Chaque semaine, Bruno Derrien revient sur des faits d'arbitrage marquants à l'occasion des journées de championnat. L’ancien arbitre international évoque ce lundi plusieurs situation de la 6e levée de Ligue 1, et notamment le coup de coude de Florent Malouda ou les fautes des Parisiens Lucas Digne et Serge Aurier contre Lyon.
Lorient-Reims, hors-jeu sur le centre amenant le but rémois.
L’action ne prête pas au débat, il y a bel et bien hors-jeu. Les deux joueurs du Stade de Reims dédoublent sur la droite et celui qui arrive lancé pour centrer est bien devant la ligne défensive adverse, juste aux pieds de l’arbitre de touche. Mais paradoxalement, ce sont les situations les plus difficiles à juger… Plus l’action est proche, moins il y a de recul pour l’analyser. Bien sûr, le public peut ne pas comprendre au regard des images, mais il faut se montrer compréhensif avec les arbitres sur ce type d’actions, et ce sont souvent sur celles-ci qu’il y a le plus d’erreurs.
Metz-Bastia, le coup de coude de Malouda sur Cahuzac.
Le coup de coude est un geste qui s’est propagé sur les terrains depuis quelques années, comme la semelle qui vient prendre appui sur la cheville, le tibia ou le pied de l’adversaire. Ce sont des fautes qu’on ne voyait pas auparavant… Concernant le coup de coude, pour que le carton rouge soit de rigueur, il faut qu’il y ait un véritable mouvement volontaire du fautif. L’exemple le plus récent reste celui de Zlatan Ibrahimovic contre David Alaba lors du dernier match entre la Suède et l’Autriche. Après, il y a débat sur le fait qu’un joueur a besoin de ses bras pour s’équilibrer lorsqu’il saute. Néanmoins, a-t-on vraiment besoin de les avoir complètements écartés, je ne suis pas certain… Mais la volonté de nuire ou pas à l’adversaire direct, qui conditionne la sanction éventuelle, est difficile à déceler pour l’arbitre, qui ne voit la plupart du temps que deux têtes et des bras sur un duel aérien. C’est plus simple lorsque les coups de coude sont commis en duels au sol.
TFC-Caen, une histoire de penalties
Il y a deux éléments à analyser sur cette partie, mais je souhaite surtout m’attarder sur l’un d’entre eux. Passons sur le duel entre Ben Yedder et Pierre que le corps arbitral ne sanctionne pas. En fin de match, le deuxième penalty accordé au TFC n’y est pas, contrairement au premier, où la sortie du gardien de but normand est inconsidérée. Mais sur l’action entre Ninkov et Appiah… Il y a une petite faute du Caennais à l’extérieur de la surface de réparation, mais ensuite le Toulousain en rajoute énormément. Il n’y a rien, Monsieur Bastien est bien placé mais il se fait simplement abuser par la victime, qui en rajoute.
PSG-OL, les interventions de Digne et Aurier
Concernant le tacle de Lucas Digne sur Nabil Fekir, je suis d’accord avec Monsieur Buquet. C’est plus spectaculaire que méchant, les pieds de Digne restent au sol et Fekir se relève rapidement. Il y a de l’engagement, mais le carton jaune me semble adapté, ça ne mérite pas un rouge à mon sens. En revanche, concernant la faute de Serge Aurier sur Alexandre Lacazette, il y a débat… De mon point de vue, c’est difficile de se montrer catégorique dans un sens comme dans l’autre. Il y a bien faute, mais le Parisien annihile-t-il une action de but ? N’avait-il pas poussé son ballon trop loin pour pouvoir le récupérer ensuite ? Sa course était-elle bien lancée vers l’axe du terrain et le but adverse ? Tout cela relève de l’appréciation de l’arbitre… On nous parle du dernier défenseur, ça n’a aucun sens, dans les règlements cette notion n’existe pas. C’est la loi 12 qui fait référence à ce type d’action, et notamment la circulaire 12.06 de juillet 2011 : "Si dans l'opinion de l'arbitre, un joueur qui se déplace en direction du but adverse en ayant une occasion réelle de marquer est entravé intentionnellement et physiquement par des moyens illégaux c'est-à-dire au moyen d'une faute devant être sanctionnée d'un coup franc ou d'un coup de pied de réparation, ce qui prive l'équipe du joueur attaquant de la chance de marquer, le joueur coupable sera exclu du terrain (carton rouge) pour anéantissement d'une occasion de but manifeste". Dimanche, Monsieur Buquet n’avait donc pas cette idée de dernier défenseur en tête, et a sanctionné Serge Aurier d’un carton jaune car il a estimé qu’Alexandre Lacazette n’avait pas ensuite une occasion réelle de marquer.
Source : SPORT.FR