mercredi, juin 25, 2014

ARBITRAGE FRANCAIS : Une Femme en LIGUE 2

Par Eric WIROTIUS-BELLEC





Stéphanie Frappart officiera en Ligue 2 à la rentrée (crédit : L'Express)


A trente ans, après avoir opéré trois saisons en National, Stéphanie Frappart a été promue "F2" et dirigera des rencontres de Ligue 2 dès l'été prochain. Une première en France en tant qu'arbitre centrale. Entretien.



Stéphanie, vous attendiez-vous à cette promotion en Ligue 2 ?
L'année dernière, j'avais fini cinquième. On espère toujours faire mieux que la saison précédente. Cela dépend aussi des performances des autres arbitres, on a huit évaluations par saison, et on ne connaît pas les notes, on a juste un retour oral. C'est donc toujours un peu aléatoire. Ce qui est bien, c’est que je suis reconnue par mes compétences, par les clubs. Au début, on est testée, attendue mais la saison s'est très bien déroulée.




Comment en êtes-vous venue à l'arbitrage ?
J'ai joué chez moi à Herblay dans le Val d'Oise. J'ai commencé à jouer à dix ans, et puis à treize ans, j'ai voulu apprendre les règles, j'ai suivi une première formation sur les règles du foot à sept avec mon District, je faisais arbitre dans l'école de football du club. Et je me suis prise au jeu. A dix-huit ans, il a alors fallu choisir, et le football féminin était peu développé à l'époque. J'avais plus de chance d'évoluer dans l'arbitrage.

Y a-t-il un comportement différent des joueurs vis-à-vis d’une femme arbitre ?
Il y a toujours une barrière, ça canalise certaines attitudes. Après il y a quand même des contestations, si ce n'est pas la bonne décision. Le rapport hommes/femmes qui peut être différent mais un joueur reste un joueur dans la compétition. Il y a juste une adaptation au contexte.

"J'ai fait un choix de vie"

Comment se préparent les rencontres pour une arbitre de National ?
On connait nos désignations dix jours avant, on gère nous-même nos déplacements. On a une semaine de préparation du match, on regarde les clubs, leur classement, des vidéos. Il y a l'aspect physique avec quatre à cinq entraînements par semaine. Tout se met en place progressivement.




Est-ce que la Ligue 2 et l’environnement va changer votre approche ?
Cette année, j'étais aussi quatrième arbitre en Ligue 2. Le passage du monde amateur au monde pro est différent, au niveau du jeu, des joueurs. Faire quatrième arbitre permet de voir, de s'imprégner. Pour ce qui est de l'organisation, entre la Ligue 2 et le National, il n'y a pas beaucoup de différence. Quand tout va bien, ça va, pour gérer physiquement, c'est plus compliqué. On a une préparation technique, accès à des vidéos. On a un soutien pour être accompagné sur la gestion des émotions.

N’est-ce pas trop difficile de conjuguer vie et arbitrage ?
J'ai fais un choix de vie. C'est important de conserver une tâche professionnelle. Car on peut faire vite l'ascenseur. Cela permet d'avoir une accroche avec la vie réelle, de préparer l'avenir. Il faut savoir concilier boulot et entraînements. Je travaille à la Fédération Sportive & Gymnique du Travail, je suis responsable du service des activités.

"On ne prépare pas assez les filles"

Sur le plan international, est-ce que disputer une Coupe du Monde féminine est un objectif ?
Je suis actuellement en première catégorie (juste en dessous de la Top List). L'objectif est de pouvoir aller à la Coupe du Monde. Il y a avant la Coupe du Monde U20 au Canada qui est l'un des paliers pour entrer dans la Top List déjà établie. Le fait d'avoir dirigé la finale de l'Euro U19F en Turquie a été un premier pas. Cela m'a permis de me montrer des instances.

Que pensez-vous du niveau actuel en Division 1 féminine ?
Le niveau a changé, il y a toujours quelques différences. Les matchs de D1 féminine sont d'un niveau National/CFA en terme d'intensité mais les contacts sont différents. Il y a une vraie évolution vers le haut depuis sept ans. Le niveau des femmes a aussi beaucoup évolué à l'international sur les gros matchs.

A l'inverse de la D1, l’arbitrage féminin a du mal à s’imposer. Est-ce que votre présence en Ligue 2 peut susciter des vocations ?
J'espère. Une des contraintes pour accéder à l'arbitrage, est que l'on ne prépare pas assez les filles. Ça doit être un point à prendre en compte dès le départ. Il faut sensibiliser là-dessus.

Propos recueillis par Sébastien Duret - Source http://www.footofeminin.fr