Publié le 20/10/2017 - Pascal Garibian, le patron des arbitres français, et François Letexier, le benjamin de la profession, évoquent les conséquences de l'assistance vidéo pour leur métier.
Entre l'ex-arbitre international (1995 à 2006) et le benjamin de la jeune génération (28 ans), réunis à l'occasion des Journées de l'arbitrage, la conversation a tourné autour de l'assistance vidéo, sous toutes ses formes, dont dispose, désormais, les directeurs de jeu.
Comment a-t-on décidé de recourir à l'aide à l'arbitrage ?
Pascal Garibian. Je me souviens être allé voir l'International Board en 2006 avec Frédéric Thiriez et Jean-Pierre Escalettes, alors présidents de la Ligue et de la Fédération, pour demander des essais vidéo lors de matchs amicaux. La France a toujours été novatrice, sur les drapeaux électroniques ou les oreillettes. L'idée était d'aider les arbitres à définir si des fautes étaient, ou non, commises dans la surface et si les buts étaient, ou pas, valables.
François Letexier. J'ai toujours connu l'oreillette et le drapeau électronique. Ce serait compliqué désormais de revenir en arrière. Comme avec la vidéo, ces aides sont essentielles à nos performances sur le terrain. Mais, attention, on ne se cache pas derrière ces outils. On s'en sert juste pour s'améliorer. Pas pour nous remplacer. Après, il faut encore peaufiner des choses avec la vidéo, mais c'est normal car nous sommes en phase de tests.
François Letexier. J'ai toujours connu l'oreillette et le drapeau électronique. Ce serait compliqué désormais de revenir en arrière. Comme avec la vidéo, ces aides sont essentielles à nos performances sur le terrain. Mais, attention, on ne se cache pas derrière ces outils. On s'en sert juste pour s'améliorer. Pas pour nous remplacer. Après, il faut encore peaufiner des choses avec la vidéo, mais c'est normal car nous sommes en phase de tests.
Concrètement, cela change-t-il votre approche du métier ?
F.L. C'est, en effet, une manière différente d'appréhender l'arbitrage. A Clairefontaine, on fait énormément de tests. Notamment sur la communication avec la régie vidéo. Mais bien sûr, il n'y a pas le caractère émotionnel d'un match.
P.G. Rappelons une chose importante. C'est une assistance vidéo. Pas un arbitrage vidéo. L'arbitre prend en permanence des décisions. Il n'attend pas la vidéo qui est là, au besoin, pour les corriger.
F.L. Mon instinct d'arbitre n'est pas émoussé par la vidéo. Je ne me repose pas sur ça. C'est juste une sécurité supplémentaire. L'idée, c'est d'oublier complètement la vidéo quand je siffle ou pas. Récemment, lors d'un match amical à Clairefontaine, j'ai sifflé pénalty. A cet instant, l'arbitre vidéo m'a appelé et m'a fait visionner les images. J'ai changé ma décision. En une minute, tout avait été réglé.
P.G. Rappelons qu'il n'y a pas de temps minimum ou maximum pour intervenir. Mais il faut savoir qu'il n'y a pas de contrôle après les actions, mais directement pendant leur déroulé. Deux arbitres vidéo regardent tout en permanence. L'objectif est de fluidifier le jeu le plus possible.
P.G. Rappelons une chose importante. C'est une assistance vidéo. Pas un arbitrage vidéo. L'arbitre prend en permanence des décisions. Il n'attend pas la vidéo qui est là, au besoin, pour les corriger.
F.L. Mon instinct d'arbitre n'est pas émoussé par la vidéo. Je ne me repose pas sur ça. C'est juste une sécurité supplémentaire. L'idée, c'est d'oublier complètement la vidéo quand je siffle ou pas. Récemment, lors d'un match amical à Clairefontaine, j'ai sifflé pénalty. A cet instant, l'arbitre vidéo m'a appelé et m'a fait visionner les images. J'ai changé ma décision. En une minute, tout avait été réglé.
P.G. Rappelons qu'il n'y a pas de temps minimum ou maximum pour intervenir. Mais il faut savoir qu'il n'y a pas de contrôle après les actions, mais directement pendant leur déroulé. Deux arbitres vidéo regardent tout en permanence. L'objectif est de fluidifier le jeu le plus possible.
