lundi, janvier 12, 2015

AFCAM - GIRONDE : Cours d'arbitrage et Concours de dessin dans nos prisons.....

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , ,


Publié le 12/01/2015 - L’arbitre et le fair-play font dessiner en prison

Après un premier pas au printemps dernier avec la formation de détenus à l’arbitrage, Joël Martin leur a proposé d’imaginer une affiche autour du respect.

Deuxième essai, deuxième réussite. Et on se dit que ce n'est pas fini. Il n'y a pas de raison : Joël Martin est de ces hommes qui forcent les barrières avec la confiance tranquille et patiente en ses valeurs. Celles du respect, du partage, de l'échange, et du chemin ensemble, au-delà des différences de chacun au départ. Un de ces hommes qui savent vraiment pourquoi ils sont si tristes depuis mercredi.

Printemps 2014. Pour la première fois, l'Afcam 33 met un pied dans la prison de Gradignan. Fondée en 1997 par Joël Martin, la déclinaison girondine de l'association française du corps arbitral multisports s'est donné trois missions : la revalorisation de l'image de l'arbitre, le recrutement et la mutualisation des savoirs pour recruter de nouveaux arbitres, et enfin la promotion du fair-play, large notion qui va du respect sur le terrain aux valeurs de la troisième mi-temps en passant par la prévention de l'alcoolisme, qui n'est pas obligé dans une troisième mi-temps…

Une affiche pour cinq ans

Printemps 2014 donc : après avoir rencontré 52 détenus, l'Afcam consacre à dix-huit d'entre eux six semaines de formation en rugby et en basket (1). « Tolérance, maîtrise de soi, règles : des valeurs que ces détenus n'ont pas respectées à un moment donné mais qui peuvent être des moteurs de réinsertion », résume Joël Martin. Le dispositif est un succès édifiant, devrait être reconduit et quelques diplômés de l'an dernier sortiront dans quelques semaines et arbitreront leur premier match. Première en France, nous y reviendrons.

Quelques mois plus tard, Joël Martin l'infatigable propose à la prison de Gradignan, un autre beau débordement sur l'aile. « Tous les cinq ans, nous publions une affiche sur le fair-play que nous éditons à 5 000 exemplaires, distribués dans les clubs de toute la région », explique-t-il. « On a décidé de bâtir la campagne 2015-2020 avec les détenus. » D'où l'idée d'un concours de dessins via une intense période de dix semaines à l'hebdomadaire séance de 2 h 30.

La discipline attire logiquement moins de monde et demande une assiduité pas toujours évidente : ils sont quatre à participer à toutes les séances sous la houlette de deux intervenants recrutés pour l'occasion, graphistes sortis des Beaux-Arts : Alexis Léger (qui avait réalisé l'affiche 2010-2015) et Tom Fauchard. Nathan est mineur, Valérie représente les femmes détenues de la prison, Odylon et Jean-Bernard complètent l'effectif.

Leurs dessins ont été examinés par un jury composé des partenaires plus ou moins habituels de l'Afcam : l'association France Libertés Gironde, le centre pénitentiaire, le Crédit mutuel, la Licra 33, la mairie de Bordeaux, le comité départemental olympique et le journal Midi Olympique.


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Diffusion tous azimuts

Le dessin d'Odylon avec un Mandela avec des gants de boxe (voir ci-dessus) a remporté la majorité des suffrages, devant celui de Valérie. Dans les deux, la richesse des différences est mise en avant. Si Mandela sera donc à l'affiche pendant cinq ans, Popeye et les autres amis de Valérie seront sur une autre publication éditée à 1 000 exemplaires et envoyés plus spécifiquement aux comités de foot de la région. Un troisième dessin enfin, toujours signé Odylon, sera utilisé pour une campagne pour la sécurité routière.

« En mars, les 542 communes de Gironde seront destinataires de cette production, leurs élus aussi ainsi que les présidents des 75 comités départementaux sportifs », annonce Joël Martin. Qui pense déjà sûrement à une prochaine action de sensibilisation, de formation, de combat contre l'ignorance, le silence, ou d'autres choses qui font que ces gens-là savent pourquoi ils sont si tristes depuis mercredi.

(1) Pour arbitrer un match de football, il faut un casier judiciaire vierge

Source : SUD-OUEST