jeudi, mars 16, 2017

FFF - DISTRICT DE L'ISÈRE : Le District a son égérie de l'arbitrage féminin, elle se nomme Camille LE BLANC...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , , ,

Publié le 16/03/2017 - "Camille bravo pour ta désignation fédérale. Il s'agit de ta troisième de la saison en D2 féminine, alors que ces matchs sont habituellement réservés aux arbitres fédérales féminines et que tu n'es actuellement "que" candidate ligue (ndlr : après avoir réussi la théorie ligue en mai dernier, Camille est candidate ligue sur le terrain cette saison). Une belle opportunité pour toi!..."


Retrouvez, ci-dessous, l'interview réalisée par le CTDA, Nicolas BROTONS.


"Peux-tu nous en dire plus sur ces désignations stp (comment cela se fait-il)?

L'arbitrage féminin est malheureusement peu représenté dans la ligue Auvergne Rhone-Alpes (LAuRA) et mes observations sur le terrain se montrent encourageantes, ce qui m'a permis d'avoir été désignée arbitre réserviste de la fédération par la LAuRA. Lorsque la DTA (Direction Technique de l'Arbitrage) manque d'arbitres féminines de niveau D2, elle fait alors appelle aux réservistes.

J'imagine que tu dois être heureuse?


Ces désignations « exceptionnelles » me permettent de découvrir le niveau et l'environnement fédéral féminin. Chaque match est une opportunité. De plus, ce qui est encourageant c'est de voir la confiance que l'on me donne ; cela motive à travailler afin d'atteindre cet échelon, voire plus (D1).

Comment te prépares-tu et t'organises-tu pour ce genre de rencontre?


Physiquement, je participe aux séances du groupe d'entraînement "La TEAM" du District (cf. plus bas) et j'effectue un match universitaire chaque semaine.

Niveau organisation, pour les déplacements engendrant plusieurs heures de route, je pars la veille afin d'être reposée le jour du match. Finalement, je m'efforce d'avoir une hygiène de vie saine, indispensable afin de progresser.


Quelles différences y a-t-il entre ce genre de rencontres et celles que tu as l'habitude de diriger?


Habituellement, j'officie sur des rencontres masculines ; malgré le niveau élevé des joueuses de D2, la vitesse de jeu n'est pas la même. Cependant, les matchs sont agréables à arbitrer, avec des phases de jeu pertinentes et fluides.

Les féminines, de façon générale, sont plus compliquées à arbitrer, car les fautes sont plus fines, plus subtiles, et ce, malgré un engagement physique comparable à celui des hommes.

De par la différence de niveau (District / Fédéral), c'est l'environnement du match qui change le plus. La présence d'un délégué officiel en FFF permet de déléguer les tâches administratives, et c'est un vrai appui lors du remplissage de la FMI.

Tu arbitres habituellement les garçons jusqu'en PHR, quelles sont les principales différences avec les filles évoluant au niveau D2?


Comme dit précédemment, la plus grande différence concerne la vitesse de jeu. De plus, du fait qu'il y a peu d'équipes féminines, les écarts de niveau sur un même match peuvent être flagrants (pour exemple, le score de mon premier match de D2 fut 5-0) contrairement aux matchs masculins souvent plus serrés et équilibrés.


Quel a été ton parcours pour parvenir jusqu'à ce niveau?


J'ai commencé l'arbitrage à 18 ans et demi. Après une saison chez les jeunes (U17/U19) et deux observations niveaux D3 en séniors, j'ai été promue niveau D2 sénior pour ma seconde saison. À la fin de celle-ci, j'ai fini major de D2 (dans le district du Morbihan), ce qui m'a permis de monter en D1.

Après une saison en D1 en Bretagne, je suis venue en Isère pour poursuivre mes études. J'ai obtenu toute la confiance des formateurs du District, et j'ai ainsi intégré le pôle Formation Ligue pour me préparer à l'examen théorique Ligue. C'est ainsi qu'en mai dernier, après une formation accrue tout au long de la saison, j'ai été présentée comme candidate Ligue. Avec grande joie, j'ai été reçue, au même titre que mes 4 autres collègues masculins de l'Isère présentés. Il me restait par conséquent à valider les tests physiques en septembre (ndlr : validés avec brio!), et la partie terrain où l'on est observé comme arbitre central sur 3 matchs de PHR durant la saison (ndlr : plus un match en PHR comme assistant).

