vendredi, janvier 23, 2015

RUGBY - ARBITRE : Nathalie MILLET - Une voie toute tracée vers le haut niveau...

Publié le 23/01/2015 - Pour couper le sifflet de Nathalie Millet, il faut se lever de bonne heure. Rugbywoman en Elite 2, deuxième niveau français, au sein de l’entente Sélestat/Illkirch, c’est une véritable passionnée du ballon ovale. L’Héraultaise a pourtant débuté presque par obligation. « Dans mon village, à La Salvetat-sur-Agout, il n’y avait que le rugby comme sport collectif, moi qui venais du hand , se souvient-elle. Et j’ai été happée par ce jeu, ses valeurs d’abnégation et de solidarité. »

C’était il y a vingt ans pour celle qui affiche aujourd’hui 33 printemps. Depuis dix ans en Alsace, ce professeur en génie civil au lycée Le Corbusier d’Illkirch-Graffenstaden a effectué un bon bout de chemin sur les terrains comme première centre. Et c’est encore presque par contrainte que Nathalie Millet a pris parallèlement la voie de l’arbitrage. « Comme j’entraînais les cadettes, j’étais déjà licenciée capacitaire en arbitrage et je m’en sortais bien , apprécie-t-elle. Et il y a cinq ans, Pierre Pailhes (Ndlr : responsable de l’arbitrage alsacien) m’a dit de m’y mettre. Je l’ai fait un peu par rapport aux obligations du club d’Illkirch. J’ai sauté le pas il y a deux ans et j’ai adoré ça. »

N’y voyez donc aucune marche forcée, Nathalie Millet suit une voie toute tracée vers le niveau fédéral, qu’elle espère atteindre à terme. « Je n’arbitre que des garçons jusqu’en Réserve Honneur, mais je me prépare pour passer mes diplômes d’arbitre territorial puis l’examen préfédéral. Je suis en fin de carrière de joueuse et je compte me consacrer plus à l’arbitrage. Et j’ai envie d’être arbitre fédérale et atteindre le haut niveau féminin. »

Compétitrice dans l’âme, Nathalie Millet est aussi exigeante dans le jeu que dans l’application des règles. Avec une trajectoire qui la surprend un peu. « Je ne pensais pas progresser autant , souligne-t-elle. Avec ma pratique de joueuse, je comprends l’esprit des règles avec les notions de physique et d’avantage. Il n’y a pas de frustration quand je sors d’un match, contrairement à ce que je ressentais comme entraîneur. Et quand on ne vient pas me voir à la fin d’un match, c’est bien. »

« Je n’ai plus besoin de me justifier »

Seul arbitre féminin de rugby en Alsace, Nathalie Millet a paradoxalement accru sa crédibilité lors de l’inauguration du complexe sportif Schweitzer à Illkirch en mars 2014. « Il y avait un monde de dingue et j’ai gagné la reconnaissance du rugby alsacien. Ce match a été un tournant, il m’a beaucoup aidé à me sentir à l’aise quand je vais dans les clubs. Je n’ai plus besoin de me justifier. » Les championnats masculins se disputant avec les clubs lorrains, l’accueil est en revanche plus taquin chez les voisins. « Avec mon maillot rose sur les épaules, il y a un petit effet de surprise. J’entends quelques railleries, mais ça s’éteint. Sinon, c’est que mon arbitrage n’est pas bon. »

En ce qui concerne le rapport avec les joueurs, l’approche est différente avec les jeunes ou les seniors. « Les jeunes font moins attention au fait que je sois une femme, alors que j’ai tendance à me sentir femme quand ce sont des seniors , précise-t-elle. Le ‘‘Madame’’ est très appuyé, mais ça ne dure pas longtemps. Je parle beaucoup avec les joueurs, je fais beaucoup de prévention. » Grâce à l’aide d’un préparateur physique, la Bas-Rhinoise ne manque pas de souffle. Ceci ne l’empêche pas de manœuvrer. « J’anticipe et je coupe des trajectoires grâce à ma connaissance du jeu », s’amuse-t-elle. Pas de doute : Nathalie Millet s’est vraiment prise au jeu de l’arbitrage.

Source : L'ALSACE