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dimanche, septembre 07, 2014

"Nous les avons tant aimés" : Georges KONRATH - Le chevalier du Sifflet des 80'

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , ,

Publié le 07/09/2014 - Le chevalier Georges

A plus de 70 ans, celui qui fut le numéro 1 français poursuit son aventure comme observateur d'arbitres de l'UEFA. Georges Konrath reste un chevalier du sifflet.
Il n'a pas changé. Ou si peu. La même humilité. Le même respect de ses interlocuteurs. La même volonté à fleur de peau de passer inaperçu.
Georges Konrath, 77 ans, citoyen de Schwindratzheim, enfant de la campagne, a émigré depuis peu à Cronenbourg, aux portes de la ville. L'ancien cadet d'Alsace de l'AS Hochfelden a fait du chemin. Sa carrière de joueur se brisa, en 1957, à 20 ans, en même temps qu'un de ses ménisques.

« J'ai ensuite repris comme entraîneur à Brumath, puis j'ai décidé de me lancer dans l'arbitrage. Sans ce coup du sort, je ne serais jamais devenu arbitre. »

Observateur et contrôleur
Sa progression au sifflet se fait par étapes, du niveau interrégional en 1970, fédéral en 72, à l'échelon international en 75 durant une quinzaine d'années. A la fin de sa carrière active, limite d'âge oblige, un poste d'observateur, de contrôleur à l'Union européenne, ponctue son quotidien.
« En France, il faut arrêter à 70 ans. Pas à l'UEFA. J'arrive la veille, dans une des villes européennes. Je rejoins les arbitres à 18 h et je les suis de bout en bout. Jusqu'à l'analyse technique et au rapport final, en anglais, sanctionné d'une note sur 10. En général, les arbitres sont bien physiquement et techniquement. J'ai pris des cours de langue sur le tard. L'anglais a remplacé le français et l'allemand. »


« Une école de la vie »
Georges Konrath se révèle particulièrement concerné par la journée de l'arbitrage, programmée samedi, et participera aujourd'hui au forum à la Maison des sports de Strasbourg sur le thème « Quel rôle pour l'arbitre et l'esprit sportif dans la société ? ».
« L'objectif, c'est que les jeunes puissent s'essayer à l'arbitrage. Les chiffres baissent. 900 contre 1 080 il y a deux ans. Nous avons besoin de recruter, d'encourager, de ne pas les voir se décourager. L'arbitrage est une merveilleuse école de la vie. »
L'évolution des disciplines a néanmoins transformé la fonction. « Aujourd'hui on ne peut plus arbitrer à haut niveau et travailler. Moi, j'étais commercial, responsable pour l'Est chez Cyba-Geigy. Avec des horaires adaptés, une hiérarchie compréhensive. On voyageait en train. On ne gagnait pas des fortunes. 40 francs quand j'ai commencé au plan national, 1 500 en fin de carrière. Maintenant, les arbitres sont bien payés et c'est normal. 5 000 euros par match européen, davantage en champions league. »
Mais le joueur de saxo et de clarinette des « Olympia boys » ne regrette rien de sa jeunesse, lorsqu'il joue aux cartes, au skat, tous les lundis avec ses potes, quand il s'occupe au jardin, taille les arbres, retrouve ses amis de la ligue d'Alsace, dont il fut président de la Commission régionale d'arbitrage, de 1988 à 92. « Il fallait alors mettre de l'ordre. J'ai des bons souvenirs de chaque période. J'ai fait le maximum. Je ne suis pas rancunier. »

Finale Coupe de France de football 1980 : US Orléans / AS Monaco
Georges KONRATH et ses deux Juges de Touche MM. GEYER et ROUXEL


Se faire respecter
Dans la boite à souvenirs, il y a des moments marquants, trois finales de coupe de France, « la rencontre avec les présidents de la République, Giscard, Mitterrand, celle avec des chanteurs comme Serge Lama », une de Coupe d'Europe, en 1982, entre le Bayern et Aston Villa. Un seul (petit) manque y apparaît, l'absence de Coupe du monde.
« En 1974, il n'y avait pas d'arbitre français en Allemagne. La FIFA me voulait moi, la France en avait prévu un autre. En 78 en Argentine, ce fut Robert (Wurtz), mon ami, celui qui m'a appris à souffrir avec lui, s'entraîner sous la pluie, la neige, comme les boxeurs, pour être fin prêt. Enfin en 1982, j'avais été désigné, mais j'ai refusé d'y aller ; je venais de perdre mon épouse, décédée fin 81, et je voulais rester auprès de mes enfants, Véronique, Denis, Alain, alors tout petit. M. Seipel, le grand manitou, m'avait dit "Tu es un des trois meilleurs au monde. Si la France ne joue pas la finale, c'est pour toi !" Et en 82, j'étais trop vieux. Tant pis. »


Passage à la vidéo
Georges Konrath a trop d'images inoubliables à l'esprit, pour commuer ce blanc en regret. Ainsi, ce match Écosse-Angleterre au Hampden Park lui laisse un énorme souvenir.
« 151 000 spectateurs, une ambiance de feu. Un vrai combat. J'ai sifflé énormément au début. Les Anglais ont gagné 1-0, les Écossais m'ont félicité et leurs supporteurs applaudissaient. » Wembley, Bernabeu, San Siro ou encore Old Trafford pour la venue du grand Ajax.
Passé, présent, avenir. « On ne peut pas comparer les époques. Il faut passer à la vidéo. Il n'y plus de fortes personnalités dans l'arbitrage, mais aujourd'hui, les arbitres sont mieux préparés. » Seront-ils encore d'attaque dans un demi-siècle pour se rendre au Kazakhstan, comme Georges Konrath, authentique chevalier ?

Source : Blog keke1212