mercredi, mars 29, 2017

FRANCE / ESPAGNE : Une expérimentation réussie... une compréhension pas toujours au rendez-vous !! [VIDÉO]

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , ,


Publié le 29/03/2017 - L'arbitrage vidéo a été la vedette de ce match amical FRANCE / ESPAGNE d'hier au soir, et il va de soi que même si une certaine "justice" sportive en ressort gagnante, des améliorations sont encore à apporter au temps de prise de décision, à la manière de communiquer, ainsi qu'aux motifs de recours à l'arbitrage vidéo.
Certains joueurs ont dit, lors des interviews d'après-match, que le temps d'attente était trop long, et on même cité des temps de 2 à 4 minutes entre le but et la décision finale...

Pure et fausse impression, puisque la décision du refus de but français a été prise en 54 secondes exactement... ce qui est, à mon avis, encore trop long pour obtenir la fluidité du jeu tant voulu par la FIFA et l'IFAB.

Au vu du scénario de la rencontre d'hier au soir, et pour généraliser sur les rencontres à venir, des questions se posent : Va-t-on avoir systématiquement recours à l'arbitrage vidéo pour valider un but quel qu'il soit ? L'arbitre et ses assistants vont-ils devoir s'en remettre à un arbitrage par l'image à postériori pour valider ou invalider une décision humaine prise en situation réelle et à vitesse normale ? Leur niveau de confiance vis à vis des acteurs et du public ne risquent-il pas d'être entacher par des décisions invalidées par la vidéo ? Ces situations ne risquent-elles pas de détricoter peu à peu l'esprit d'équipe arbitrale basé sur la confiance et l'expérience ? ...

Un grand chantier attend donc la FIFA pour la COUPE DU MONDE 2018, et même avant pour les compétitions qui seront choisies pour expérimenter le système vidéo. Ce sera celui de faire entrer le football dans l'ère de l'arbitrage vidéo, sans dénaturer l'arbitrage en lui-même, ni prendre les arbitres en otage de décisions à postériori. Ce chantier est déjà en cours, l'expérience conduite lors de FRANCE/ESPAGNE est une étape dans cette voie. Au delà des questionnements habituels, POUR ou CONTRE la vidéo, il convient désormais, puisqu'un retour en arrière semble impossible, de faire que l'arbitrage-vidéo serve au mieux les intérêts du football sans en corrompre l'esprit et les valeurs.

- Travailler sur les thèmes et les motifs de recours à la vidéo,


- Créer une communication gestuelle pour l'arbitre lorsqu'il décide de faire appel à l'aide de la vidéo. De nombreuses personnes présentes dans le stade hier, se sont plaint de ne rien comprendre et de ne pas savoir ce qui se passait. Pourquoi ne pas créer une nouvelle signalisation pour l'arbitre, à l'image du rugby. Celle-ci a au moins le mérite d'informer l'ensemble des acteurs et des spectateurs que l'arbitrage est dans une phase "VIDÉO", et qu'un délai de réflexion est nécessaire,




- Réduire le temps de prise de décision.... Même si c'est relativement court, 54 secondes c'est encore trop long. La décision doit être presque immédiate afin de ne pas perdre de temps en conjecture et discussions stériles. Pas plus de 30 secondes me paraissent un juste milieu... même si l'analyse des images peut être ardue et soumise à un véritable questionnement,

- Enfin, les arbitres doivent apprendre à "digérer" au mieux, les effets qu'auraient sur eux, une décision vidéo contraire à leur décision initiale. C'est tout un art de faire passer la "pilule" à des hommes qui jugent en leur âme et conscience, et qui se voient déjugé par des images disséquées et analysées. Cet aspect humain est à prendre au sérieux, elle peut être source d'une perte momentanée de confiance en soi et de découragement mental.

Voilà pour moi les pistes de travail qui peuvent nous mener à mieux accepter l'arbitrage vidéo... c'est un nouvel élément du football de haut niveau... ce n'est plus une question de savoir s'il on est POUR ou CONTRE, mais de savoir comment l'utiliser au mieux pour servir notre sport.


Eric WIROTIUS - ARBITREZ-VOUS