Tu nous a dit que tu étais arbitre dans le Morbihan avant d'arriver en Isère. As-tu noté des différences au niveau de l'arbitrage entre ces 2 départements?


Oui, il y en a plusieurs. La première concerne le nombre d'équipes : 38 poules de niveau District en séniors dans le Morbihan contre 23 ici. Ensuite, le niveau de la poule d'Excellence iséroise m'a étonnée, car il pourrait être comparé au 1er niveau de la Ligue de Bretagne. Ceci est sans doute dû au nombre d'équipes réduit (12 seulement) à ce niveau.

Lors de mon premier match en Isère, j'ai été surprise par l'intensité du jeu (rapide et engagé). De plus, la bienveillance envers les adversaires est moins présente en Isère, avec un esprit de compétition plus fort.

"Pour un arbitre, la passion est le moteur de son évolution."


Pourquoi avoir choisi de devenir arbitre?


Avant de m'orienter vers la voie de l'arbitrage, j'ai joué au foot pendant 13 saisons. Puis, la contrainte des études m'a incitée à réduire mes déplacements du weekend, tout en restant dans le milieu footballistique (quand on a une passion, c'est dur de s'en séparer complètement). Après avoir validé un diplôme d'Initiateur 1, et après un test en tant qu'entraîneure de jeunes joueuses, le résultat ne fut pas concluant. Le fait de rester sur le bord du terrain sans réellement participer, m'a déplu. C'est lors d'une demande de mon club, qui était en infraction et recherchait des arbitres, que j'ai décidé de me lancer et de découvrir cette autre facette du football.

C'est ainsi que j'ai commencé l'arbitrage et, malgré quelques regrets au début car je ne pouvais pas toucher le ballon, la passion s'est installée, et les perspectives d'évolutions rapides m'ont motivée et me motivent encore. Pour un arbitre, la passion est le moteur de son évolution.



Quels sont tes objectifs pour l'avenir : pour la saison prochaine ? Et où aimerais-tu être dans 5 ans ? Dans 10 ans ?


Sportivement, valider mon examen Ligue cette saison afin de pouvoir officier au niveau PHR masculin. Durant les saisons à venir (2 à 3 je l'espère), je souhaiterais être présentée à l'examen fédéral féminin, afin d'évoluer au meilleur niveau national féminin dans les années à venir. Ce serait l'apothéose pour mon investissement et la reconnaissance de mes compétences.

Cependant, il faudra encore travailler pour y parvenir, et les efforts devront être constants. De plus, il est impossible de prévoir ce qu'il se passera d'ici 10 ans, car la vie privée et la vie professionnelle seront bien plus présentes. Mais si des opportunités niveau sportif se présentent, je les saisirai sans hésitation.



Que fais-tu pour y parvenir ?


Je travaille surtout la condition physique, car c'est le point qui fait le plus défaut chez les arbitres féminines. Il y a également l'aspect théorique, qui doit être entretenu régulièrement, afin de bien connaître les Lois du Jeu et de ne pas en oublier certaines.


Quelles sont tes relations avec la CDA iséroise?


Très bonnes. Nous avons un président très présent (ndlr : André SERVE) et qui prend régulièrement des nouvelles. J'ai notamment apprécié le fait qu'il m'appelle pour me féliciter lors de ma réussite à l'examen théorique Ligue.

 

"Mes proches étaient très fiers de moi".


 Ton meilleur souvenir?


Mon meilleur souvenir a été ma finale de Coupe de Bretagne Féminine en 2014 (FC Lorient – EA Guingamp) à Fouesnant. J'étais assistante, mais la rencontre était télévisée ; mes proches étaient très fiers de moi.

Il y a également, mon premier match de D2, lors duquel j'ai côtoyé pour la première fois le milieu fédéral et son environnement. Le stress était bien présent face à l'enjeu d'une telle rencontre, d'autant plus pour une arbitre de District.

Ton pire?


Un match de jeunes en U19, un samedi matin : le match en soi s'est très bien passé, mais les remarques des jeunes supporters (sortis la veille) étaient extrêmement dures, ce n'était pas évident d'en faire abstraction. Mais pour la famille qui m'accompagnait, certaines remarques étaient violentes et dures à encaisser.

