Lorsque Jérôme Champagne, 56 ans, parle des dynamiques géopolitiques qui dictent le football mondial à l'heure actuelle, il sait à quoi il a affaire. Ce Français, qui se présente à la présidence de la FIFA, est passé par Sciences Po puis par l'ENA avant d'embrasser en 1983 une carrière de diplomate qui le mènera sur différents continents. C'est là qu'il y connaîtra Fernand Sastre et Michel Platini, coprésidents du comité d'organisation de France 98. Le début d'une carrière où ballon rond et diplomatie seront étroitement liés. S'il renoue avec la FIFA, qu'il a quitté il y a quatre ans, c'est pour en viser le sommet. Auparavant lieutenant du président Sepp Blatter, Jérôme Champagne est à l'heure actuelle le seul candidat déclaré à la Présidence de la FIFA, dont le lauréat sera élu le 29 mai 2015 à Zurich. Avec son programme "Hope For Footb-All", il entend bien rééquilibrer le monde du football entre les continents. Alors c'est forcément avec un œil avisé d'ancien diplomate qu'il s'est confié sur cette élection qui va déterminer l'avenir du football.
"Le football a énormément bénéficié de la globalisation", commence à m'expliquer Jérôme Champagne. "C'est le sport n°1 dans le monde. Seulement, avec la globalisation, que cela soit dans le football ou dans d'autres secteurs, on voit bien que la gouvernance du monde est en difficulté. Aujourd'hui, la globalisation a bénéficié au football, mais à 1% seulement: les plus riches fédérations, clubs, etc. Cette globalisation a entraîné des inégalités entre les continents, à l'intérieur des continents et à l'intérieur-même des compétitions." M. Champagne prolonge son propos, s'appuyant sur le football africain: "Il y a aujourd'hui plus d'argent en Afrique qu'il y a 20 ans; mais les écarts se sont encore plus accrus."
Une situation que l'on retrouve également en Europe. "Il y a 20 ans, le football européen était globalement homogène parce qu'à l'époque du rideau de fer, l'Europe était encore unie au niveau du football. Mais on a remplacé le rideau de fer politique par un rideau de fer financier. Nous avons aujourd'hui une Europe divisée, même à l'intérieur des pays et des ligues. Aujourd'hui, le défi est le suivant: soit on va continuer l'élitisation du football, ce que j'appelle la NBAsation du football. Soit on défend une autre alternative avec une FIFA qui fait plus pour le développement. C'est très important car cette décision de 2015 marquera le football."
"Le football a énormément bénéficié de la globalisation", commence à m'expliquer Jérôme Champagne. "C'est le sport n°1 dans le monde. Seulement, avec la globalisation, que cela soit dans le football ou dans d'autres secteurs, on voit bien que la gouvernance du monde est en difficulté. Aujourd'hui, la globalisation a bénéficié au football, mais à 1% seulement: les plus riches fédérations, clubs, etc. Cette globalisation a entraîné des inégalités entre les continents, à l'intérieur des continents et à l'intérieur-même des compétitions." M. Champagne prolonge son propos, s'appuyant sur le football africain: "Il y a aujourd'hui plus d'argent en Afrique qu'il y a 20 ans; mais les écarts se sont encore plus accrus."
Une situation que l'on retrouve également en Europe. "Il y a 20 ans, le football européen était globalement homogène parce qu'à l'époque du rideau de fer, l'Europe était encore unie au niveau du football. Mais on a remplacé le rideau de fer politique par un rideau de fer financier. Nous avons aujourd'hui une Europe divisée, même à l'intérieur des pays et des ligues. Aujourd'hui, le défi est le suivant: soit on va continuer l'élitisation du football, ce que j'appelle la NBAsation du football. Soit on défend une autre alternative avec une FIFA qui fait plus pour le développement. C'est très important car cette décision de 2015 marquera le football."
Alors que la Coupe du Monde brésilienne s'est refermée sur le sacre de l'Allemagne, ce grand cru 2014 livre également d'autres leçons pour l'avenir. Pour Jérôme Champagne, la première est que "le football d'équipe nationales est beaucoup plus compétitif que le football de club". Le candidat à la présidence de la FIFA s'explique: "Dans le football de club, il y a aujourd'hui une tendance à l'élitisation et donc les résultats deviennent de plus en plus prévisibles. En football d'équipe nationale, il y a une plus grande incertitude, on voit de nouvelles équipes qui apparaissent. La carte mondiale du football est en train de changer".
La carte change, les règles également avec cette petite révolution de la Goal Line Technology, le dernier gadget arbitral mis en place sur les pelouses: "On avait promis le chaos avec la technologie pour l'arbitrage mais on voit que ça marche très bien ", répond Jérôme Champagne. "On voit bien qu'on pourrait aujourd'hui introduire plus de technologies. Je fais des propositions très concrètes sur l'arbitrage: on introduit la technologie seulement quand le ballon est arrêté. Il y a trois cas de figure. Le premier est si le but est marqué et qu'il y a une dispute sur le hors-jeu. Ensuite, si la faute qui donne un penalty a eu lieu à l'intérieur ou à l'extérieur de la surface, et enfin dans les cas d'expulsions."
Pour lui, l'arbitrage vidéo est désormais nécessaire: "J'ai toujours défendu qu'il fallait aider les arbitres pour éviter de commettre des injustices. Je me réjouis de voir aujourd'hui que M. Blatter (le président de la FIFA, ndlr) évolue sur ce point-là avec l'idée qu'un entraineur pourrait demander deux fois par match le recours à la vidéo. Moi je pense que c'est à l'arbitre de prendre cette initiative. Néanmoins, on voit bien qu'aujourd'hui, la technologie qui peut aider les arbitres à ne pas commettre d'injustices commence à être acceptée." En effet, lentement mais sûrement, les mentalités se mettent à jour sur ce sujet, même si rien n'est gagné.