Cette assistance technique est-elle infaillible ?
P.G. Aujourd'hui, la confiance des arbitres envers la goal-line technology, qui permet de savoir si un ballon a franchi ou non la ligne de but en envoyant un signal sur leur montre est totale. Aucun but n'a été accordé par erreur avec cette technologie. C'est une sécurité. Il y a eu des dysfonctionnements avec des vibrations inopportunes mais cela va être amélioré.
F.L. C'est vrai. L'an dernier, j'ai connu ça avec un ballon sorti dans le petit filet et ma montre a vibré m'annonçant un but ! Mais évidemment, c'est ma volonté qui domine et je n'ai pas changé de décision.
P.G. Malgré ces imperfections, qu'est ce que j'aurais adoré avoir la vidéo à mon époque ! Je me souviens d'un match à Bordeaux où tous les joueurs me certifiaient qu'il n'y avait pas but. J'avais suivi la décision de mon assistant mais, psychologiquement, il avait fallu presque s'imposer face aux joueurs.
F.L. Alors que moi je peux garder des cartouches dans le management. Si un joueur me dit qu'il y a but, je lui montre que ma montre n'a pas vibré et la discussion s'arrête tout de suite. Il n'y a plus de discussions compliquées et on ne perd plus d'influx nerveux. P.G. Et c'est pareil pour la vidéo. Clément Turpin l'a vécu lors du match de barrages Troyes - Lorient où les contestations ont été stoppées à partir du moment où il a dit que la vidéo ne signalait rien.
F.L. C'est vrai. L'an dernier, j'ai connu ça avec un ballon sorti dans le petit filet et ma montre a vibré m'annonçant un but ! Mais évidemment, c'est ma volonté qui domine et je n'ai pas changé de décision.
P.G. Malgré ces imperfections, qu'est ce que j'aurais adoré avoir la vidéo à mon époque ! Je me souviens d'un match à Bordeaux où tous les joueurs me certifiaient qu'il n'y avait pas but. J'avais suivi la décision de mon assistant mais, psychologiquement, il avait fallu presque s'imposer face aux joueurs.
F.L. Alors que moi je peux garder des cartouches dans le management. Si un joueur me dit qu'il y a but, je lui montre que ma montre n'a pas vibré et la discussion s'arrête tout de suite. Il n'y a plus de discussions compliquées et on ne perd plus d'influx nerveux. P.G. Et c'est pareil pour la vidéo. Clément Turpin l'a vécu lors du match de barrages Troyes - Lorient où les contestations ont été stoppées à partir du moment où il a dit que la vidéo ne signalait rien.
Peut-on parler d'un arbitrage à deux vitesses ?
F.L. Le foot de district n'est pas le même que celui de la L 1. C'est un sport universel avec des règles communes. Mais les moyens ne peuvent pas être les mêmes pour aider les arbitres professionnels.
P.G. Ne soyons pas utopiques. On doit prendre les mêmes sanctions pour les mêmes fautes. Mais les outils d'aide à la décision doivent coller aux enjeux. C'est légitime.
F.L. Si on me dit que je suis un arbitre 2.0 par rapport aux anciennes générations, cela ne me dérange pas. J'assume.
P.G. François, comme les autres, reste un athlète de haut niveau qui travaille son physique et sa technique. 98 % des décisions sont prises sans vidéo. Il faut bien rappeler que l'arbitrage vidéo serait la mort du foot. Mais l'assistance, elle, corrigera juste les grosses erreurs. Et c'est déjà formidable.
P.G. Ne soyons pas utopiques. On doit prendre les mêmes sanctions pour les mêmes fautes. Mais les outils d'aide à la décision doivent coller aux enjeux. C'est légitime.
F.L. Si on me dit que je suis un arbitre 2.0 par rapport aux anciennes générations, cela ne me dérange pas. J'assume.
P.G. François, comme les autres, reste un athlète de haut niveau qui travaille son physique et sa technique. 98 % des décisions sont prises sans vidéo. Il faut bien rappeler que l'arbitrage vidéo serait la mort du foot. Mais l'assistance, elle, corrigera juste les grosses erreurs. Et c'est déjà formidable.
Écoutez également l'interview de Pascal GARIBIAN accordée à FRANCEINFO sur le même sujet :
Source : LE PARISIEN & FRANCE INFO