Stéphanie Frappart officiera en Ligue 2 à la rentrée (crédit : L'Express) |
A trente ans, après avoir opéré
trois saisons en National, Stéphanie Frappart a été promue "F2" et
dirigera des rencontres de Ligue 2 dès l'été prochain. Une première en France
en tant qu'arbitre centrale. Entretien.
Stéphanie, vous attendiez-vous à
cette promotion en Ligue 2 ?
L'année dernière, j'avais fini
cinquième. On espère toujours faire mieux que la saison précédente. Cela dépend
aussi des performances des autres arbitres, on a huit évaluations par saison,
et on ne connaît pas les notes, on a juste un retour oral. C'est donc toujours
un peu aléatoire. Ce qui est bien, c’est que je suis reconnue par mes
compétences, par les clubs. Au début, on est testée, attendue mais la saison
s'est très bien déroulée.
Comment en êtes-vous venue à
l'arbitrage ?
J'ai joué chez moi à Herblay dans
le Val d'Oise. J'ai commencé à jouer à dix ans, et puis à treize ans, j'ai
voulu apprendre les règles, j'ai suivi une première formation sur les règles du
foot à sept avec mon District, je faisais arbitre dans l'école de football du
club. Et je me suis prise au jeu. A dix-huit ans, il a alors fallu choisir, et
le football féminin était peu développé à l'époque. J'avais plus de chance
d'évoluer dans l'arbitrage.
Y a-t-il un comportement
différent des joueurs vis-à-vis d’une femme arbitre ?
Il y a toujours une barrière, ça
canalise certaines attitudes. Après il y a quand même des contestations, si ce
n'est pas la bonne décision. Le rapport hommes/femmes qui peut être différent
mais un joueur reste un joueur dans la compétition. Il y a juste une adaptation
au contexte.
"J'ai fait un choix de
vie"
Comment se préparent les
rencontres pour une arbitre de National ?
On connait nos désignations dix
jours avant, on gère nous-même nos déplacements. On a une semaine de
préparation du match, on regarde les clubs, leur classement, des vidéos. Il y a
l'aspect physique avec quatre à cinq entraînements par semaine. Tout se met en
place progressivement.
Est-ce que la Ligue 2 et
l’environnement va changer votre approche ?
Cette année, j'étais aussi
quatrième arbitre en Ligue 2. Le passage du monde amateur au monde pro est
différent, au niveau du jeu, des joueurs. Faire quatrième arbitre permet de
voir, de s'imprégner. Pour ce qui est de l'organisation, entre la Ligue 2 et le
National, il n'y a pas beaucoup de différence. Quand tout va bien, ça va, pour
gérer physiquement, c'est plus compliqué. On a une préparation technique, accès
à des vidéos. On a un soutien pour être accompagné sur la gestion des émotions.
N’est-ce pas trop difficile de
conjuguer vie et arbitrage ?
J'ai fais un choix de vie. C'est
important de conserver une tâche professionnelle. Car on peut faire vite
l'ascenseur. Cela permet d'avoir une accroche avec la vie réelle, de préparer
l'avenir. Il faut savoir concilier boulot et entraînements. Je travaille à la
Fédération Sportive & Gymnique du Travail, je suis responsable du service des
activités.
"On ne prépare pas assez les
filles"
Sur le plan international, est-ce
que disputer une Coupe du Monde féminine est un objectif ?
Je suis actuellement en première
catégorie (juste en dessous de la Top List). L'objectif est de pouvoir aller à
la Coupe du Monde. Il y a avant la Coupe du Monde U20 au Canada qui est l'un
des paliers pour entrer dans la Top List déjà établie. Le fait d'avoir dirigé
la finale de l'Euro U19F en Turquie a été un premier pas. Cela m'a permis de me
montrer des instances.
Que pensez-vous du niveau actuel
en Division 1 féminine ?
Le niveau a changé, il y a
toujours quelques différences. Les matchs de D1 féminine sont d'un niveau
National/CFA en terme d'intensité mais les contacts sont différents. Il y a une
vraie évolution vers le haut depuis sept ans. Le niveau des femmes a aussi
beaucoup évolué à l'international sur les gros matchs.
A l'inverse de la D1, l’arbitrage
féminin a du mal à s’imposer. Est-ce que votre présence en Ligue 2 peut
susciter des vocations ?
J'espère. Une des contraintes
pour accéder à l'arbitrage, est que l'on ne prépare pas assez les filles. Ça
doit être un point à prendre en compte dès le départ. Il faut sensibiliser
là-dessus.
Propos recueillis par Sébastien
Duret - Source http://www.footofeminin.fr