lundi, juillet 14, 2014

FOOTBALL : Stephane LANNOY nous livre son avis sur la Finale...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , ,






Stéphane Lannoy, arbitre français numéro 1 et chroniqueur pour Le Monde pendant toute la compétition, revient sur le match de son confrère italien, Nicola Rizzoli, lors de cette finale et fait le bilan de cette Coupe du monde.

Cette finale a conclu une Coupe du monde plutôt bien arbitrée, à part quelques erreurs notamment en début de Mondial. L'un des fait de jeu de ce dernier match, au Maracana, a été la sortie de Manuel Neuer sur Gonzalo Higuain à la 57e minute. C'est une situation compliquée à arbitrer à tous points de vue. D'abord parce que l'action se situe à la lisière de la surface, ensuite, il faut définir si la première intention du gardien allemand était de jouer le ballon ou de percuter le joueur adverse.

Or, depuis le début du Mondial, Neuer a souvent joué hors de sa zone avec une excellente lecture du jeu et une maîtrise parfaite de ses gestes. Quand on revoit l'action, on voit qu'il dégage le ballon en s'élançant d'une manière assez violente. De la perspective de l'arbitre, c'est très compliqué de pénaliser l'action. Soit il ne siffle rien, soit il juge qu'il y a faute et accorde un coup franc aux Argentins. Mais, dans ce cas-là, il doit justifier que le joueur se rend coupable d'une faute grossière. Là, c'est difficilement justifiable. On est loin de la sortie de Schumacher sur Battiston en 1982, où, là, son intention première n'était pas de jouer le ballon mais l'attaquant français.


HOMMAGE AUX ARBITRES ASSISTANTS

L'autre décision qui aurait pu faire basculer le match, est l'action de Benedikt Höwedes sur Pablo Zabaleta à la 33e minute. C'est un tacle à hauteur de genou et M. Rizzoli aurait pu clairement prendre une sanction bien plus lourde. Là, nous sommes confrontés à une décision type d'une finale de Coupe du monde. Nous sommes à la demi-heure de jeu, si l'arbitre sort le rouge, la rencontre bascule, c'est certain. Sa décision aura un tel impact sur le reste de la rencontre, qu'il doit être sûr à 200 %. C'est la même chose sur un penalty litigieux. Si sanction il y a, elle doit être limpide comme si on voyait l'action en vidéo. Apparemment, elle ne l'était pas pour l'arbitre italien.

Dans l'ensemble, M. Rizzoli a fait un très bon match. Il a une expérience énorme et ses compétences vont sûrement être encore plus reconnues après cette finale. Il a très bien maîtrisé les débats et a contrôlé le match. Il y a eu deux ou trois situations chaudes mais à aucun moment il n'a été dépassé. C'est aussi l'occasion de rendre hommage aux arbitres assistants [Renato Faverani, Andrea Stefani et Carlos Vera] qui ont été remarquables en sifflant des hors-jeu cruciaux, notamment sur le but refusé d'Higuain et le rebond du ballon sur le poteau côté allemand. A ce niveau de compétition, le mérite revient à toute l'équipe et pas seulement à l'arbitre central.
"Il y a eu très peu d'attroupements autour des arbitres durant ce Mondial."


INNOVATIONS CONCLUANTES

Ce Mondial a été l'occasion de tester des innovations. D'abord la grande nouveauté a été la technologie sur la ligne de but et c'est clairement une avancée. On ne peut plus laisser cette responsabilité à un arbitre quand la vidéo, infaillible, elle, peut, de manière quasi immédiate, juger si le ballon passe ou non la ligne. Il y a tout de même un petit réglage à faire.

Lors de France-Honduras, le ballon rebondit sur le poteau. Sur les écrans du stade apparaît instantanément « No goal ». Puis, dans un deuxième temps, le ballon finit par rentrer et il s'affiche « Goal ». D'où ce moment de flottement dans le stade. C'est un point à améliorer. Le spray, pour placer le mur sur coup franc, est un outil très intéressant et ça ne m'étonnerait pas qu'on l'adopte bientôt en Ligue 1.

Plus globalement, sur cette Coupe du monde, on a noté une volonté claire de la part des arbitres de faire vivre le jeu. On a beaucoup moins vu, à quelques exceptions près, des coups de sifflets intempestifs pour des fautes mineures. J'ai également trouvé qu'il y a eu une évolution en termes de respect des joueurs entre eux et vis-à-vis de l'arbitre. On a vu peu d'attroupements autour des arbitres pour mettre en doute leurs décisions.

C'est peut-être dû au fait que cette Coupe du monde a été très ouverte et chaque carton pouvait coûter cher. On l'a vu avec le second carton jaune de Thiago Silva en quarts de finale, qui le prive de demi-finale. Il faut rappeler que, depuis quelques années, il y a eu un travail de fond de la FIFA et de l'UEFA sur les valeurs d'exemplarité auprès de chaque fédération et sélection. Et il semblerait que cela ait porté ses fruits.

Source : LE MONDE