Publié le 25/01/2015 - Dans les tribunes du «Showcourt» No 3, les supporters - c’est bien le mot - bulgares et chypriotes se répondent à coups de chants, alors que Dimitrov et Baghdatis bataillent devant leurs yeux. Pascal Maria descend de sa chaise et s’en va calmer les ardeurs des fans, chez qui les slogans deviennent limites, à mesure que la tension monte. L’arbitre français - professionnel à l’échelon international depuis 2001 - leur rappelle certains principes.
Du haut de ses dix finales de Grand Chelem (sept de Coupe Davis), l’imperturbable Niçois de 41 ans en a vu d’autres. En marge de l’Open d’Australie, il a accepté d’évoquer son monde.
Pascal Maria, l’atmosphère, ici à Melbourne, est vraiment particulière, non?
Oh oui! L’Australie est cosmopolite et on s’en rend bien compte. Disons qu’on se rapproche beaucoup de l’ambiance en Coupe Davis. C’est chouette, mais ça doit rester bon enfant. Vendredi, lors du match Baghdatis-Dimitrov, je suis allé voir le public pour lui expliquer qu’il y avait des choses qu’il pouvait faire et d’autres non.
Est-ce votre rôle?
Oui, c’est à moi de contrôler les spectateurs, d’être sûr que leurs actes ne gênent pas les joueurs ou le bon déroulement des rencontres. En règle générale, les Australiens sont très respectueux. Il y a parfois énormément de bruit entre les points, mais le fair-play reste présent durant les échanges.
Lundi dernier, vous avez assisté à une scène étrange, où le Hawk-Eye a donné bonne une balle - par ailleurs décisive - du jeune Kokkinakis que tout le monde avait vu largement dehors…
Mais le règlement ne m’accorde aucune possibilité autre que celle qui me dit de suivre cette décision…
L’avez-vous également vue out?
Je l’ai vue un peu différemment, en effet…
Du coup, que penser de cette technologie?
C’est bien, parce que ça peut corriger les erreurs. Et puis, c’est consistant. Si le Hawk-Eye donne une balle bonne, il le fait pour n’importe quel joueur. N’allez pas croire qu’on peut le manipuler pour favoriser un tel plutôt qu’un autre. En revanche, je trouve son utilisation un peu dommage dans le sens où on a selon moi légèrement dénaturé ce sport et enlevé un brin de spectacle sur le terrain.
A quoi ressemble la vie d’un arbitre?
A beaucoup de voyages, car on suit les joueurs. De plus, on est quasi sûrs de rester sur les tournois jusqu’à leur terme. Le plus difficile? Nous ne gagnons aucun match et nous devons sans cesse nous remettre en question. Une erreur peut coûter très cher. Après une rencontre comme la finale de Wimbledon 2008, entre Federer et Nadal (ndlr: 9-7 au 5e set pour l’Espagnol, près de cinq heures de jeu), je suis content si on ne parle pas de moi. Ça veut dire que j’ai bien fait mon job, que je n’ai pas influencé ce duel d’anthologie. Que j’ai en quelque sorte remporté ma partie.
Vous êtes plutôt tombé sur une bonne génération…
Tout le monde nous raconte que nous exerçons au moment de l’âge d’or du tennis masculin. Je veux bien le croire, mais personne ne sait de quoi demain sera fait. Votre emplacement dans le stade est souvent envié…
Je dis toujours que j’ai la meilleure place et que personne ne peut me la voler. Qu’on soit clairs, je me considère comme un chanceux et je prends un plaisir énorme à faire mon métier, devant des joueurs exceptionnels. Je ne peux pas applaudir mais je vous assure que, parfois, je vibre.
Avez-vous déjà vécu une mauvaise expérience?
Oui, en Coupe Davis, dans un pays que je ne citerai pas. J’avais pris quelques décisions - justifiées, à mon sens - à l’encontre de la nation locale et les spectateurs avaient mal réagi. Je me suis senti en insécurité, j’ai dû être escorté pour sortir du stade. Mais ça ne s’est jamais reproduit. Je plains mes collègues arbitres de football qui vivent ça régulièrement. Le tennis est un sport noble, où le respect est toujours au rendez-vous. Quand je vois onze joueurs qui accourent vers un arbitre de foot, je me dis: «Heureusement que tu n’as pas choisi ce sport».
Il y a tout de même quelques râleurs, dans le tennis, non?
