«Que les arbitres soient au service du jeu»
A trois jours du début de la saison de L1, le directeur technique de l'arbitrage, Pascal Garibian, a évoqué le travail préparatoire des arbitres, l'accent mis sur une appréciation affinée du hors-jeu et surtout l'importance «d'être au service du jeu».
«Pascal Garibian, quel message avez-vous souhaité faire passer aux arbitres à l'orée de la nouvelle saison ?
Notre politique technique aujourd'hui est dictée par l'exemple de la Coupe du monde, qui a été un formidable prisme pour voir à quel point les arbitres ont été des facilitateurs de jeu. Nous souhaitons que les arbitres soient au service du jeu. Se "hâter lentement", prendre le temps d'analyser la situation, faire le tri entre une micro-faute et une faute qui a une conséquence sur le jeu... Nous sommes déjà parmi les européens qui sifflons le moins. Néanmoins pour cette saison, et c'est le message principal que nous avons fait passer aux arbitres : "mettez vous au service du jeu". Mais ils ne pourront pas le faire tout seuls. Si les joueurs n'adhèrent pas à cette philosophie, ils ne pourront pas continuer en ce sens, parce que si à chaque micro-faute un joueur s'arrête, si ça génère des comportements qui font que l'arbitre est obligé de siffler, il ne pourra pas être un facilitateur de jeu.
«Toute la difficulté est de faire la différence entre la vraie faute majeure et la micro-faute qui est amplifiée.»
Quels aspects du jeu ont été particulièrement revus ou travaillés ?
En premier lieu, le hors-jeu. L'International Board a précisé l'interprétation que devaient avoir les arbitres de la notion "intervenir dans le jeu, en touchant ou en jouant le ballon". Etre en position de hors-jeu n'est pas une faute en soi, ça devient sanctionnable sous certaines conditions. Un joueur en position de hors-jeu qui disputera le ballon en effectuant un mouvement vers le ballon à distance de jeu -laquelle n'est pas métrée, tout dépend du gabarit des joueurs-, avec pour conséquence de réduire la capacité de l'adversaire à jouer le ballon, sera sanctionnable. Auparavant, il y avait un flou sur cette notion "à quel moment le joueur joue le ballon ?". C'était "uniquement lorsque qu'il le touche". Aujourd'hui c'est aussi quand il impacte le jeu de l'adversaire. On a aussi travaillé sur la gestion de la surface de réparation. Nous avons demandé aux arbitres d'être vigilants sur "l'inacceptable". Les joueurs doivent pouvoir jouer de la tête, doivent pouvoir se déplacer dans la surface de réparation sans être ceinturés. Avec discernement, car toute la difficulté pour nos arbitres c'est de faire la différence entre la vraie faute majeure qui a eu pour conséquence d'empêcher l'adversaire de jouer et la micro-faute qui est amplifiée, voire la simulation. On leur a dit : "attachez-vous à ne pas passer à côté de l'intolérable".
Une nouvelle platerforme vidéo
Comment les arbitres prépareront-ils les matchs ?
Les arbitres bénéficieront d'une nouvelle plateforme vidéo, avec des centaines de matchs du secteur professionnel à disposition, pour travailler, préparer leurs matchs. Avec des outils de séquençages qui vont leur permettre de se préparer ou d'échanger avec d'autres arbitres, sans considérer que le constat technique ou comportemental d'un joueur va forcément se reproduire le match d'après. Les joueurs, les équipes ne réagissent pas de la même manière avec les arbitres. Le management, la personnalité comptent. Ils auront également accès à une synthèse vidéo de leurs rencontres dont ils pourront nous envoyer des séquences d'images. Cela devra leur permettre de débriefer les situations particulières, qu'elles soient positives ou négatives. Il y a un nombre de bonnes décisions qui doivent être partagées en stage. Tout comme les négatives, pour mieux comprendre pourquoi telle décision est erronée ou telle posture de management a été prise. »
Source : AFP