Publié le 17/05/2017 - L’heure n’est pas encore aux vacances pour François Letexier. Le Rennais, plus jeune « homme en noir » de Ligue 1 (28 ans) et passé international au 1er janvier 2017, officiera ce mercredi soir durant Monaco-Saint-Étienne en tant que 4e arbitre (21 h), avant de diriger l’importantissime Lens-Niort vendredi en Ligue 2.
Il vous paraît logique de reconnaître une erreur (penalty non sifflé), comme vous l’aviez fait après Nice-Caen (2-2, le 10 mars) ?
Ça me semble normal dans le sens où je suis d’abord dur envers moi-même. Je suis un perfectionniste quand je suis sur le terrain, et je suis le premier à être frustré quand j’en sors. Quand j’estime ne pas avoir pris la bonne décision, je reconnais mes fautes, ce n’est pas un souci. Ça a été un moment difficile, mais en même temps fondateur pour l’avenir sur le plan technique. J’ai beaucoup appris de cette erreur-là. Le but, c’est de ne pas la reproduire.
Photo : Jean Catuffe |
Y a-t-il toujours ce système de « montée-relégation » chez les arbitres de haut niveau ?
Oui, et ce, dans toutes les catégories. Ça fait partie de l’émulation et de la compétition. On ne connaît pas notre classement en cours de saison. Il y a eu depuis cette année une professionnalisation de l’arbitrage. Je fais partie des onze centraux qui ont signé un contrat, en l’occurrence de deux ans [cette division spéciale fut baptisée « F1 élite » en avril 2016]. J’ai bénéficié d’une année pour apprendre et consolider mes acquis, mais dès la saison prochaine, je serai susceptible d’être relégué si mes performances ne sont pas au niveau attendu par la DTA [Direction technique de l’arbitrage].
Si vous êtes arbitre professionnel, pourquoi exercez-vous une autre profession en parallèle (huissier de justice au sein de la SCP Nedellec-Le Bourhis-Letexier-Vétier) ?
Déjà, l’arbitrage est aujourd’hui mon activité principale. Entre les déplacements, les stages, les débriefs techniques, les analyses, le travail avec le coach mental et celui avec la DTA, ça prend un temps fou ! Mais là où beaucoup de mes collègues n’ont pas d’autre travail, j’ai choisi d’en conserver un à côté. J’ai besoin d’avoir cet équilibre-là pour la performance, de pouvoir revenir après le match dans la société civile « normale », d’être au contact de gens « normaux »… Le monde du foot est aussi enchanteur que destructeur, donc il faut se protéger.
On a l’impression que les arbitres, pour ceux qui font autre chose à côté, sont toujours dans les « métiers de l’ordre »…
Pour moi, dire que tous les arbitres sont gendarmes, c’est un cliché. Il peut y avoir des policiers ou des gendarmes, mais certains sont professeurs ou encore chefs d’entreprise… J’ai aussi deux collègues de Ligue 1 qui sont experts en communication. En ce qui me concerne, je trouve que mes deux professions se ressemblent beaucoup, mais pas par rapport audit cliché. Au centre des deux activités, il y a des relations humaines. Certes, il y a des règles à faire respecter, mais il y a une manière de les faire comprendre aux autres. Dans les deux cas, on est dans des situations de crise : l’huissier est confronté à la précarité des gens ; l’arbitre, c’est quand 40.000 spectateurs te regardent et crient. Alors soit tu t’énerves, et le message ne passe pas. Soit, au contraire, tu as une bonne manière de faire comprendre la chose, et à ce moment-là, tu peux obtenir ce que tu veux des personnes en face de toi. C’est pour ça que ces deux professions sont intéressantes à mes yeux.
À quel moment vous vous êtes dit : « Je veux être huissier » ?
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