite...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,

Entretien avec Patrick PECHAMBERT, arbitre du TOP14 de Rugby.

À bientôt 45 ans, vous serez atteint par la limite d'âge pour arbitrer à la fin de cette saison. Qu'est-ce qui vous fait courir encore sur les terrains ?

Patrick Péchambert. J'ai toujours été très volontaire, j'aime le sport, j'aime courir. Même après ma carrière d'arbitre de rugby, je ferai encore pas mal de sport. C'est la passion qui prime. Et se maintenir en forme, c'est pour moi une obligation. J'ai horreur de penser qu'un jour je ne pourrai plus courir. D'ailleurs, quand je suis blessé, je suis exécrable à la maison !

Il vous arrive d'enchaîner dans le même week-end des affiches de Top 14 avec des rencontres de Périgord-Agenais. Où allez-vous chercher encore la motivation ?

En premier lieu, c'est la passion. Et puis c'est une façon d'aider le Périgord-Agenais comme il n'y a pas assez d'arbitres sur certains week-ends. On remplace aussi les copains qui sont blessés. Mais c'est vrai que parfois je m'en serais bien passé, surtout après un match un peu dur à diriger la veille et pas mal de route. Mais bon, quand il faut le faire, je le fais avec plaisir.

Quand on dirige un jour une affiche du Top 14 et le lendemain un match de série territoriale, arbitre-t-on de la même façon ?

Non, pas vraiment. Je suis assez soucieux quand j'arbitre en Périgord-Agenais. D'abord parce que le placement n'est pas le même, les règles ne sont pas les mêmes, donc il faut quand même les revoir un peu avant. Et puis la gestion des hommes sur ces matchs-là est différente parce qu'on est seul. Ce n'est pas toujours évident, il faut avoir des yeux derrière la tête. Je suis plus soucieux que sur un match du Top 14. C'est souvent plus difficile à arbitrer, c'est plus dur à gérer notamment à cause du niveau technique des joueurs, de l'état du terrain, et puis on a d'autres habitudes quand on est trois arbitres avec l'appui de la vidéo en Top 14. Quand ça se finit à peu près bien, je suis vraiment soulagé.



Avez-vous le sentiment que vous êtes plus respecté quand vous arbitrez en Série parce que vous êtes aussi un arbitre du Top 14 ?

Les gens aiment bien avoir un arbitre du haut niveau. On gagne parfois certains matchs rien que par notre présence. Après, on peut aussi se le rendre difficile si on ne fait pas ce qu'il faut rapidement dans la partie s'il y a du jeu déloyal, des brutalités. J'ai eu échappé des matchs à l'époque en Fédérale 1, parce que je n'étais pas assez vigilant. Cela m'arrive moins depuis que je dirige chez les pros. Mais c'est vrai qu'en arrivant, quand les joueurs voient qui les arbitre, on gagne déjà une partie du match.

Pour vous, à quoi ressemble finalement un match réussi ?

C'est un match qui va au bout sans brutalité. Pour moi, le rugby ça reste un sport et c'est la fête. Le plaisir, on l'a quand ça se passe bien déjà. On n'est pas là pour empêcher les joueurs de jouer comme certains le pensent. Quand je vois certains comportements, même s'il y a une victoire au bout, s'il y a un challenge à relever par rapport aux sponsors et au club, je me dis que rien n'est aussi fort que le plaisir sur un terrain. Quand je jouais, c'était avant tout le plaisir de jouer et de faire vivre le ballon qui comptaient. C'est pour ça qu'un match réussi pour moi, c'est aucun carton et le jeu à tout-va. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Vous parlez de l'époque où vous jouiez. Suivez-vous toujours attentivement le SU Agen ?

Je regarde leurs résultats bien sûr. Je suis né à Agen, j'ai le cœur agenais et je le resterai. Je ne peux pas trop voir les matchs, même si je les regarde parfois en différé. Je suis un des premiers supporters de cette équipe même si on me l'a assez reproché à un moment donné. Cela avait même fait un peu polémique quand j'ai été amené à arbitrer Bordeaux-Bègles qui était à la lutte avec Agen pour le maintien en Top 14. Je peux être supporter d'Agen et arbitrer Bègles même s'ils sont en concurrence. Pour moi, l'arbitrage c'est la ligne droite. Je peux me tromper, mais ça ne sera jamais intentionnel.

Qu'attendez-vous des derniers matchs qui vous restent à diriger ?

J'espère déjà en faire le plus possible, même si on ne peut pas en faire plus que les autres. J'espère aussi ne pas me blesser pour finir correctement, être toujours en forme pour pouvoir aller au bout de ma carrière sans être à la rue sur le plan physique. Et puis j'espère peut-être diriger encore une affiche de phases finales, un barrage ou une petite demi-finale. Mais il y a du monde dans ce cas ! Atteindre les 100 matchs arbitrés en Top 14, ce n'est pas un challenge (NDLR : il dirigera son 98e match samedi, Racing-Métro - Brive). Ça ferait joli, mais ce n'est pas un objectif.

La finale de Top 14, Toulouse- Montpellier (15-10) en 2011 avec Sébastien Minery en 4e arbitre, est-ce votre match référence ?

Oui, fatalement parce que je n'ai jamais arbitré plus haut. C'est donc le match référence. Il y a eu des matchs sympas aussi comme la finale d'accession en Pro D2 et la finale de première division Fédérale. Mais la finale de Top 14, c'est autre chose. J'étais assez soucieux au départ. ça c'était bien passé et ça reste un bon souvenir. Bien sûr que j'ai des regrets de ne pas avoir arbitré au Tournoi des VI Nations ou en Coupe du monde. Mais j'ai commencé l'arbitrage un peu tard et ça a été difficile d'accrocher le bon wagon. J'ai un peu pataugé en Fédérale 1 et en Pro D2, j'ai pris du retard et après avec mon âge je ne pouvais pas être impliqué dans tout ça.

Source : SUD-OUEST