jeudi, novembre 27, 2014

DISTRICT DORDOGNE-PERIGORD : 3 mois de prison avec sursis pour l'agresseur

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , ,


Publié le 27/11/2014 : Ce 8 juin dernier, sur le terrain municipal d’Antonne-et-Trigonnant, dernière journée de championnat de deuxième division de district opposant le premier du classement Périgueux foot (qui quelque soit le résultat du match conservait sa première place) au second Antonne.
C’était un match sans enjeux. Ce devait être une fête du football. Et tout à basculé à la 62e minute quand le numéro 9 du Périgueux foot, Khalid Saadaoui, 36 ans, mécontent de l’arbitrage et passablement énervé s’en est pris physiquement au jeune arbitre officiel de 23 ans, Jonathan Blondy, avant d’outrager son arbitre assistante en des termes peu élogieux alors qu’il quittait le terrain pour se rendre aux vestiaires. Il recommencera d’ailleurs une heure et demi plus tard au moment de quitter le stade: « ce n’est pas lui que j’aurai dû piétiner, c’est elle ».

A la barre, Khalid Saadaoui, 1,86 m pour 90 kilos impressionne. Il est plutôt bien bâti et assez musclé. Il se définit lui-même comme « un compétiteur, très impliqué. J’ai peut-être pris ce match trop à cœur ». Les faits, il les reconnaît. « J’ai craqué, j’ai fait n’importe quoi. Ça s’est passé tellement vite, après coup, j’ai regretté. J’ai très bien compris que c’était grave ». Pourtant, avant ce match, il dit n’avoir pris qu’un seul carton jaune au cours de la saison. « D’accord, je suis mauvais perdant, mais je n’ai jamais eu de problème avec les arbitres ».

Le match avait pourtant bien démarré, même si en première mi-temps Antonne marquait un premier but et que l’arbitre effectuait plusieurs rappels à l’ordre. « Il n’y avait aucune volonté du trio arbitral d’être trop sévère », témoigne Jonathan Blondy. « La volonté était de ne pas mettre d’avertissement, sauf en cas de force majeure, car Périgueux foot devait disputer une finale quelques semaines plus tard. Je suis pédagogue ».

En mode de guerre

Mais de rappel à l’ordre en rappel à l’ordre, la tension monte. « Ils sont venus en mode de guerre », estime le prévenu. L’arbitrage agace Khalid Saadaoui qui y voit beaucoup « d’injustices ». Un de ses coéquipiers est victime d’un tacle sévère, mais pour l’arbitre, il n’y a pas penalty. Dans la foulée l’équipe d’Antonne contre-attaque et marque un deuxième but. Khalid Saadaoui, à qui on avait déjà demandé de se calmer se mord le poing. Un geste qu’interprète Jonathan Blondy qui sort un carton jaune. Le joueur voit rouge et fonce sur l’arbitre. Il lui balaye la jambe droite, le fait tomber à terre et lui donne des coups de pied dans le dos et les jambes.

Jonathan Blondy, lui, qui officie depuis six ans comme arbitre, se recroqueville sur lui-même, se protège la tête et pleure. Le joueur sera arrêté par ses coéquipiers qui interviennent rapidement. Pour ce geste, Khalid Saadaoui a été suspendu par la fédération française de football. Pendant dix ans il a interdiction de rejouer au football ou d’entraîner des jeunes. Jonathan Blondy a pu reprendre l’arbitrage quinze jours après les faits, mais il avoue qu’il est marqué.

« La violence ne doit jamais être banalisée », rappelle Me David Bertol, l’avocat des deux victimes. « Il a transformé la passion en cauchemar ». Et de demander 5 000 euros de dommages et intérêts pour l’arbitre, 1 500 euros pour son assistante et 1 000 pour l’Union nationale des arbitres. « On a du mal à comprendre un tel déchaînement de violence. La fête a été totalement gâchée à cause de monsieur Saadaoui », souligne le procureur Stéphane Renard qui requiert quatre à six mois d’emprisonnement avec sursis assorti de 210 heures de travail d’intérêt général.

« Il a manqué de sérénité ce jour là face à des injustices », estime pour sa part Me Caroline Vergne, l’avocate du prévenu. « Il a conscience qu’il a commis une faute. Certes, c’est inadmissible, mais je ne veux pas qu’on fasse de monsieur Saadaoui un exemple ». Evoquant des problèmes personnels, elle reprend, « il n’a pas su gérer cet excès de colère ».

Khalid Saadaoui sera finalement condamné à trois mois de prison assorti d’un sursis de 150 heures de travail d’intérêt général à accomplir dans un délai de 18 mois. En outre, il est condamné à 200 euros pour outrage à l’égard de l’arbitre assistante. Il devra également verser 1 500 euros à Jonathan Blondy pour préjudice moral et 291, 68 euros pour préjudice matériel, plus 500 euros pour préjudice moral à l’arbitre assistante, 500 euros à l’Union nationale des arbitres de football, 600 euros pour les frais d’avocat et enfin 624,71 euros à la MSA au titre des indemnités journalières. Khalid Saadaoui a dix jours pour faire appel de sa condamnation.

Source : L'ECHO