mercredi, octobre 29, 2014

JNA 2014 - Interview de Stéphanie FRAPPART, Arbitre Internationale Féminine

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,


"Femme arbitre en Ligue 2, elle leur coupe le sifflet"

PORTRAIT - A l’occasion des Journées de l’arbitrage (28 oct-6 nov), Stéphanie Frappart, première femme arbitre de Ligue 2, raconte ses (bons) débuts.

"J'ai montré que je ne suis pas un alibi pour la cause des femmes mais que je suis là pour mes compétences…" Première femme à officier comme arbitre central en Ligue 2, Stéphanie Frappart a déjà réussi l'essentiel en ce début de saison : après six matches, fini les fleurs et les honneurs, elle n'est plus vue comme un objet de curiosité. Lors de son dernier match (Dijon-Clermont, 10e journée) un joueur lui a même demandé : "Je dois vous appeler monsieur ou madame l'arbitre?" Elle ne s'est pas démontée : "Vous trouvez que j'ai plutôt l'air de quoi?"

Menue, tonique, timide mais souriante, Stéphanie Frappart est depuis cinq ans salariée de la FSGT, fédération organisatrice de sport-loisir, à Pantin (Seine-Saint-Denis). La seule chose qui la distingue de ses collègues, "ce sont les séances de courses entre midi et 14 heures, quatre à cinq fois par semaine". Les arbitres de niveau professionnel passent deux tests physiques par an. Ses résultats dans ce domaine n'ont rien à envier à ceux de ses collègues. Ni dans le domaine de l'arbitrage pur, d'ailleurs. Ce ne sont pas les malheurs de M. Rainville, mis au repos cette semaine après un Lens-PSG houleux, qui vont laisser croire le contraire.

Six matches de L2, 17 cartons jaunes, aucun rouge. Ni fait de jeu notable ni erreur ayant influencé un résultat. A en croire le séquençage de ses performances réalisé par la Direction technique de l'arbitrage (DTA), ou les retours oraux, le premier bilan de Stéphanie Frappart est bon. "J'ai été bien accueillie par l'ensemble des clubs et par les joueurs. Il y a eu de la contestation, mais rien de virulent. Pas d'insultes, d'intimidation ni de pression." Elle ne voit guère de différence entre la L2 et le National, où elle est restée trois saisons. "Un peu dans le rythme de jeu et dans les impacts… Mais sinon, il y a la même volonté de tromper l'arbitre", sourit-elle.
Ni flic ni charmeuse

Entre deux matches de L2, elle a officié quatre fois comme quatrième arbitre en Ligue 1 depuis le début de saison. Et sifflé trois rencontres internationales féminines : "La plus grande différence, c'est qu'il n'y a pas de vice, ni de triche dans le foot féminin." Chez les hommes, elle impose son style : ni flic, ni charmeuse, ni démago. Vouvoiement obligatoire et compétence technique en étendard. "Avant chaque rencontre, je regarde un ou deux matches de chaque équipe. Je me familiarise avec le nom des joueurs, mais aussi la tactique et les placements sur coups de pied arrêtés, pour essayer d'être toujours bien placée." Un vrai travail en amont. Elle touche une indemnité de préparation de 1.550 euros par mois, ainsi qu'une indemnité de match de 1.300 euros. Pour être quatrième arbitre en L1, c'est 550 euros par match.

L'ascension de la jeune célibataire (30 ans) fait la fierté de sa mère, qui la suit sur les terrains depuis longtemps. "À un plus petit niveau, elle était obligée de faire le tour du stade pour ne pas entendre trop de choses sur moi…" Ses bons débuts pourraient lui permettre, au contraire, de voir plus haut. Car si elle figure parmi les mieux classées des 17 arbitres du groupe Ligue 2 en fin de saison, rien ne s'oppose à ce qu'elle soit promue en Ligue 1. Elle serait la première. À cette idée, elle tempère : "Bien sûr, nous sommes tous des compétiteurs. Mais je ne veux pas brûler les étapes. Mon objectif, c'est le maintien en Ligue 2."

Source : Le JDD