Publié le 09/06/2016 - Viktor Kassai, désigné par l’UEFA pour officier lors du match d'ouverture, est considéré par la presse de son pays comme le dernier représentant d'une grande tradition d'arbitrage.
À 41 ans, il n'a jamais vu la Hongrie, qualifiée pour la dernière fois en 1972, jouer la phase finale de l'Euro. Mais contrairement à ses compatriotes de la sélection, vêtus de rouge ou de blanc, Viktor Kassai arborera en France la tunique jaune fluo d’arbitre international, qu’il revêt depuis une décennie. Un riche portrait, paru sur le pure-player hongrois hvg.hu, retrace le parcours de celui qui dirigera le France-Roumanie inaugural de vendredi soir.
Celui qui s’est improvisé organisateur de voyages entre 1997 et 2009, lorsqu’il ne vivait pas encore à 100% de ses foulées et de ses jugements, affiche notamment à son CV la demi-finale de coupe du Monde Allemagne-Espagne (2010), la finale de Ligue des champions Barça-Manchester United (2011), un match des Bleus contre l'Espagne lors duquel il avait expulsé Paul Pogba (2013), ou le récent quart de finale aller Wolfsburg-Real Madrid. «J’ai cinq ans devant moi jusqu’à ce que j’atteigne les limites de l’exercice, donc je suis optimiste. Néanmoins, je commence à vieillir et les tests se compliquent au fur et à mesure que ma carrière avance», explique-t-il.
Avec pour modèles les célèbres Pierluigi Collina ou Anders Frisk, Viktor Kassai est un arbitre «international» dans tous les sens du terme. À l’école primaire, le jeune Viktor apprenait la langue de Lénine dans l’espoir d’échanger un jour avec les talents du gazon serbes, croates ou slovaques, tous liés par l’influence slave. Et lorsqu’il s’est mis à grimper les échelons arbitraux, il a puisé sa science auprès de son collègue transalpin Roberto Rosetti, l'arbitre de la finale de l'Euro 2008, qui l’a inondé de conseils sur la gestuelle et la communication.
«Viktor Kassai est le meilleur produit d’exportation du foot hongrois à travers le globe», écrit à son sujet l’éditorialiste Zalán Bodnár dans un article en ligne du journal de centre-gauche Népszabadság. «Il s’est rapidement affûté après son baptême du feu de 1999 en première division magyare en faisant preuve d’un excellent sens du jeu, complété par une modestie exemplaire. Sa maîtrise de l’anglais et de l’allemand, couplée à ses notions de russe et de français, langues qu’il pratique avec bonheur, lui ont permis d’intégrer facilement l’élite de la profession et de susciter le respect des stars du ballon rond.»
A l’instar de nombreux observateurs, Bodnár estime que Kassai perpétue l’héritage des grands noms magyars du sifflet tels qu’István Zsolt (34 ans de service en championnat de Hongrie), Károly Palotai (l'arbitre de la finale de Coupe d'Europe Saint-Etienne-Bayern de 1976) ou Sándor Puhl, qui officia lors de la finale de la Coupe du monde 1994 Brésil-Italie et fut couronné quatre fois de suite arbitre numéro un de la planète par ses pairs. Kassai n’a jamais reçu ce prix suprême mais il peut marquer des points vendredi. S’il réussit l’examen: en 2012, il avait été au cœur de la plus grosse polémique arbitrale de l'Euro, refusant injustement un but à l'Ukraine face à l'Angleterre et précipitant l'élimination du pays hôte.
Source : SLATE