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samedi, septembre 27, 2014

BASKETBALL - José SOARES : 1er Arbitre landais à sifller en PRO A...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,

« En Pro A, ils vont tous me tester, je le sais »

À 37 ans, José Soares devient le premier arbitre landais de basket à siffler en Pro A

« Sud Ouest ». Vous voilà arbitre de Pro A. Comment avez-vous vécu cette désignation ?

José Soares. J'étais heureux forcément, mais pas euphorique non plus. Je me dis qu'il s'agit juste d'une étape supplémentaire dans ma carrière. À ce niveau, rien n'est acquis. Le bilan, je le ferai en fin de carrière. J'ai aussi eu une pensée pour mon père, décédé il y a un an. Dommage qu'il ne soit pas là pour voir ça.

À quand vos premiers pas officiels en Pro A ?

Je n'en sais rien encore. En fait, je vais d'abord me remettre en jambes sur quatre matches de Pro B. Il y a 32 arbitres en Pro A, il en faut 27 par week-end. En tant que nouveau venu, je vais alterner Pro A et Pro B pendant un moment.


Comment vous est venu le goût pour l'arbitrage ?

J'ai débuté le basket à Coudures à septans ; c'est là que j'ai commencé à arbitrer d'abord pour rendre service au club. Par la suite, en voyant qu'on pouvait monter les échelons j'ai accroché. J'ai toujours eu envie de connaître le haut niveau, mais en tant que joueur de Prénationale (à Montsoué où il est toujours licencié) j'avais conscience d'avoir atteint mon maximum (rires).
Comment s'est déroulée votre ascension dans la hiérarchie ?

Après trois saisons en région, j'ai accédé au niveau National. Au bout de ma première année, j'ai été repéré pour aller suivre la filière de haut niveau, qui à l'époque durait trois ans et regroupait 30 arbitres de la France entière. Je suis sorti deuxième de ma promotion, ce qui m'a ouvert les portes de la N1M (3e division). L'année suivante, j'ai profité de la mise en place de l'arbitrage à trois en Pro A et d'une bonne évaluation, pour être nommé en Pro B. J'y suis depuis dix ans.

Comment monte-t-on de Pro B à la Pro A ?

Peu de gens le savent, mais l'arbitrage fonctionne un peu comme un championnat. On est évalué huit à neuf fois par saison et un classement est établi. Les deux meilleurs arbitres montent en Pro A, les deux derniers descendent, les autres se maintiennent. C'est une compétition. Un match raté peut te coûter ta saison. C'est très difficile. En dix ans de Pro B, j'ai accroché trois fois les playoffs, c'est-à-dire que j'étais dans les quatre-cinq premiers. Je me souviens être complètement passé à côté de ma première expérience. Cette année, j'ai terminé sur la finale de LFB, Montpellier-Bourges, et ça s'est bien passé.

Quelles sont les principales différences entre Pro A et Pro B ?

Déjà en Pro A, on arbitre à trois. Il va donc falloir que je revoie tous mes déplacements. Et apprendre à moins siffler. Tu peux passer six minutes sans donner le moindre coup de sifflet, pas même une touche, et devoir en donner trois en une minute. Il faut donc rester hyperconcentré. Par ailleurs, l'intensité, la vitesse de jeu est supérieure. Il faut être encore plus réactif.

Comment se prépare un arbitre de haut niveau ?

Physiquement d'abord. Mais l'outil indispensable c'est la vidéo. J'y passais déjà beaucoup de temps, ça va être encore pire cette saison. Un arbitre est crédible à 50 % sur ses coups de sifflets et à 50 % sur sa faculté à gérer les situations spéciales. Et pour ça, on n'a pas le choix, il faut connaître tous les joueurs, tous les entraîneurs, leurs caractéristiques, leur caractère… Après dix ans en Pro B, j'ai acquis une petite réputation. Aujourd'hui, je vais devoir faire ma place en Pro A, et ils vont tous me tester, je le sais. Je vais aussi devoir découvrir la plupart des salles de Pro A… Et bosser sérieusement mon anglais (rires). À ce niveau, la communication est encore plus essentielle.

Vu de l'extérieur, l'arbitrage peut paraître une activité très ingrate, très exposée à la critique. Vous ne vous êtes jamais découragé ?

Pas du tout. On vit tellement de moments superbes ! Arbitrer l'équipe de France, siffler un match dans la salle mythique de Limoges… Rentrer sur le terrain avec les clés du match, en tant que garant des règles et de l'équité sportive, c'est un truc passionnant. Ce sentiment dépasse tout le reste. Les noms d'oiseaux, on n'y prête plus attention. Bon, quand 3 000 personnes vous sifflent, on l'entend évidemment, mais heureusement c'est très rare. Et puis un bon arbitre se doit de rester dans sa bulle, d'être au-dessus de l'événement.

Cette hostilité des gradins n'est-elle pas un frein aux vocations ?

Certainement. Mais on n'empêchera jamais les excités de s'exciter ! En revanche, on peut éduquer les gens. C'est vers cette voie que l'on tend dans les Landes où, sous l'impulsion de Pierre Dufau (président de la CDAMC), des projets intéressants ont été initiés. Je pense que si de 15 à 20 ans, l'arbitrage est inculqué au sein même de la formation du joueur, ce dernier, qui en appréhendera les difficultés, aura plus de recul sur la pratique.



Quelles sont les qualités requises pour être un arbitre de haut niveau ?

Il faut d'abord être bien entouré. Sans Claudine Latrubesse (vice-présidente du comité des Landes), ma formatrice au niveau région qui m'a inculqué le goût du travail et la rigueur, et les conseils avisés de Jean-Charles Roman (arbitre international de Pau), je n'en serais pas là. Après, la base c'est la connaissance du jeu et la fiabilité du jugement. Et sans vouloir me vanter, je crois avoir ces qualités. Il faut savoir donner des repères aux joueurs et s'y tenir.

Comment conciliez-vous cette passion avec votre vie professionnelle et familiale ?

C'est vrai que je ne vois pas ma femme et ma petite fille Maiana aussi souvent que je le voudrais. La Pro A jouant le samedi, le lundi et le mardi, ça va être très compliqué à concilier avec le boulot (il est en charge des livraisons chez Guignard à Sainte-Colombe, NDLR). Jusqu'ici je m'adapte. Je travaille sur mes jours de repos pour pouvoir partir arbitrer. Je fais deux semaines en une en quelque sorte. Certains arbitres ont des postes aménagés, mais ce n'est pas mon cas. En France, il y a seulement cinq arbitres pro, ils s'occupent de la formation.

Rêvez-vous de championnat d'Europe ou du monde ?

Pour moi, c'est raté. Pour passer international, il faut avoir 35 ans maximum, et j'en ai 37 ans. En revanche, en Pro A, je peux encore espérer passer de troisième à deuxième arbitre (dans les 22 meilleurs). L'idée c'est de toujours chercher à progresser. À ce niveau, on n'a pas le droit de s'endormir.


Source : SUD-OUEST