samedi, juin 28, 2014

DROIT DE REPONSE : "Si les Ivoiriens étaient blancs, l’arbitre n’aurait pas sifflé penalty"....

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , ,


A la lecture de l'article qui suit, nous restons dubitatif sur le sens du message que veut délivrer Jean-Luc MOUTON, auteur de cet article. Soit il sous-entend que les arbitres sont racistes, soit qu'il a un complot 'anti-noirs" au sein de la FIFA, soit que l'équipe de COTE D'IVOIRE est composée de vedettes aux talents contestables... Nous avouons notre perplexité à expliquer ou justifier une erreur humaine par un tel article nauséabond.

"Si les Ivoiriens étaient blancs, l’arbitre n’aurait pas sifflé penalty"

Dans la nuit sombre et grise d’Abidjan en cette saison des pluies un petit garçon pleurait… C’était ce dernier mardi. L’équipe des Éléphants venait d’être éliminée dès le premier tout du Mondial par la Grèce.

Les Ivoiriens semblent alors partagés entre indignation, colère et incompréhension… Mais c’est le silence qui s’est imposé peu à peu. L’événement a tout d’un coup glacé toute la ville. Plus un bruit ou presque, peu ou pas de voitures en circulation. Comme si cette contre-performance avait endeuillé la ville. Les maquis pleins à craquer s’étaient vidées d’un seul coup.

Devant ce restaurant où nous comptions entrer, une seule pauvre voiture. J’interroge le gardien présent pour savoir si le lieu était fermé. «  Non, vous pouvez entrer, mais ils sont tous partis » souffle-t-il en désignant du doigt les restes à terre d’un drapeau ivoirien déchiré...

Tout avait pourtant si bien commencé. Certes, les Grecs ont marqué les premiers, mais Gervinho, d’une belle frappe a remis les Ivoiriens dans le sens de la marche. Un but dont l’émotion fut extraordinaire. Comme si un décalage se produisait entre le son et l’image. Au moment où le ballon trompe le gardien et pénètre dans le but, il se produit comme une sorte de sidération. Tout s’arrête et se bloque… avant qu’un déchaînement de hurlements strie l’horizon. Les enfants traversent en courant et hurlant les maisons qui communiquent souvent, entrent et sortent pendant plusieurs minutes, les gens dansent, s’agitent, dansent, «  y a but »!





Un drame national

On connait la suite. Dans les arrêts de jeu, au-delà des 90 minutes, un penalty est sifflé contre la Côte d’Ivoire. Les Grecs marquent, les Éléphants sont éliminés.
Comme en Amérique latine ou dans de nombreuses nations du monde, l’élimination au premier tour  est considérée ici comme un drame national. Le Conseil des ministres lui-même a fortement déploré l’échec de sa sélection. Les journaux ont titré le lendemain : "Eléphants de Côte d'Ivoire : Oh honte !" (L’Expression) "Ils étaient attendus par un peuple debout comme un seul, avec à sa tête son président, mais comme d'habitude, ils ont encore déçu", écrit le journal qui appelle à "virer cette génération maudite qui a tout pour gagner et qui refuse de faire plaisir à son peuple".

Mais les journaux évoquent d’un seul cri aussi "la malédiction" de ce penalty concédé dans le temps additionnel qui a permis à la Grèce de vaincre 2 à 1.





Si pour L'Intelligent d'Abidjan, "Dieu n'était pas ivoirien", d’autres comme Le Nouveau Courrier ne décolèrent pas sur ce penalty de dernière minute et accusent l'arbitre. "Les Eléphants ont été victimes d'un arbitrage scandaleux. Alors qu'ils tenaient le match nul face aux Grecs, les Éléphants ont été freinés dans les derniers instants du match par un penalty imaginaire accordé par l'arbitre", s'insurgent-ils. Les images au ralenti montrent en tous cas que le défenseur grec chute parce qu’il se prend le pied dans une motte de gazon. "Une grosse erreur d'arbitrage, qui si elle n'est pas volontaire, intervient au plus mauvais moment, à la 90e minute", déplore le journal.

Une "malédiction noire" ?

Un avis modéré que ne partage pas ce soir-là, Paul-Édouard, le petit garçon de 8 ans qui pleurait à l’issue du match. Il oppose aux multiples paroles d’apaisement et de consolation de ses proches un air mutique et douloureusement renfrogné. Et lâche alors cette terrible sentence «  Si les Ivoiriens étaient blancs, l’arbitre n’aurait pas sifflé penalty » Nos récriminations n’y feront rien, les Noirs sont toujours les victimes.

Voilà un magnifique petit garçon, coiffé à la manière des Pogba et autres footeux, les tempes bien rasés, parfaitement intégré à la modernité, éduqué par des parents ouverts et métis qui n’ont jamais cultivé le moindre complexe africain… renvoyé à une sorte de malédiction noire. Triste et bouleversant à la fois.

Si un tel petit porte en lui cette blessure, alors que rien ne le prédispose à une telle lecture des faits, qu’en sera-t-il de tous les autres qui ressentent au plus profond d’eux-mêmes le déclassement qui est le leur du fait de la pauvreté ? Et qu’en sera-t-il de lui et de ses égaux à l’âge adulte confrontés au sous-développement persistant de l’Afrique ? Pas de réponse évidente. Juste une interrogation et ce constat des méfaits d’une prétendue supériorité de l’homme blanc qu’il convient alors de rejeter et de combattre de toutes ses forces. Ici et là-bas.



Source : www.reforme.net