Quels sont tes modèles dans l'arbitrage?


Parmi les féminines, c'est Elodie Coppola (arbitre D1 et Internationale), pour son investissement et l'exemple qu'elle offre aux arbitres féminines bretonnes.

Tu nous as parlé d'un groupe d'entraînement spécifique arbitres en Isère (« La TEAM ») dont tu fais partie…peux-tu nous en dire plus sur ce groupe (séances, organisation, bénéfices, ambiance…) ? 

Les séances d'entraînements se déroulent tous les mardis soir à 19h30 à Tullins. Le groupe est vraiment soudé et il règne une ambiance chaleureuse, accueillante et bon enfant.

L'avantage de "La TEAM", c'est le suivi hebdomadaire du préparateur physique Stéphane Abela. Cela permet d'avoir des séances d'entraînements personnalisées et sur mesure, afin de travailler ses points faibles.

Il faut aussi signaler qu'en tant qu'arbitre de District, c'est très enrichissant de pouvoir côtoyer, lors de ces séances, des arbitres de niveau Fédéral 2 tels qu'Hakim Ben El Hadj ou encore Aurélien Petit. Ils sont très accessibles et partagent volontiers leurs expériences.

Quels bénéfices tires-tu personnellement (dans ton arbitrage…) de ce groupe d'entraînement ?

J'ai intégré "La TEAM" cette saison, et je commence à ressentir les bienfaits sur la durée des matchs : mes accélérations dans les 10 dernières minutes sont plus efficaces et j'ai plus de facilités à les reproduire. L'explosivité constituant mon axe de travail prioritaire, ceci est pris en compte dans mes programmes d'entraînement, et je commence à observer les résultats.

Quel regard portes-tu sur l'arbitrage féminin en France (image, difficultés, avantages...)?


L'arbitrage féminin est très peu développé, et la communication est encore faible à ce sujet malgré les progrès au niveau du foot féminin.

"L'arbitrage est une formidable école de la vie."


Un conseil pour les plus jeunes, et les filles qui seraient tentées par l'arbitrage?


Pour les jeunes, l'arbitrage est une formidable école de la vie, et je le recommande à tous. Cela permet de renforcer la confiance en soi, de s'affirmer et il y a de nombreuses opportunités.

Pour les féminines, le niveau national est rapidement accessible avec de l'investissement et de la motivation.

Cependant, la passion est l'élément moteur : sans elle, cette fonction peut paraître lourde et contraignante.



Un message ou une information particulière que tu aimerais faire passer ?

Dans le pôle Formation Ligue, la saison dernière j'ai rencontré et découvert de vrais amis, qui sont maintenant un soutien au quotidien. Au fil des séances, le groupe s'est soudé et les relations se sont renforcées, et la rivalité n'a pas eu sa place face à l'entraide. Il y avait une saine concurrence, qui se poursuit encore aujourd'hui.

En Isère il y a un avantage par rapport à de nombreux Districts : nous avons un CTDA accompagné par des formateurs bénévoles impliqués. Ils donnent tous de leur temps pour les formations et stages, et c'est une vraie chance. Je les remercie vivement, car sans eux je ne serais pas là.

De plus, je tiens à remercier mon entraîneur dans le Morbihan, qui m'a suivie à mes débuts sur tous mes matchs, et qui prend des nouvelles régulièrement. Il y a aussi M. Monnier, ancien arbitre, qui a donné de son temps et m'a prodigué de nombreux conseils, ce qui m'a permis de m'améliorer et d'évoluer.

Pour finir, bien évidemment, ma famille qui m'encourage au quotidien et qui regrette de ne pas pouvoir me suivre lors de mes matchs de D2. Mais ils gardent l'espoir que je devienne un  jour D1 afin d'officier de temps en temps en Bretagne.



Merci Camille, et bonne continuation à toi..."

Pour devenir arbitre, ou pour tout renseignement concernant l'arbitrage (féminin ou masculin), contactez le CTDA, Nicolas BROTONS : nicolas.brotons@isere.fff.fr

Source : DISTRICT DE L'ISÈRE DE FOOTBALL
avec l'aimable autorisation du CTDA Nicolas BROTONS et les photos de Fabrice FOURES 😀