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vendredi, octobre 21, 2016

LIGUE 1 - PSG / OM 1992 : Michel GIRARD se souvient de « la plus grosse boucherie de l’histoire du championnat de France »

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , ,


Publié le 21/10/2016 - On dit de ce match qu’il est le point de départ de la vraie rivalité entre le PSG et l’OM. Peut-être. Il est surtout le « Classique » - comme on ne l’appelait pas encore - le plus violent qui ait été disputé. Ça, c’est une certitude. Avant PSG-OM dimanche au Parc des Princes, 20 Minutes revient sur la rencontre du 18 décembre 1992, « la plus grosse boucherie de l’histoire du championnat de France ». Avec l’aide de l’homme qui était censé arbitrer ce combat de rue, Michel Girard.

« J’ai arbitré plus de 1.000 matchs dans ma carrière, mais on ne me parle que de celui-là, assure d’emblée l’ancien sifflet, aujourd’hui âgé de 72 ans. Ça a marqué beaucoup de personnes. Y compris moi, bien sûr. »

De ce match, on connaît beaucoup de choses. Le contexte ultra tendu, avec la une de L’Equipe où Artur Jorge annonce aux Marseillais que son équipe « va leur marcher dessus », David Ginola qui leur promet « la guerre », Bernard Tapie qui s’en délecte et chauffe ses gars en placardant ces provocations en 4 par 3 dans les vestiaires. Une parfaite mise en condition qui débouchera sur les fameux tacles à la glotte de Di Meco et cassages de chevilles de Fournier, pour ne parler que d’eux (pour l’instant).

Ce qu’on a moins eu l’occasion de lire, en revanche, c’est la façon dont l’homme en noir jeté en pâture au milieu de ces enragés a vécu ce beau moment de football. « Difficilement, difficilement…, répète-t-il, rassemblant ses souvenirs depuis sa maison dans la campagne stéphanoise. J’ai bien senti avant le coup d’envoi une grande animosité entre les deux équipes. Dans le regard des joueurs, il y avait de la haine, je crois qu’on peut le dire comme ça. »

On peut le dire, oui. Et d’ailleurs les deux entraîneurs, Jorge et Goethals, avaient composé leur équipe comme on place ses petits soldats sur le plateau avant de jouer à Risk. Jugez plutôt : Boli - Casoni- Desailly - Di Meco - Eydelie - Deschamps - Sauzée alignés d’un côté, Llacer - Roche - Ricardo - Colleter - Le Guen - Guérin - Fournier de l’autre. Du poète en veux-tu en voilà.

En revisionnant les highlights, on se demande comment il est possible qu’aucun carton rouge n’ait été sorti. La première réflexion qui vient en tête est que Michel Girard s’est complètement laissé dépasser par les événements. Mais l’intéressé n’est pas tout à fait d’accord. Après avoir senti dès les premières minutes de jeu que ça allait mal tourner, voilà comment il a décidé d’aborder les choses :
« Si j’avais été totalement dépassé, le match ne se serait jamais terminé. On peut toujours refaire le match, discuter mes décisions. J’aurais peut-être dû mettre du rouge très tôt, mais ce n’était pas ce que j’avais décidé de faire. Je me suis dit "si tu veux que ça aille au bout, il ne faut pas mettre le feu tout de suite". Ce n’était peut-être pas la meilleure option, mais c’était la mienne. J’étais persuadé qu’on ne finirait pas si je cartonnais trop. Alors j’ai essayé de calmer le jeu, de prendre mon temps dans mes interventions. Si je me mets à faire comme eux, c’est la fin. »

55 fautes, dont 33 lors de la seule première période

On comprend le point de vue. Mais peut-être aurait-il pu essayer de leur parler, non ? Leur faire comprendre qu’il fallait arrêter les conneries. « Il y a eu beaucoup de palabres, mais quoi que je pouvais dire, ça ne servait pas à grand-chose. C’était un peu comme si je n’étais pas là, rembobine l’ancien arbitre. Rien ne pouvait les calmer. Je voyais dans leur regard que ce n’était pas les mêmes joueurs que ceux que j’avais rencontré et arbitré des tas de fois. »
Au final, ce match remporté par l’OM (0-1, but de Boksic), c’est 30 fautes selon les joueurs, 123 selon les téléspectateurs. En vrai ? « Je sais plus, 70 ? », tente Michel Girard. Non, 55, dont 33 lors de la seule première période. Pour six cartons jaunes. « Dans un autre contexte, j’aurais sûrement plus sévi, précise l’homme en noir. Mais bon… »

Un an après, la retraite

Michel Girard insiste, il ne garde pas du tout un bon souvenir de cette rencontre. Comme les acteurs de l’époque, d’ailleurs, pas vraiment fiers de ce qu’ils ont fait ce soir-là. Mais l’arbitre n’a pas non plus été traumatisé à vie. « Ça a un peu tourné dans ma tête, je me suis posé des questions sur mes choix. Mais il ne me restait plus qu’un an à arbitrer derrière, alors ça a été, raconte-t-il. En tout cas, personne n’a changé sa façon de faire avec moi à cause de ce match. » Cette guerre de tranchées, en revanche, a contribué à changer la façon de faire des arbitres par la suite.




Source : 20MINUTES