mercredi, décembre 11, 2019

UNAF NATIONALE : DROIT DE RETRAIT D'UN ARBITRE - Pourquoi et Comment l'exercer ?

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , ,


Publié le 11/12/2019 - En août dernier, l'UNAF NATIONALE avait publié un intéressant article sur la procédure du DROIT DE RETRAIT et la procédure a appliquer lors de l'arrêt d'un match. 







Largement inspiré d'un travail du Délégué juridique Renaud HOCQ de l'UNAF VAL DE MARNE, cet outil indispensable reste plus que jamais d'actualité face aux mauvais comportements et aux agressions à répétition vécues depuis le début de saison.

Le Président de l'UNAF NATIONALE Jean-Jacques DEMAREZ vous explique ci-après les modalités de cette procédure.



PROCÉDURE DU DROIT DE RETRAIT
À APPLIQUER LORS D'INCIDENTS SUR LES RENCONTRES



Au vu des nombreux incidents et atteintes à l’intégrité physique à l’encontre du corps arbitral, des dégradations commises sur les véhicules des officiels, des propos particulièrement violents tenus à tous les niveaux des compétitions, qu’elles soient professionnelles, fédérales, régionales ou départementales qui ne cessent d’augmenter depuis plusieurs années et dont la gravité s’amplifie, l’UNAF se doit de réagir en restant dans son rôle de protection des arbitres et partenaires des instances.

Au vu de l’attitude de certains clubs et de leurs licenciés, des nombreux incidents perpétrés autour des rencontres par un environnement de plus en plus hostile,  violent et menaçant,  de l’absence d’intervention desdits clubs, de l’absence de sécurité sur une majeure partie des installations, il convient d’adapter dorénavant et ce, dès à présent, un mode opératoire commun avec les districts. Nous n’accepterons plus d’évoluer dans une ambiance hostile et/ou dans un climat délétère afin de protéger l’intégrité physique des arbitres en intervenant en amont et permettre ainsi d’éviter des incidents,  chacun doit en être conscient.

L’UNAF propose que l’arbitre arrête momentanément la rencontre pour les faits suivants :

- Propos grossiers et/ou injurieux et/ou violents de la part de spectateurs
- Menaces de mort et/ou de représailles à son encontre , à l’encontre de ses proches, de son lieu de domicile de la part de spectateurs.
- Crachats et/ou jets de projectiles de la part de spectateurs.
- Propos racistes, sexistes ou homophobes de la part de spectateurs.

Ils mettront alors face à leurs responsabilités les délégués, dirigeants et capitaines d’équipe et leur laisseront le temps d’intervenir pour mettre un terme définitif à ces agissements, faire comprendre aux auteurs des faits que la détermination des arbitres sera implacable et qu’ils mettront un terme à la rencontre en cas de réitération.

Cette prévention, notifiée aux intéressés, il leur revient ensuite de la mettre en œuvre par l’action des dirigeants qui ont le DEVOIR et même L’OBLIGATION D'INTERVENIR  auprès des auteurs de ces agissements.

Chacun sera alors conscient du fait qu’en cas de récidive la rencontre sera définitivement arrêtée pour manque de sécurité et mise en danger de l’intégrité physique des officiels qui exerceront ainsi un droit de retrait à l’instar de toute personne chargée d’une mission de service public telle que le prévoit la Loi Lamour du 22 octobre  2006.

Les rapports d’officiels seront alors rédigés et transmis aux instances disciplinaires qui feront leur travail. Le district, la CDA et l’UNAF devraient avoir moins d’arbitres agressés, c’est le but de cette démarche.

Par contre, il faudra IMPÉRATIVEMENT ARRÊTER la partie en cas de poursuite des agissements car NON, cela n’est pas normal ni anodin. Cela ne fait pas partie du folklore, comme le disent certains journalistes. Maintenant les menaces sont de plus en plus souvent  mises à exécution.

Les arbitres sont agressés, frappés, bousculés, reçoivent des pierres, voient leur voitures dégradées, sont victimes de menaces sur les réseaux sociaux, bref sont victimes d’actes honteux, inacceptables  et inqualifiables mais qui sont banalisés, peu ou pas réprimés, malgré le bon travail des commissions de discipline et les messages de prévention de la LFA, relayés par les ligues et les districts. 