Oui, mais ça ne me dérange pas, car ils sont rares. Et puis, ce ne sont pas les plus difficiles à gérer. Pour moi, les plus compliqués à arbitrer sont Federer et Nadal. Parce qu’ils sont intransigeants avec eux-mêmes et attendent de nous un sans-faute. (24 heures)
Du haut de ses dix finales de Grand Chelem (sept de Coupe Davis), l’imperturbable Niçois de 41 ans en a vu d’autres. En marge de l’Open d’Australie, il a accepté d’évoquer son monde.
Pascal Maria, l’atmosphère, ici à Melbourne, est vraiment particulière, non?
Oh oui! L’Australie est cosmopolite et on s’en rend bien compte. Disons qu’on se rapproche beaucoup de l’ambiance en Coupe Davis. C’est chouette, mais ça doit rester bon enfant. Vendredi, lors du match Baghdatis-Dimitrov, je suis allé voir le public pour lui expliquer qu’il y avait des choses qu’il pouvait faire et d’autres non.
Est-ce votre rôle?
Oui, c’est à moi de contrôler les spectateurs, d’être sûr que leurs actes ne gênent pas les joueurs ou le bon déroulement des rencontres. En règle générale, les Australiens sont très respectueux. Il y a parfois énormément de bruit entre les points, mais le fair-play reste présent durant les échanges.
Lundi dernier, vous avez assisté à une scène étrange, où le Hawk-Eye a donné bonne une balle - par ailleurs décisive - du jeune Kokkinakis que tout le monde avait vu largement dehors…
Mais le règlement ne m’accorde aucune possibilité autre que celle qui me dit de suivre cette décision…
L’avez-vous également vue out?
Je l’ai vue un peu différemment, en effet…
Du coup, que penser de cette technologie?
C’est bien, parce que ça peut corriger les erreurs. Et puis, c’est consistant. Si le Hawk-Eye donne une balle bonne, il le fait pour n’importe quel joueur. N’allez pas croire qu’on peut le manipuler pour favoriser un tel plutôt qu’un autre. En revanche, je trouve son utilisation un peu dommage dans le sens où on a selon moi légèrement dénaturé ce sport et enlevé un brin de spectacle sur le terrain.
A quoi ressemble la vie d’un arbitre?
A beaucoup de voyages, car on suit les joueurs. De plus, on est quasi sûrs de rester sur les tournois jusqu’à leur terme. Le plus difficile? Nous ne gagnons aucun match et nous devons sans cesse nous remettre en question. Une erreur peut coûter très cher. Après une rencontre comme la finale de Wimbledon 2008, entre Federer et Nadal (ndlr: 9-7 au 5e set pour l’Espagnol, près de cinq heures de jeu), je suis content si on ne parle pas de moi. Ça veut dire que j’ai bien fait mon job, que je n’ai pas influencé ce duel d’anthologie. Que j’ai en quelque sorte remporté ma partie.
Vous êtes plutôt tombé sur une bonne génération…
Tout le monde nous raconte que nous exerçons au moment de l’âge d’or du tennis masculin. Je veux bien le croire, mais personne ne sait de quoi demain sera fait. Votre emplacement dans le stade est souvent envié…
Je dis toujours que j’ai la meilleure place et que personne ne peut me la voler. Qu’on soit clairs, je me considère comme un chanceux et je prends un plaisir énorme à faire mon métier, devant des joueurs exceptionnels. Je ne peux pas applaudir mais je vous assure que, parfois, je vibre.
Avez-vous déjà vécu une mauvaise expérience?
Oui, en Coupe Davis, dans un pays que je ne citerai pas. J’avais pris quelques décisions - justifiées, à mon sens - à l’encontre de la nation locale et les spectateurs avaient mal réagi. Je me suis senti en insécurité, j’ai dû être escorté pour sortir du stade. Mais ça ne s’est jamais reproduit. Je plains mes collègues arbitres de football qui vivent ça régulièrement. Le tennis est un sport noble, où le respect est toujours au rendez-vous. Quand je vois onze joueurs qui accourent vers un arbitre de foot, je me dis: «Heureusement que tu n’as pas choisi ce sport».
Il y a tout de même quelques râleurs, dans le tennis, non?
Oui, mais ça ne me dérange pas, car ils sont rares. Et puis, ce ne sont pas les plus difficiles à gérer. Pour moi, les plus compliqués à arbitrer sont Federer et Nadal. Parce qu’ils sont intransigeants avec eux-mêmes et attendent de nous un sans-faute. (24 heures)
Source : 24HEURES