dimanche, octobre 06, 2019

FFF - Mikaël LESAGE (Arbitre F1) : « J’ai la chance de vivre de ma passion »

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , , , , ,


Publié le 06/10/2019 - Dans une interview accordée au journal "LE PAYS D'AUGE", Mikaël LESAGE (CTRA de la Ligue de Normandie), qui dirigera ce dimanche la rencontre de LIGUE 1 entre LILLE et NÎMES. revient sur sa passion pour l'arbitrage et évoque les grands sujets du moment comme la VAR ou les fautes de main.




Mikaël Lesage, vous étiez à Lisieux fin septembre pour encadrer un stage de jeunes arbitres. Pourquoi ?

J’ai enchaîné Lyon-Paris et Nice-Monaco. Cela m’a permis d’avoir quelques jours et de pouvoir participer à l’encadrement de ce stage pour les jeunes arbitres.

En quoi consiste ce genre de stage ?

Nous avons deux groupes. Un premier avec onze débutantes et un second composé de sept espoirs qui sont déjà des arbitres et qui peuvent prétendre à devenir des arbitres pouvant postuler à un sifflet au niveau fédéral de la D2 féminines aux 17 ou aux 19 nationaux.

Que travaillez-vous avec les stagiaires ?

Dans le concret, on a fait du terrain car il faut être prêt athlétiquement. On a fait des ateliers physiques et techniques. On travaille aussi à base d’images notamment de la dernière Coupe du monde féminines. Il faut apprendre à adapter ses déplacements à la situation. Il faut être proche du jeu. On travaille aussi sur le comportement à avoir vis à vis des bancs de touche, mais aussi sur les modifications des lois du jeu.

Qu’est-ce qui est le plus difficile avec les jeunes arbitres ?

Le plus dur, c’est de fidéliser les arbitres. En Normandie, nous avons l’ETRAF, l’équipe technique régionale de l’arbitrage féminin, qui fait qu’il y a une sorte de parrainage pour accompagner les arbitres qui débutent. Il y a un débriefing de fait après, mais aussi avant. On essaie aussi de régler les problèmes techniques. Il faut protéger et rassurer les jeunes arbitres.

Manquez-vous d’arbitres en Normandie ?

Nous sommes à -14 % par rapport à l’an dernier, mais nous espérons récupérer les arbitres manquants au cours de la saison et réduire la baisse à 5 %, mais c’est un combat sans cesse.

« Les mains, c’est tout le problème de l’arbitrage »


Le « gros dossier » polémique du moment tourne autour des mains sifflées ou non ? Quelle est votre position sur le sujet ?

Les mains, c’est tout le problème de l’arbitrage. Il y aura toujours une interprétation. C’est comment ramener une situation aux lois du jeu.

Quel a été votre parcours pour devenir arbitre au plus haut niveau ?

Je suis originaire de Falaise. J’étais joueur et arbitre jusqu’à 22 ans. Je m’occupais aussi des jeunes. En arbitre, j’ai fait toutes les divisions de la 1ere division à la DH. Je suis monté tous les ans et après trois ou quatre ans de DH, je suis monté en CFA2 (désormais Nationale 3) en 2005-2006 jusqu’à la ligue 2 ensuite. Je suis monté en Ligue 1 en 2011-2012. J’ai eu la chance de connaître la professionnalisation. J’ai fait partie des neuf retenus en 2016 pour un contrat de deux ans.

Quel est le salaire d’un arbitre ?

Nous avons un fixe brut de 3.000 euros. Ensuite, c’est 2500 euros environ du match en Ligue 1 et moitié moins en ligue 2.

Est-ce un plus d’avoir joué pour arbitrer ?

D’avoir joué, c’est un gros avantage, de m’être occupé de jeunes joueurs aussi. Maintenant, lorsque j’ai commencé, jamais, je me suis dit que je pourrais un jour faire partie des 20 arbitres de Ligue 1 et de la trentaine de professionnels car il y a 25.000 arbitres en France.

Pouvez-vous encore progresser et arbitrer en Ligue des Champions ?

(Sourire) Je suis trop vieux (NDRL : 44 ans) pour arbitrer en ligue des Champions mais nous n’avons plus de limite en terme d’âge (45 ans). Maintenant, il faut avoir la même envie de s’entraîner tous les jours. Il faut aussi avoir envie de partir plusieurs jours sans oublier les stages d’une semaine à Clairefontaine. Il reste que j’ai la chance de pouvoir travailler à la ligue et vivre de ma passion. Je sais aussi que ce qui me donnera à manger, c’est le football amateur et c’est pour cela que je m’investis aussi au maximum auprès de la Ligue de Normandie.

Est-ce plus simple d’arbitrer en R3 ou en Ligue 1 ?

Quand on est en R3, il n’y a jamais la réponse à nos interrogations d’où l’intérêt d’être toujours bien placé car on a tous été malheureux après un match parce que l’on s’est rendu compte que l’on n’avait pas pris la bonne décision. On a besoin d’arbitres dans toutes les divisions. On peut aussi s’épanouir à arbitrer en district.


« La VAR, c’est le foot qui est gagnant »


Et la VAR, que pensez-vous de l’aide vidéo pour les arbitres ?

La VAR, c’est un plus. Je le répète, on a tous vécu des situations où on est le dernier à se rendre compte que l’on a fait une erreur et à voir les images. On est les premiers malheureux de se tromper. La VAR vient à notre secours. La VAR, c’est le foot qui est gagnant. Ce n’est pas encore ancré dans les mentalités, mais c’est le football qui évolue.

Où sont situés les arbitres en charge de la vidéo et quelle est leur qualification ?

Nous sommes installés dans un centre à Paris avec sept postes de visionnage. On est relié en permanence avec l’arbitre qui est sur le terrain. On n’est pas sur place. On a un super outil. Il y a un arbitre vidéo qui est un arbitre qui officie sur le terrain en Ligue 1. Avec lui, il y a un assistant VAR. L’arbitre peut ainsi intervenir s’il constate une erreur manifeste. L’assistant VAR continue à suivre l’action en cours. L’arbitre peut aussi demander le détail d’une situation. Il y a également deux techniciens vidéos pour compléter l’équipe.

Enfin, avez-vous programmé la fin de votre carrière d’arbitre ?

Pour l’instant, je vis de ma passion, j’ai de la chance. J’ai la chance d’être en bonne santé. Je m’entretiens tous les jours. J’ai aussi une hygiène de vie sous haute surveillance pour pouvoir rester au plus haut niveau le plus longtemps possible.

Source : LE PAYS D'AUGE