Les instances doivent bien entendu comprendre que les sanctions prises n’ont pas l’effet escompté et que notre corporation n’a que trop subi de faits graves pour continuer à encaisser ainsi un tel niveau de violence.

Nous ne devons plus accepter ce genre de choses et devons agir pour nous protéger mais aussi et surtout retrouver ce que le football a perdu, UNE ETHIQUE, une morale digne du sport et de ses valeurs, notamment celle du respect de ses juges.

Teddy RINER disait publiquement l’an dernier qu’un joueur qui touche un arbitre devrait être radié à vie de tous sports, toutes disciplines…de belles paroles qui concernent bien des sports mais qui n’est pas appliqué dans le football.

Je me refuse à attendre un drame avant de voir la FFF enfin reconnaître que l’UNAF n’exagérait pas depuis qu’elle dénonce ce fléau.

Nous sommes en danger, contraints de nous mobiliser, d’anticiper le pire.

Toutefois, par respect de l’équité sportive, l’UNAF ne veut pas que des matchs soient arrêtés pour un oui ou pour un non et rappelle, même si cette liste n’est pas exhaustive, quand il faut et quand il ne faut pas arrêter un match.

ARRÊT IMPÉRATIF DU MATCH

  • Coups à arbitre central ou assistant avant ou pendant le match
  • Menaces avec armes ou objet.
  • Crachat délibéré face à l’arbitre qui l’atteint.
  • Jet d’objet qui atteint l’arbitre.
  • Prise à la gorge de l’arbitre ou arbitre assistant (officiel ou bénévole)
  • Bousculade violente entraînant la chute ou un recul significatif de l’arbitre.
  • Insultes racistes, homophobes, sexistes ou discriminatoires manifestes.


NON ARRÊT DU MATCH

  • Insultes, certes blessantes, l’expulsion et un rapport suffisent.
  • Bousculade involontaire d’un joueur qui joue le ballon.
  • Bousculade volontaire mais légère, l’expulsion et un rapport  suffisent.
  • Échauffourée entre joueurs qui ne dure que quelques minutes (Sanctions administratives et rapport  très détaillé, précis et clair suffisent)
  • Mini envahissement de terrain vite maîtrisé par les officiels.


L’UNAF a plus de 300 dossiers juridiques ouverts à ce jour. Nous en ouvrons chaque semaine encore plus, pour des actes de plus en plus violents,  de plus en plus en catégorie jeunes et même maintenant en féminines.

C’est un constat d’échec pour tous mais c’est surtout douloureux  pour les nôtres car au bout de chaque dossier il y a une victime, une femme ou un homme, un être humain qui a subi des violences juste parce qu’il arbitre un match de foot avec ses défauts certes, mais honnêtement, courageusement en ces temps où rendre la justice sportive est devenue une mission à risque.

"Je compte sur vous toutes et tous pour appliquer ces mesures sans zèle et dans la prévention auprès des clubs."


Nous ne voulons pas empêcher les gens de jouer, bien au contraire, mais nous voulons arbitrer sereinement, dans le respect et le fair-play.

Les limites du disciplinairement acceptable ont été franchies, nous devons dire STOP.

Prenons néanmoins toujours le temps qu’il faut pour travailler avec les éducateurs, dirigeants, capitaines et délégués sur les matchs car eux aussi portent parfois une responsabilité quant à leur comportement qui engendre bien souvent ensuite celui néfaste d’un public de plus en plus enclin à déconsidérer les arbitres et les fustiger.

Je compte sur la solidarité de toutes et tous, il en va de notre intérêt, de celui de notre passion mais aussi et surtout le plus important, de notre santé.

L’UNAF souhaite travailler de concert avec les LIGUES, les DISTRICTS et les CRA et CDA et aimerait obtenir leur soutien pour que ces instructions, quant au droit de retrait des arbitres dans les conditions précitées soient officielles.

Vive le football, Vive l’arbitrage, Vive l’UNAF,


Jean-Jacques DEMAREZ
Président de l'UNAF NATIONALE
Secrétaire Général de l’UNAF ARDENNES