samedi, juin 27, 2015

Pierluigi COLLINA : Une légende qui manque au football d'aujourd'hui ?

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , ,

Publié le 27/06/2015 - Dix ans après sa « retraite sportive », Pierluigi Collina manque au football. Son charisme et sa poigne légendaire ont laissé un grand vide dans le monde de l’arbitrage aujourd’hui orphelin d’un homme de sa trempe.

24 septembre prochain, date de sortie officielle de Fifa 16, en couverture, Clément Turpin… Impensable. Et pourtant, à l’époque, ce qui était l’opus référence des jeux vidéo dans le football, PES, n’a pas hésité à consacrer sa couverture à… un arbitre, ou plutôt à l’Arbitre.

C’est dire à quel point Pierluigi Collina était connu et reconnu, devenant par la même occasion un symbole commercial plus intéressant que n’importe quel joueur en cette année 2003, comme-ci son visage était apposé à la distinction. Pour une fois dans le football, un arbitre était aussi bankable que les joueurs les plus médiatisés.

Meilleur arbitre de l’histoire


En 2010, le moins chevelu des hommes en noir a même été élu meilleur arbitre de l’histoire du football par la fédération internationale de l’histoire et des Statistiques du football (IFFHS). L’homme a tout connu, finale des JO (1996), finale de Ligue des champions (1999), finale de la Coupe de l’UEFA (2004), les Marseillais s’en souviennent…


Et bien sûr, la finale de la Coupe du monde, en 2002, entre le Brésil et l’Allemagne. Aujourd’hui, ce charisme manque. Les joueurs et les corps arbitraux semblent en perpétuel conflit.

L’attitude de Zlatan Ibrahimovic, par exemple, à l’égard des arbitres (qui peinent à s’affirmer face à un joueur de ce standing) lors de certaines rencontres de championnat prouve que le respect n’est pas toujours au goût du jour.

Avec Collina, le respect était là et bien là


Se faire arbitrer par Collina était un honneur. Le 10 janvier 2003, le célèbre chauve était venu en Ligue 1 (tous les arbitres français étaient alors en stage), pour officier lors d’une rencontre entre les deux olympiques, ceux de Lyon et de Marseille. Une information, présentée comme une chance pour les deux formations, qui a été reprise par tous les médias

C’était l’info numéro un, devant les enjeux de la rencontre ou encore les compositions d’équipes. Certaines voix se sont parfois élevées contre lui, pour s’insurger de sa proximité avec les vedettes du football, mettant en cause son impartialité. Jamais d’erreur notable en ce sens pour celui qui était conseillé financier dans la vie de tous les jours.

La seule star qu’ait connu l’arbitrage


Collina a pris sa retraite sportive en 2005, ou plutôt a été forcé de la prendre, pour justement, éviter un scandale. Comme tout homme célèbre dans le milieu du ballon rond, l’Italien était la cible des annonceurs. Cette fois, un contrat publicitaire de plusieurs millions d’euros émanant d’Opel (sponsor principal du Milan AC cette année-là), a été accepté par l’homme en noir. La fédération italienne est montée au créneau, l’interdisant d’arbitrer en Série A.


La fin d’un règne. Aujourd’hui, la seule star qu’ait connue le monde de l’arbitrage régale lors de matches de gala où son nom attire autant que ceux de Ronaldo ou de Zidane, c’est dire… Il a également été la vedette d’une publicité, il y a quelques mois. Un spot dans lequel l’arbitre est venu officier lors d’un petit match entre amis. Le regard des joueurs présents, « lambda » et passionnés de foot, suffit à comprendre ce que représente l’arbitre.
Toujours actif pour sa passion

Son influence plane toujours sur les plus hautes instances de l’arbitrage. Il a récemment soutenu la proposition de Platini sur le carton blanc, signe d’exclusion temporaire. Lui qui est maintenant responsable de la commission des arbitres de l’UEFA ne partage pas toutes les idées de l’ancien numéro 10 français.

Notamment au sujet de la vidéo. « Les choses ne peuvent continuer ainsi. L’arbitre est le seul qui doit décider avec ses propres yeux, tous les autres utilisent la technologie pour juger les actions… C’est comme si on demandait à un médecin d’opérer le genou d’un joueur avec des instruments beaucoup trop usés », a affirmé Collina dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport (dec 2009).

Preuve qu’il œuvre encore au quotidien pour défendre et faire évoluer ce qui était une passion pour lui. Là réside peut-être sa qualité exceptionnelle d’arbitre. Il prenait du plaisir à officier, alors qu’aujourd’hui, la pression semble glacée les « référés » aux heures des décisions importantes.



Aucun arbitre n’a aujourd’hui égalé la popularité de Collina, ni même s’en est approché, même si son style capillaire a fait des émules dans la discipline. Bref, Clément Turpin ne sera pas sur la pochette de Fifa 16, Howard Webb non plus, preuve qu’aucun arbitre n’est aujourd’hui de la trempe du chauve légendaire.

Source : WEBFOOTBALLCLUB