Publié le 14/01/2015 - Bien que son métier de directeur administratif et financier de la Ligue de handball des Pays de la Loire le sollicite beaucoup, Stevann Pichon, 33 ans, consacre aussi de son temps à l'arbitrage. Avec Laurent Reveret, il est l'un des deux arbitres français retenus pour le Championnat du Monde au Qatar qui débute ce jeudi.
Avant de nous présenter votre parcours au fil des années, dites-nous ce qui vous a attiré dans cette vocation qu'est l'arbitrage...
Avant de nous présenter votre parcours au fil des années, dites-nous ce qui vous a attiré dans cette vocation qu'est l'arbitrage...
Je me suis lancé dans l'arbitrage un peu par obligation, au départ. La Fédération Française de Handball (FFHB) avait mis en place le fait que les matchs de jeunes devaient impérativement être arbitrés par des jeunes. C'est donc sous la contrainte que j'ai commencé à arbitrer. Néanmoins, mon objectif a toujours été d'être au plus haut niveau, que se soit les championnats du Monde, les Jeux Olympiques ou autres grandes compétitions. Pour y arriver, il y avait trois solutions : joueur, entraîneur ou arbitre. Or je savais que je n'avais pas assez de qualités pour jouer au très haut niveau, de plus les entraînements ne me plaisaient pas du tout, donc il ne me restait plus que l'arbitrage. Je me suis lancé, bien qu'au début ça ne me plaisait pas spécialement car je me rappelle que l'on se faisait beaucoup remettre en question par nos formateurs. Mais au fil du temps, à force de pratiquer et de discuter, j'ai « accroché » à cette activité et j'ai continué. J'ai par la suite gravi les échelons pour arriver où j'en suis.
Justement, quels-ont été ces échelons ?
J'ai commencé en tant qu'arbitre de club pour rendre service. Au fur et à mesure j'ai passé mon grade départemental, puis régional et enfin mon grade d'arbitre de Championnat de France. J'ai ainsi arbitré mon premier match de Championnat de France sénior à l'âge de 17 ans. Cela fait maintenant 12 ans que j'arbitre en première division.
Racontez-nous le moment où vous avez appris votre sélection pour cette Coupe du Monde. Était-ce une surprise ?
Ce n'était pas véritablement une surprise car c'était un objectif qui était clairement annoncé. Je m'y attendais mais je ne voulais pas trop communiquer sur le sujet, de peur de remarques en cas de non-sélection… En fait, moi et mon binôme en avions seulement parlé à quelques personnes, mais en comité restreint. Cet objectif n'avait pas été dévoilé publiquement. Quand la nouvelle a été annoncée, j'ai ressenti une joie interne et également une joie vis-à-vis de ma famille puisque l'arbitrage demande beaucoup de sacrifices. Et puis, évidemment, le bonheur s'est aussi ressenti vis-à-vis de la FFHB qui était très fière qu'un binôme arbitral représente le France au Qatar.
De quels genre de sacrifices nous parlez-vous ?
J'arbitre entre 55 et 60 matchs par an, donc c'est d'abord une question de temps. Pour les matchs de Championnat de France, il faut compter deux jours d'absence car ce sont de longs déplacements. Ces dernières années, je suis allé trois fois au Qatar, une fois en République Dominicaine, une fois au Barhein, et je me suis à chaque fois absenté 3 semaines. Aussi bien au niveau professionnel qu'au niveau familial, il faut être capable de faire des sacrifices.
Votre sélection est-elle justement une preuve de la bonne santé de l'arbitrage français sur la scène internationale ?
Oui ! La Fédération avait clairement établi l'objectif qu'un binôme français soit présent sur chaque championnat d'Europe et chaque championnat du monde, qu'il soit masculin comme féminin (sans parler d'arbitrer des finales ou demi-finales). Chose qui est faite depuis maintenant une vingtaine d'années puisqu'il y a toujours eu un arbitre français sur chaque compétition internationale. Cela prouve donc que l'arbitrage français réalise un bon travail. Aujourd'hui on peut même dire que l'arbitrage français est le meilleur arbitrage au niveau européen.
Quelle est la préparation d'un arbitre pour ce type d'événement ?
La préparation se fait sur différentes phases. Tout d'abord il y a la préparation physique car il est impératif de s'entretenir régulièrement. Même si l'on est « juste » des arbitres, on ne peut pas se permettre d'arriver avec 10kg de plus après les fêtes de fin d'année ! Le jeu va vite, on ne peut pas arriver en retard sur une action. On a donc deux à trois entraînements hebdomadaires. Outre les exercices de conditions physiques, notre activité peut varier entre du badminton, du tennis, du squash… Il y a aussi une préparation de nos propres performances professionnelles et dans ce cas-là nous avons recours à l'analyse vidéo. On étudie des bonnes mais aussi des mauvaises situations auxquelles nous avons été confrontées lors des matchs antérieurs. A l'aide de montage vidéos, nous essayons de nous poser des questions sur nos décisions, nos placements… Mais la préparation mentale joue aussi beaucoup car nous sommes tout de même isolés de beaucoup de monde pendant 3 semaines, pendant lesquelles nous ne vivons qu'entre arbitres. On passe notre journée entre l’hôtel et la salle de sport ! Dans notre organisation il nous est conseillé de faire du sport, ou bien de découvrir les lieux dans lesquels nous venons d'arriver… bref de se changer les idées ! Étant donné que les championnats du Monde se déroulent au Qatar, il est possible que l'on fasse une petite excursion à la piscine par exemple ! Dans tous les cas, il ne faut pas rester enfermé dans sa bulle et attendre que ça se passe. Le pire est sans doute de gérer la suite d'un match où l'on n'a pas été bon. Il faut être capable de rebondir tout de suite, passer à autre chose et de ne pas se focaliser sur la mauvaise performance.
(seconde partie à paraître jeudi 15/01/2015)
Source : SPORTMAG - Sacha Pensec - UNSS