Philippe Malige est aujourd'hui observateur à la DTA. (L'Equipe) |
Publié le 21/12/2014 - Philippe Malige: «Expliquer, c'est primordial»
Ancien arbitre de L1, Philippe Malige officie depuis un an à la DTA, en tant qu'observateur. Il nous livre son regard sur les rapports entre joueurs et arbitres.
«Un arbitre peut-il revenir sur sa décision, sous la pression des joueurs?
Moi, j’ai eu un cas particulier. C’était lors d’un match entre l’OM et Auxerre (en décembre 2009). J’avais mis un carton rouge à Baky Koné qui, à l’époque, jouait à Marseille. Je pensais qu’il avait mis un coup de coude à Birsa, mais la réaction des joueurs a été tellement disproportionnée que ça m’a mis le doute. Comme c’était peu de temps après la main de Thierry Henry face à l’Irlande et, qu’à l’époque, les observateurs disaient que l’arbitre aurait dû lui demander s’il avait oui ou non commis une main, j’ai eu le réflexe de poser la question à Birsa, qui m’a dit: "Non, non, il ne l’a pas fait exprès." C’était un cas particulier… Réglementairement, un arbitre peut revenir sur sa décision tant que le jeu n’a pas repris, mais c’est très rare.
«On ne peut pas passer notre temps à argumenter»Comment réagit-on quand il y a un attroupement de joueurs autour de soi? Est-ce impressionnant?
Impressionnant, non. Malheureusement, on est habitué à ce genre de situation. Il faut avoir le caractère et la personnalité pour gérer le problème.
Un arbitre doit-il expliquer ses décisions aux joueurs?
Je trouve que c’est primordial. C’est ce qu’attendent les joueurs. Après, on ne peut pas non plus passer notre temps à argumenter. Mais vous vous rendez quand même compte qu’il y a plus de compréhension des joueurs avec les arbitres qui ont une propension à discuter. La décision est plus facilement acceptée.
Pourquoi tous ne le font pas?
La communication, c’est en fonction du tempérament et du caractère de l’arbitre. On conseille, à la DTA, de discuter, mais certains sont plus doués que d’autres pour le faire. C’est difficile de faire changer une personnalité, mais ça vaut aussi pour les joueurs. Il est plus facile de discuter avec certains que d’autres.
Après une décision litigieuse, un arbitre peut-il cogiter, à la manière d’un joueur qui aurait manqué une occasion?
Déjà, on ne s’aperçoit pas qu’on s’est trompé dans l’immédiat. On le sait à la fin du match à travers les images ou si notre observateur vient nous le dire. Après, oui, on peut cogiter…
Inconsciemment ou consciemment, peut-il y avoir une forme de compensation après une décision douteuse?
Inconsciemment, je ne peux pas dire que ça n’existe pas. Mais consciemment, non. J’ai pour habitude de dire que les erreurs ne s’annulent pas, elles s’additionnent. Ce n’est pas le but de l’arbitrage. Moi, la compensation, je n’aime pas ce mot et je ne l’emploie pas.»
Source : L’ÉQUIPE