jeudi, septembre 25, 2014

Emilie MOUGEOT : Une arbitre bien dans sa peau...

Emilie Mougeot : « La difficulté pour les arbitres, concilier vie professionnelle et préparation »

La reprise de la D1 a sonné il y a quelques semaines pour les joueuses comme pour les arbitres. Emilie Mougeot officie dans le championnat féminin n°1, de même qu’en DH masculine dans la ligue de Franche-Comté et au plus haut niveau, en tant qu’assistante internationale FIFA. Préparation physique, nouveautés techniques... Elle revient avec nous sur sa rentrée sportive.



Vous êtes arbitre fédérale féminine depuis juillet 2010 et avez arbitré deux rencontres de D1 depuis la reprise (N.D.L.R. Saint-Etienne–Rodez et Issy–Soyaux). En quoi votre préparation d’avant-saison a-t-elle consisté ?

« La fin du championnat était fin mai, début juin. J’ai un préparateur physique qui m’a imposé deux semaines d’arrêt, seulement deux parce que j’avais des tests physiques à passer fin août, donc je n’ai pas pu m’arrêter beaucoup. Ensuite, la reprise s'est faite en deux étapes. La première, une partie aérobie, avec du renforcement musculaire, du gainage, etc. La deuxième partie était basée sur du fartleck. Dans chaque séance, il y avait toute une partie vivacité, techniques de pied, vitesse, ... »

Ce sont des aspects que chaque arbitre travaille ou est-ce un programme personnalisé ?

« C’est personnalisé, suivant notre VMA, nos objectifs, suivant notre forme du moment, les blessures ... Il y a plein de paramètres à prendre en compte. C’est pour cela que lorsqu’on prend un préparateur physique, il faut faire un retour sur chaque séance pour pouvoir réadapter la suivante. »

Toutes les arbitres en D1 ont-elles un préparateur physique comme vous ?

« Malheureusement non, parce que ça a un coût et demande beaucoup d’investissement. Nous avons des conseils de Jean-Michel Prat, qui est le référent physique de la DTA, concernant le contenu de nos séances, mais je suis suivie également par une autre personne. D’ailleurs, j’en profite pour la remercier. »



Avez-vous participé à des stages de préparation ou des rassemblements d’arbitres en vue de cette nouvelle saison ?

« Tout à fait. Nous y sommes allées fin août pour un stage de rentrée. Normalement, il y a un stage hivernal, qui se déroule au mois de janvier à Clairefontaine ; mais cette année, suivant le calendrier, ce n’est pas possible. Donc cette année, ce sera fin novembre. »



Qu’est-ce qui est travaillé durant ces stages ?

« Il y a tout l’aspect technique : les vidéos, les consignes FFF et internationales. Il y a aussi tout un aspect physique, avec du travail de vitesse, de vivacité et de PMA. Je suppose que nous allons travailler ces deux aspects-là. Ces stages sont importants sportivement et humainement, nous sommes très heureuses de nous retrouver. Nous avons la chance d’avoir une section féminine à l’écoute de nos besoins et qui nous donne des outils pour nous aider à mieux aborder certaines situations que l’on pourrait rencontrer. Cette année, nous avons reçu, par le biais d’un organisme extérieur, une préparation basée sur le mental et la personnalité. »


En quoi votre préparation physique se différencie-t-elle réellement de celle des joueuses ?

« Pour parler de mon cas, parce que je ne sais pas du tout ce que font mes collègues, je ne pense pas que ma préparation physique diffère beaucoup de celle des joueuses. Je n’ai pas de ballon, mais en termes d’intensité, le contenu reste à peu près le même. Mais le problème qui se pose à nous, arbitres de D1, c’est que nous ne sommes pas du tout professionnelles. On a toutes un travail à côté. Il faut toujours jongler entre les entraînements et le travail, et ce n’est pas évident, comme pour certains clubs. J’ai la chance de travailler comme coordinatrice pédagogique dans une école d’ingénieurs – donc dans l’enseignement supérieur – où ils sont très réceptifs par rapport à mon activité sportive. J’ai beaucoup de chance parce que je peux adapter mes horaires de travail, et je peux également partir à l’étranger plus facilement que lorsqu’on travaille dans le privé. »




 La préparation mise de côté, pour cette nouvelle saison, quelles sont,  de manière générale, les nouveautés en matière d’arbitrage ?

« Il n’y a pas trop de différences ... A partir de 2014, en ce qui concerne les tests physiques des arbitres de D1, que l’on repasse tous les mois de mai, nous avons un test de vitesse. Sur les prochaines rencontres, nous allons aussi avoir le spray pour les distances sur les coups-francs aux abords de la surface. Pour l’instant, nous ne les avons pas tous reçus, mais d’ici quelques jours, je pense que cela sera mis en place. »


Pour vous, est-ce une bonne chose ?

« Ça peut être bien, dans la mesure où une fois que le ballon est posé, on ne voit pas toujours ce qu’il se passe derrière nous. Là, avec la démarcation, il n’y aura plus de souci. Les joueuses qui sont à distance auront peut-être moins tendance à s’avancer qu’elles ne le font actuellement sans spray. La distance du mur sera sans doute mieux respectée. »



Et qu’en est-il de l’informatisation de l’arbitrage, avec les feuilles de match informatisées ?

« En fait, nous n’avons pas trop été formées à ça, donc ça prend pas mal de temps. On n’est encore pas très au point. Pour moi, hier (N.D.L.R, lors de la rencontre Issy–Soyaux), ça a pris énormément de temps, car il y a beaucoup d’informations à saisir. On est toutes dans une position de découverte, ce n’est pas évident. Mais on va s’y faire ! »




La question de l’arbitrage vidéo, qui est régulièrement soulevée chez les hommes, est-elle aussi présente en D1 ?


« Non, pas du tout, parce que même chez les hommes, cela ne s’est pas mis en place (caméra sur la ligne de but). Cela coûterait très cher et je ne pense pas que le budget de D1 puisse couvrir ce genre de chose. »


Sur quels aspects l’arbitrage en D1 devrait-il évoluer selon vous ?

« Il se trouve que depuis cinq ans maintenant, le football féminin a bien évolué. Le niveau des joueuses a également nettement évolué ; donc nous, en tant qu’arbitres, nous devons être à ce même niveau, par respect pour tous. Les joueuses, dont certaines sont aujourd'hui sous contrats fédéraux, sont de mieux en mieux préparées physiquement. La difficulté pour les arbitres, et que beaucoup de joueuses doivent aussi rencontrer, c’est de pouvoir concilier vie professionnelle et préparation pour être prête à suivre le rythme d'un match de D1. »


Est-ce que ce sont des demandes que vous avez l’occasion de formuler ?

« C’est très compliqué, parce que le foot féminin n’est pas aussi médiatisé que le foot masculin. Il l’est beaucoup plus qu’avant, c’est une certitude, mais pas encore comme chez les hommes, il reste donc plus dans l’amateurisme. C’est dommage car le foot féminin n’est pas encore reconnu à la hauteur de ses qualités, même si cette reconnaissance grandit peu à peu. Beaucoup de chemin et de travail ont déjà été accomplis depuis plusieurs années. »

Source : FOOT D'ELLES
Crédits photos: www.afaf-franche-comte.blogspot.fr , elodie.coppola.free.fr