mardi, octobre 07, 2014

Le match JUVENTUS / AS ROMA devient une affaire d'Etat ...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,

On ne voudrait pas être à la place de Gianluca Rocchi, l'arbitre de la rencontre de championnat, dimanche 5 octobre, entre la Juventus de Turin et l'AS Roma (3-2). D'abord parce que sa prestation lui a valu le lendemain cette manchette du quotidien la Gazzetta dello Sport: "Rocchi horror picture show"; ensuite parce que son arbitrage (trois penaltys litigieux, un but accordé avec hors jeu de position, et pluie de cartons) a relancé les accusations de favoritisme envers la Vieille Dame, trente fois championne d'Italie mais privée de ses titres de 2005 et 2006 après le scandale des matches truqués du "Calciopoli" il y a huit ans.

Entraîneur de l'AS Roma désormais à trois points de la Juve, le Français Rudy Garcia (expulsé lui aussi) a tenté l'ironie après le coup de sifflet final en expliquant qu'à Turin la surface de réparation mesurait "17 mètres"! Mais le lendemain, il ne décolérait pas: "A tête reposée, ce match fait vraiment mal au football italien !". De son côté Francesco Totti, le capitaine romain, lâchait du haut de ses vingt ans d'expérience au sein de son club: " La Juventus devrait avoir un championnat juste pour elle parce qu'elle réussit toujours à gagner. Nous finirons toujours deuxièmes". "Va jouer dans ton championnat", lui a répondu Emma Winter, l'épouse d'Andrea Agnelli, président de la Juve!


A peine élu, le nouveau président de la Fédération italienne de football, Carlo Tavecchio (photo), est intervenu lundi matin pour appeler tout le monde à baisser le ton, tout en demandant à la Fifa d'accélérer la procédure pour que les arbitres puissent bénéficier d'aides techniques pour leurs décisions. Le foot italien est "disponible pour une éventuelle expérimentation", a-t-il déclaré.

Mais dans un pays où le football est une passion collective, voire une religion d'Etat, il n'est pas certain que cela suffise à calmer les esprits. A l’indignation des joueurs ce sont ajoutées lundi, celle des politiques qui n'en sont pas moins des "tifosi". Ainsi un député du Parti Démocrate (gauche) associé à un collègue postfaciste de Fratelli d'Italia, a déposé une interrogation parlementaire auprès du ministre de l'économie et des finances... "parce que de tels faits pourraient faire fuir des investisseurs étrangers". Un autre a interpellé la Consob (l'autorité de régulation de la bourse) après le dévissage de l'action de l'AS Roma. Un troisième, élu de la Ligue du Nord qui ne porte pourtant pas Bruxelles dans son cœur, demande " au nom du traité de Lisbonne" l'intervention de la Commission européenne, afin qu'elle veille à ce que les arbitres de football soient "honnêtes et moralement intègres".

Source : Philippe Ridet - LE MONDE