mardi, janvier 27, 2015

HANDBALL - Julie BONAVENTURA : « On suit ce que l’IHF nous transmet »

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , ,

Publié le 27/01/2015 - Acteurs si peu évoqués et pourtant incontournables, VoxStadium a choisi de mettre en avant ceux qui sont responsables de la bonne tenue du jeu : les arbitres. Formation, différences entre le niveau national et international, place des femmes dans le handball sont les différentes problématiques de notre rencontre avec Julie Bonaventura. Une interview qui arrive au cœur d’un début d’année étonnamment mouvementé pour le corps arbitral.

En effet, s’il y a bien une catégorie d’acteurs du handball qui a commencé l’année 2015 sans round d’observation, c’est celle des arbitres. Tout d’abord avec la sortie inattendue du bureau directeur de la fédération sur un avis favorable pour la professionnalisation des arbitres en France. Cette mesure est accompagnée du recrutement annoncé d’un manager pour les arbitres retenus comme étant de l’élite française.

Ensuite, l’application des nouvelles directives au mondial 2015 au Qatar fait grand bruit. Un arbitrage jugé trop dur, faisant la part belle au « flopping », un terme que l’on pensait réservé aux basketteurs. Interrogée avant le mondial justement sur ces nouvelles règles et après un Euro féminin réussit en décembre, Julie Bonaventura apporte des éléments de réponse.

Vox Stadium : Bonjour, pourrais-tu te présenter rapidement à ceux et celles qui ne te connaissent pas ?

Julie Bonaventura : Je m’appelle Julie Bonaventura, 34 ans et arbitre internationale et pour la D1 française avec ma sœur Charlotte.

VS : Vous sortez d’une nouvelle compétition internationale avec l’Euro 2014 féminin. Quelles ont été vos impressions sur l’ambiance, le niveau global de la compétition ?

J. B. : Pour notre part, on a eu de la chance de tomber sur deux groupes A et B de la Roumanie et ses cars de supporters, et à Györ pour la Hongrie où c’était plein ! Puis ensuite la Hongrie à Debrecen avec les supporters locaux… C’est pas mal !
Pour le niveau, les poules étaient pour notre part assez homogènes entre le Danemark, la Hongrie, l’Espagne… Certaines équipes comme la Serbie ou le Monténégro ont déçu en comparaison de ce que l’on attendait, et comme on se trouve entre deux J.O., le niveau est relativement faible entre les différents renouvellements d’équipes. Ça travaille fort en vue de 2016, et quand on regarde les Pays-Bas ou même la France tout simplement, on sent que ça avance.

VS : Cependant même si vous avez – logiquement – arbitré la finale à l’Euro 2014 après la finale du premier Final4 féminin, on vous laisse peu aller sur les compétitions internationales masculines alors que vous arbitrez en LNH. Une raison ?

J. B. : Pour être franche, la seule raison c’est que ça reste un univers assez macho. Des binômes féminins sur des féminins, ok. Mais des binômes féminins sur des masculins, ça reste compliqué, les instances sont assez frileuses. On a quand même eu un test pendant les J.O., une grande première en international avec des garçons, probablement pour nous tester… Et je pense que cela a été plutôt concluant.

VS : De manière générale, la France est bien représentée chez les arbitres. Après le duo de choc Lazaar et Reveret, Dentz et Reibel sont allés au final4 de Cologne et Reveret avec Pichon va retrouver un mondial. Des raisons à ce succès français ?

J.B. : Je ne sais pas s’il y a une recette miracle, mais c’est clair que la formation fonctionne. Je pense que ça vient du fait qu’à toutes les échelles, on est observés, et en premier lieu sur notre passion qui est un moteur essentiel. Ensuite, la progression se fait sans brûler les étapes, sur un système de paliers où on valide notre niveau.
On a également la chance d’avoir un niveau de jeu en France qui augmente sans cesse ces dernières années. Aussi bien en LNH que chez les filles où le championnat attire de nombreuses joueuses renommées, ce qui nous permet de suivre le niveau en travaillant et progressant également.

VS : Il y a-t-il beaucoup de différences entre un arbitrage national ou international ? Les demandes sont-elles différentes entre les ligues nationales ou l’EHF et l’IHF ?

J.B. : Non. On suit les directives que l’IHF nous transmet. Il n’y a rien de particulier (rire). Parfois, l’IHF fait des demandes précises. Par exemple pour le Qatar, ils ont demandé à être plus stricts sur les poussettes en l’air, et gare à celui qui ne l’applique pas ! En France, on reprend ces directives dès le début de saison, on arbitre de la même façon.
On essaie de ne pas varier également entre filles-garçons. Il faut arbitrer de la même manière, avec sérieux et application. Si on commence à se dire que là pour les filles on fait comme ça, et pour les garçons non… On perd en crédibilité, et performance.

VS : Au niveau de la rémunération, les arbitres de handball sont réputés pour n’avoir qu’une professionnalisation et rémunération limitées qu’en est-il de ce côté-là ? Les promesses après les différents scandales ont-elles été tenues ?

J.B. : En vérité, le sujet s’est imposé de lui-même quand BeIn Sport a décidé de programmer les matches en semaine. Cela nous oblige à prendre une journée de congé en semaine, ce qui même avec des employeurs conciliants est difficile ! La sonnette d’alarme a été tirée à la rentrée pour gérer ce problème. C’est encore plus problématique avec les internationaux, à qui on demande de prendre 2-3 semaines de congés à chaque compétition, en plus. À l’heure d’aujourd’hui, où ça en est… Je n’en ai aucune idée ! J’ai appris les nouvelles comme tout le monde, peut-être un sujet qui sera évoqué à la rentrée.
C’est un peu la patate chaude : qui paye ? Les clubs, la ligue ou la fédération ? La LNH et la fédération semblent avoir pris la mesure de l’urgence, des risques qu’il pouvait y avoir. Et ça, encore, j’ai aucune bille pour l’avancer.

VS : S’il fallait retenir un match particulier dans votre carrière ?

J.B. : Pas un seul match en particulier, mais plutôt une compétition avec les J.O. de Londres. C’était tellement énorme, je souhaite que chacun puisse en vivre un de l’intérieur. On profite, c’est une grande fête où tous les sports sont accessibles. Particulièrement avec la cérémonie d’ouverture, là on était pas derrière la télévision, on était dedans. Cette compétition fut un rêve éveillé du début à la fin.

VS : Dernière question, comment différencier Julie de Charlotte à coup sûr ?

J.B. : Parfois sur les photos on se trompe nous-mêmes, on recherche un indice ! Petite astuce : on a pas le micro du même côté. Moi, à droite et Charlotte à gauche… Enfin, je crois (rire).

Source : VOXSTADIUM