mardi, mars 17, 2015

LIGUE DU NORD/PAS-DE-CALAIS : 36 matchs de suspension et un procès en délibéré...

Publié le 17/03/2015 - Le 15 septembre 2013, un match de foot entre Hazebrouck et Hondschoote dérape. Un joueur conteste une faute, insulte lourdement l’arbitre, tente de lui casser la figure. L’affaire s’est terminée au tribunal.

Ils n’ont pas l’aura ni le talent d’un Zlatan, mais sur le terrain de la stupidité, il arrive que les joueurs de foot se valent.

Le 13 septembre 2013, les cheminots d’Hazebrouck reçoivent Hondschoote en match de coupe du district maritime Nord. Sébastien Goris, l’arbitre, siffle une faute sur un joueur d’Hondschoote, David B.

« Arbitre de merde »

Le joueur conteste avec insistance. Il prend un carton jaune. « Arbitre de merde ! Fils de p… ! Bâtard. Je vais te crever », beugle l’Hondschootois.

Des joueurs de sa propre équipe et les dirigeants du club d’Hazebrouck sont obligés de le ceinturer et de l’expulser du terrain manu militari car David veut en découdre.

« Je me suis écroulé dans le vestiaire, j’ai pleuré. Mais j’ai trouvé le courage pour ne pas arrêter le match », témoigne Sébastien Goris qui ne veut pas minimiser les faits ni l’impact psychologique subi par les arbitres dans ce genre de situation (lire plus bas). « Franchement, si je n’avais pas eu le soutien de mes collègues j’aurais tout laissé tomber. »

Une plainte est déposée au pénal pour outrages et menaces de mort réitérées. Le parquet de Dunkerque prononce un rappel à la loi contre le joueur, qui reconnaît qu’il a pu « péter un plomb ». En commission de discipline, il écope de trente-six matchs de suspension. Sébastien Goris n’a pas voulu s’en arrêter là.

L’arbitre demande 1 000 € de dommages et intérêts

Avec l’UNAF (Union nationale des arbitres de football) et le soutien d’un avocat, Me Nicolas Haudiquet, du cabinet de David Brouwer, spécialisé dans la défense des arbitres, il a saisi le juge de proximité du tribunal d’instance. Le dossier a été présenté, ce mardi matin, à l’audience.

Sébastien Goris demande 1 000 € de dommages et intérêts, tandis que l’UNAF réclame 600 €. Le jugement a été mis en délibéré au 21 avril.

« Ce qui est inquiétant, c’est aussi le comportement des joueurs d’envergure, emblématiques et médiatiques. Quand on voit Zlatan dire : arbitre de merde, ça justifie ce comportement sur le terrain auprès des jeunes qui se croient autorisés à faire pareil. L’exemple vient aussi d’en haut. Et c’est inadmissible ! », reprend René Turckx, président de l’UNAF pour le district maritime Nord.

Sébastien Goris (avec l’écharpe) est soutenu par le président de l’UNAF, l’amicale des arbitres et son avocat dans cette procédure contre un joueur d’Hondschoote

Malaise général chez les arbitres?

« Moi, malgré cet incident, je continue à être arbitre bénévole. C’est une passion. Une drogue », assure Sébastien Goris. Mais pour un qui s’accroche, combien sont dégoûtés ? « Chaque année, on perd une quinzaine d’arbitres dans le district. Et la moitié des nouveaux candidats que l’on reçoit arrêtent en cours d’année. Les paroles meurtrières, la pression sur le terrain en découragent plus d’un », indique René Turckx, le président de l’UNAF (Union nationale des arbitres de football), qui concède que les affaires qui arrivent devant un tribunal sont rares dans le district maritime Nord. Les insultes sont fréquentes, mais de là à engager une procédure…

« Il faut reconnaître que les commissions de discipline font bien leur boulot et ne laissent rien passer », embraye Laurent Debruyne membre de l’amicale des arbitres. Si le district est épargné, dans la région les plaintes se multiplient, constate l’avocat Nicolas Haudiquet. Lundi encore à Douai, son collaborateur David Brouwer défendait un arbitre insulté et menacé lors d’un match à Pecquencourt. « Ce type d’affaires est plus fréquent dans l’Artois et en Flandre intérieure », indique-t-il.

Source : LA VOIX DU NORD