jeudi, mai 21, 2015

FFF / CFA : Le dossier Saïd ENNJIMI est vide... mais que s'est-il passé ?

Publié le 21/05/2015 - Convoqué hier par la Commission Fédérale des Arbitres suite à l’affaire dite “des maillots de l’OM”, Saïd Ennjimi a été entendu après avoir été suspendu à titre conservatoire. Un dossier auquel nous avons eu accès et qui est vide.

Saïd Ennjimi, l'arbitre international de L1, s'est retrouvé au centre d'une polémique dont il se serait bien passé. Il est passé, hier, devant la Commission Fédérale des Arbitre à Paris pour être entendu et jugé. Au vu des éléments et sans s'appesantir sur une forme contestable, on ne voit pas comment le Limougeaud pourrait être sanctionné quant au fond car en l'espèce, le dossier est vide.

L'ACCUSATION – Saïd Ennjimi était convoqué par la CFA pour avoir eu « un comportement irrespectueux et incompatible avec la fonction d'arbitre envers notamment des membres du club recevant. » Les événements se sont déroulés à l'issue du match de L1 du 24 avril dernier entre Marseille et Lorient (3-5) dirigé par l'arbitre limougeaud. La convocation qu'il a reçue fait état d'un « comportement d'une particulière gravité, qui constitue à lui seul un manquement grave à la déontologie et au devoir d'exemplarité des arbitres. »

DES MAILLOTS EN QUESTION – Au coeur de cette affaire, six maillots de l'OM que l'arbitre limougeaud s'apprêtait à payer mais qu'il a refusé de prendre parce qu'ils n'étaient pas dédicacés par les joueurs. C'est à partir de cet épisode que l'affaire va prendre une dimension assez inattendue.

QUE S'EST-IL PASSÉ ? – Des maillots pour les arbitres, c'est une pratique courante. Il y a effectivement eu de la tension au moment où Saïd Ennjimi a refusé de prendre les maillots. Cependant, Vincent Labrune, le président de l'OM, absent au moment des faits, est intervenu après coup auprès de Saïd Ennjimi : « Monsieur Ennjimi, on n'en parle plus. Nous perdons 5-3 et je vous félicite pour la qualité de votre arbitrage », a-t-il dit. Le président de l'OM a ensuite invité l'arbitre et ses assistants, ainsi que les délégués, à venir boire un verre. La soirée s'est déroulée devant plusieurs témoins dans une ambiance détendue et conviviale. Saïd Ennjimi s'est excusé auprès de Vincent Labrune et il a envoyé un SMS d'excuse à Louis Vassallucci, coordinateur sportif de l'OM, le lendemain dimanche. L'affaire aurait pu – et dû ? – en rester là.

LE RAPPORT DE CLAUDE TELLÈNE – Tout s'emballe à partir d'un rapport en date du 27 avril rédigé par Claude Tellène, observateur de la Commission Fédérale des Arbitres. M. Tellène était présent d'abord pour noter la prestation de Saïd Ennjimi lors de ce match remporté au Vélodrome par Lorient 5-3. Un rapport dithyrambique conclu par une appréciation générale qui veut tout dire : « M. Ennjimi, très concentré sur son sujet, a su dominer cette rencontre piégeuse par son sens de la psychologie, son approche disciplinaire et sa maîtrise technique. Prestation d'ensemble d'un incontestable haut niveau. » Et pourtant, c'est ce même Claude Tellène qui va mettre le feu aux poudres trois jours après la rencontre… Selon son rapport, MM. Vassallucci et Medam, le deuxième étant un dirigeant chargé de l'accueil des arbitres, auraient été « rembarrés » par Saïd Ennjimi et « blessés par son arrogance ». De plus, le kiné de l'OM, mis à disposition des arbitres par le club, aurait été « refoulé sèchement » par Ennjimi « en des termes irrespectueux ». Enfin, il est également précisé que lors de la soirée les échanges entre les arbitres et les dirigeants olympiens auraient « largement écorné la déontologie arbitrale. »

UN DOSSIER VIDE – Les pièces du dossier auxquelles nous avons eu accès sont très loin de confirmer le rapport de Claude Tellène. Par rapport à l'incident des maillots, qu'il y ait eu tension voire crispation, cela ne fait aucun doute. Il apparaît que l'intervention de Vincent Labrune est venue mettre un terme à ce moment délicat et la soirée qui a suivi est décrite comme s'étant déroulée dans une excellente ambiance.

« Rocambolesque »

Vincent Labrune va également dans le sens d'un dossier vide à propos d'un problème dont personne ne lui a fait état le soir du match. Il précise que les trois salariés du club impliqués ont « chacun rédigé un courrier à M. Ennjimi attestant du fait qu'il n'y avait eu aucun incident ». « Je ne comprends pas les tenants et les aboutissants de cette histoire », explique Labrune, histoire qu'il qualifie de « rocambolesque. » Concernant les propos écornant la déontologie de l'arbitrage, Louis Vassallucci reconnaît que ni lui ni M. Medam n'ont été témoins de propos désobligeants envers la direction de l'arbitrage par le corps arbitral. Le kiné de l'OM contredit totalement, les propos rapportés dans le rapport de Claude Tellène : « À aucun moment je ne me suis senti, ni dis insulté. » Enfin, les rapports des délégués, sans nier qu'il y ait eu de la tension avec l'histoire des maillots, font surtout état de la soirée qui a suivi et de la détente générale de tous les acteurs.

POURQUOI ? – La question reste de savoir pourquoi Saïd Ennjimi s'est retrouvé au centre de cette affaire ? Le témoignage de Vincent Labrune apporte un indice quand il précise que l'OM ne doit pas être « un dommage collatéral de règlements de comptes personnels ». Le président de l'OM met le doigt sur la crispation qui existe entre le corps arbitral professionnel français et sa direction à la tête de laquelle se trouve Pascal Garibian, le Directeur Technique de l'Arbitrage.

Source : LE POPULAIRE