mercredi, mars 11, 2015

LIGUE DE GUADELOUPE : Condamné pour insultes et menaces sur arbitre...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , , ,

Publié le 11/03/2015 - Parce que les arbitres doivent être respectés. Parce qu'ils n'ont pas à subir insultes, menaces et violences lors des matches, leurs agresseurs sont désormais poursuivis en justice. Un joueur de football a essuyé les plâtres jeudi, en correctionnelle.

C'est une première, jeudi, devant le tribunal correctionnel pointois. Face aux juges, un joueur et un arbitre de football. L'un est prévenu, l'autre victime. Le joueur est poursuivi pour « outrage et acte d'intimidation envers un chargé de mission de service public » . Ce qui lui est reproché, c'est d'avoir insulté l'arbitre lors d'un match. Et plus grave, de l'avoir menacé alors que celui, s'apprêtait à sortir un carton rouge.

La confrontation a eu lieu le 21 mars 2014, à Saint-François, lors d'une rencontre opposant une équipe du Moule et une autre de Goyave. Le joueur mis en cause jouait avec Goyave. Et il était visiblement très mécontent de l'arbitrage. Un an plus tard, il est encore très remonté à la barre. « Ce soir-là, on était quatrième et on jouait la montée. Dès qu'on marquait un but, il le refusait. »

Il estime que l'arbitre n'a pas été « réglo. Un arbitre peut se tromper, mais pas durant tout le match » . À 10 minutes de la fin de la rencontre, alors que celui-ci refusait un nouveau but pour cause de hors-jeu, le joueur Goyavien s'est énervé, le traitant entre autres de « voleur » . Un mot gentil comparé à ceux qui ont suivi. Et alors que l'arbitre allait l'exclure du terrain, il l'a menacé.

UNE CONVENTION AVEC LE PARQUET

Ce qu'il conteste à la barre : « Je l'ai insulté, mais je ne lui ai pas fait de menace. Peut-être que j'étais agressif dans ma façon de parler, de me comporter, mais je ne l'ai pas touché, pas tenu. Je ne lui ai rien fait. Je n'ai pas parlé de couteau ou de fusil. Je n'ai rien contre lui personnellement, mais contre l'arbitre. »

« Mais vous l'avez personnellement menacé » , remarque le président qui s'appuie sur les témoignages des deux arbitres assistants. « Ils ont entendu en créole « si tu me donnes un carton rouge je vais te crever » . Votre propre frère dit que vous étiez menaçant. » Une attitude inappropriée sur une pelouse et condamnable par la justice.
Le joueur goyavien essuie les plâtres. Désormais, les insultes, menaces ou violences commises dans les enceintes sportives seront systématiquement poursuivies. « C'est le sens de la convention signée en juillet 2014 avec le parquet. L'objectif c'est de porter les affaires en justice. Il faut que les gens comprennent et que le message passe. Il faut que la violence dans le sport cesse » , martèle Dominique Soutenare, président de l'Union nationale des arbitres de football.

TRAVAIL D'INTÉRÊT GÉNÉRAL

Il s'est constitué partie civile aux côtés de l'arbitre impliqué. Il rappelle que le football est un jeu. « Qui réunit des passionnés. Il y a des règles et nous, les arbitres, nous sommes là pour les faire appliquer. » Malheureusement trop souvent les arbitres sont pris à partie. « De plus en plus, nous constatons que ces règlements sont très mal acceptés. Il y a de plus en plus de violences. » L'avocat des parties civiles, Me Hatchi, comme le vice-procureur Corine Béal, rappelle au prévenu que sur le terrain « l'arbitre doit être respecté » .
Selon le code des sports, l'arbitre est considéré comme une personne chargée d'une mission de service public et de ce fait, il est le seul à dire la loi sur le terrain. Pour l'avoir oublié, le jeune joueur goyavien a été averti par le tribunal correctionnel, qui l'a condamné à 105 heures de travail d'intérêt général. Il devra également payer 500 euros de dommages-intérêts à l'arbitre et 300 euros à l'Unaf (Union nationale des arbitres de football). Et encore 900 euros de frais de justice. Une décision qui l'a une fois de plus énervé.

Source : FRANCEANTILLES