Jérôme Champagne a par ailleurs fait du problème majeur des différences accrues entre les continents et pays son cheval de proue pour la campagne de 2015. Selon lui, "il y a plusieurs solutions qui consistent à augmenter les programmes de développement" pour redistribuer les cartes entre les régions dans la planète football. Son premier constat, "la Premier League anglaise [qui] vend ses droits 40M de dollars en Inde par an. Rien n'est redistribué pour aider le football indien". Il apparait donc important de "créer une sorte de contribution de droits TV" pour rééquilibrer la balance entre les différents pays. Autre option évoquée, "l'augmentation des mécaniques de solidarité pour les clubs formateurs" qui devraient davantage bénéficier des transactions de joueurs qu'ils ont formés. Enfin, M. Champagne souhaite "réimposer une obligation de formation pour les gros clubs", qui "ne forment plus mais achètent". Un constat véridique qui traduit l'évolution actuelle du football mondial.
Mais aucune de ces mesures annoncées ne pourra être prise si la FIFA ne réaffirme pas son autorité et sa légitimité. Aujourd'hui critiquée de toutes parts, en partie à cause de différents scandales qui ont ébranlé l'institution, la FIFA "connait aujourd'hui les mêmes scepticismes qu'à l'égard des gouvernements", analyse Jérôme Champagne. L'élection du Qatar pour organiser la Coupe du Monde, entre corruption et maltraitance des ouvriers locaux, contribue à ces critiques. "Je trouve bien qu'on amène la coupe du monde dans une région qui ne l'a jamais organisée" dit tout d'abord Jérôme Champagne. Avant de modérer son propos: "Je ne juge pas à travers ce qui est dit dans la presse. Le Qatar doit bénéficier de la présomption d'innocence. Il y a une enquête en cours, on doit savoir ce qu'il s'est passé."
Aujourd'hui seul candidat déclaré, M. Champagne ne souhaite pas tergiverser sur les probables candidatures de Sepp Blatter ou de Michel Platini. Mais veut développer et confronter les points de vue de chacun: "je suis pour le débat. Je crois que c'est nécessaire. J'ai proposé qu'il y ait des débats organisés devant les présidents de fédérations qui vont voter et également qu'ils aient lieu sur les chaines de télé continentales, comme pour les élections présidentielles. Beaucoup des critiques faites à la FIFA sont injustes, mais je pense qu'il faut rénover l'image, ce qui fera partie de cette phase de réconciliation" explique M. Champagne. Avec comme objectif d'avoir "une FIFA plus forte, plus démocratique, plus respectée et donc respectable. Une FIFA plus active sur les questions de développement et de réduction des inégalités."
Un objectif qu'il va tenter d'appliquer en se faisant élire l'an prochain. Déjà connu dans le milieu, son programme a séduit plusieurs anciennes gloires du ballon rond, qui lui ont apporté leur soutien. "Pour les soutiens, chaque chose en son temps. Mais on ne peut pas faire mieux que commencer par Pelé!" confie-t-il en riant. Car celui qui est considéré comme le plus grand joueur de l'histoire a décidé de suivre le programme qui se veut le plus égalitaire possible, celui de Jérôme Champagne. Un signe annonciateur d'un changement qui parait nécessaire pour le football mondial?
Mais aucune de ces mesures annoncées ne pourra être prise si la FIFA ne réaffirme pas son autorité et sa légitimité. Aujourd'hui critiquée de toutes parts, en partie à cause de différents scandales qui ont ébranlé l'institution, la FIFA "connait aujourd'hui les mêmes scepticismes qu'à l'égard des gouvernements", analyse Jérôme Champagne. L'élection du Qatar pour organiser la Coupe du Monde, entre corruption et maltraitance des ouvriers locaux, contribue à ces critiques. "Je trouve bien qu'on amène la coupe du monde dans une région qui ne l'a jamais organisée" dit tout d'abord Jérôme Champagne. Avant de modérer son propos: "Je ne juge pas à travers ce qui est dit dans la presse. Le Qatar doit bénéficier de la présomption d'innocence. Il y a une enquête en cours, on doit savoir ce qu'il s'est passé."
Aujourd'hui seul candidat déclaré, M. Champagne ne souhaite pas tergiverser sur les probables candidatures de Sepp Blatter ou de Michel Platini. Mais veut développer et confronter les points de vue de chacun: "je suis pour le débat. Je crois que c'est nécessaire. J'ai proposé qu'il y ait des débats organisés devant les présidents de fédérations qui vont voter et également qu'ils aient lieu sur les chaines de télé continentales, comme pour les élections présidentielles. Beaucoup des critiques faites à la FIFA sont injustes, mais je pense qu'il faut rénover l'image, ce qui fera partie de cette phase de réconciliation" explique M. Champagne. Avec comme objectif d'avoir "une FIFA plus forte, plus démocratique, plus respectée et donc respectable. Une FIFA plus active sur les questions de développement et de réduction des inégalités."
Un objectif qu'il va tenter d'appliquer en se faisant élire l'an prochain. Déjà connu dans le milieu, son programme a séduit plusieurs anciennes gloires du ballon rond, qui lui ont apporté leur soutien. "Pour les soutiens, chaque chose en son temps. Mais on ne peut pas faire mieux que commencer par Pelé!" confie-t-il en riant. Car celui qui est considéré comme le plus grand joueur de l'histoire a décidé de suivre le programme qui se veut le plus égalitaire possible, celui de Jérôme Champagne. Un signe annonciateur d'un changement qui parait nécessaire pour le football mondial?
SOURCE : THE HUFFINGTON POST