mercredi, octobre 22, 2014

D. PAUCHARD : un Observateur de la DTA au service des Jeunes Arbitres...

Ancien arbitre international de football, Didier Pauchard coule aujourd'hui une retraite paisible dans le pays de Brest. Il peut se consacrer entièrement à sa passion pour le sifflet et les lois d'un jeu qu'il adore et qu'il transmet avec entrain aux jeunes. Il leur fabrique le trousseau de clés pour endosser ce rôle nécessaire à tout match organisé. Ce serait idéal, si le contexte alentour n'était pas à la crise des vocations....Illustration à Brest.

M. Pauchard, comment vient-on à l'arbitrage ?
Pour mon cas, comme pour beaucoup d'autres, c'est au hasard d'une rencontre. J'étais joueur en DH (division Honneur, NDLR) dans le Var et j'ai rencontré un arbitre qui m'a tenté, en disant que l'arbitrage représentait une sensation plus forte. J'étais curieux, j'y ai goûté. J'avais 22 ans et, rapidement, j'ai compris que c'était l'un de ces challenges où l'on apprend à bien se connaître. J'ai pu vérifier que l'émotion était plus importante pour moi et la satisfaction aussi. Quand il y a un bon match à voir, à jouer, c'est que l'arbitre est bon et réciproquement. La seule bonne idée est de se dire que l'arbitre est là pour permettre le jeu, améliorer le match, pas pour le détruire.

Vous êtes comme un chef d'orchestre au milieu de solistes. Sans vous, rien n'est possible. Vous parlez d'émotions. Pouvez-vous détailler lesquelles ? 
J'ai fait de l'arbitrage pour courir au milieu des joueurs, apprendre à diriger, à dialoguer, à asseoir mon autorité. Ce sont des choses que je sais faire. Vous savez, nous aussi on joue et on partage le plaisir avec les autres. Aujourd'hui, vous formez de jeunes arbitres. Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour pouvoir commencer ? Moi, je dirais avant tout qu'il faut être un bon sportif. Après, il est important d'aimer ce que l'on fait, de progresser pour devenir un bon communicant. Surtout, je crois qu'il faut penser positif. La boîte à claques, les engueulades, ça ne marche pas et ça ne sert à rien. Nous ne sommes finalement liés que par deux obligations, celle de faire respecter les lois du jeu et celle de protéger l'intégrité physique des joueurs. Dans ce cadre large, il nous appartient de prendre, à chaque fois, des décisions lisibles et compréhensibles par tous ; ne jamais perdre de vue que, nous aussi, nous sommes des footeux.

Comment se porte cette formation de jeunes arbitres ?
Il faut savoir que tous les clubs de foot doivent former des arbitres en respectant un quota établi par la Ligue. Il existe 40 clubs en infraction dans le nord du département, à commencer par le Stade brestois qui ne dispose que de cinq arbitres sur les dix requis. De la même façon, Plabennec, Morlaix, Saint-Thégonnec, Guipavas ou Le Relecq ne rentrent pas dans les clous. C'est devenu très problématique et, pour tout dire, c'est en train de devenir handicapant. Alors, nous prenons notre bâton de pèlerin et nous essayons de trouver des jeunes motivés.



Qu'est-ce qui pose problème ?
Je crois que la multiplication des violences verbales, le dimanche, est dramatique. Il faut revenir à des valeurs d'éducation et de respect de l'autre. C'est une vraie mission lorsque l'on voit certains joueurs arriver sur le terrain en ne se respectant déjà pas eux-mêmes. Le chantier est immense. Mais il me faut rappeler, sans doute, que, sans arbitre, il n'y a plus de football ou, en tout état de cause, plus de compétition.

Quel est votre rôle dans cette reconquête ?
Oh ! Moi, j'ai pris ma retraite lorsque j'ai pu. Je voulais un poste en conseiller régional pour l'arbitrage mais je ne l'ai pas eu, alors je milite pour l'arbitrage de façon bénévole. Deux fois par semaine, j'entraîne une dizaine de jeunes à La Cavale-Blanche. On débriefe du match du week-end, je leur donne des pistes, je les mets en situation pour qu'ils trouvent les bonnes solutions. Arbitrer, c'est anticiper. Arbitrer, c'est avoir une seconde d'avance sur ce qui va se passer. C'est ce qui est, sans doute, le plus compliqué.

En complément Les aventures internationales de l'homme en noir Quand Didier Pauchard évoque le hors-jeu, il s'en réfère à Michel Le Millinaire, son premier maître, son prof de gym, son référent lavallois, qui lui a appris ce subtil art « sur le terrain » et non devant l'écran. C'est un peu ce qui l'agace à demi-mot, l'ancien arbitre. Cette télé qui débite et défile, délire et commente sans contradiction possible. « Les spectateurs du dimanche sont parfois devenus des plaies. Ils crient, ils insultent par ignorance totale des lois du jeu, parce qu'ils l'ont entendu, ailleurs, mais que c'est absolument faux », se désespère l'ex-homme en noir. Il ne souhaite pas s'étendre sur ces décisions qui ont parfois fait le tour du globe et où, « franchement, (il) ne (voit) pas ce que l'arbitre pouvait faire d'autre ». Ou plutôt si. « Quand je vois la dernière Coupe du monde et la multiplication des ralentis à la suite d'une action litigieuse dans la surface, je suis sidéré que le seul qui n'ait pas le droit à cette orgie de vidéo soit le principal responsable du jeu, l'arbitre. Le monde entier sait et pas lui ! », sourirait presque cet ardent défenseur de l'arbitrage assisté par la vidéo.

Source : LE TELEGRAMME