L’arbitre s’est fait… voler son calepin!
« En 37 ans de football, je n’avais jamais vu un truc pareil! » Frédéric Bapst, 42 ans, est toujours titulaire au FC Suchy (4e ligue). Mais ce qu’il a vécu dimanche a dépassé tout ce qu’il pouvSuchy-Valmontait imaginer. Retour sur un dimanche après-midi complètement fou.
« En 37 ans de football, je n’avais jamais vu un truc pareil! » Frédéric Bapst, 42 ans, est toujours titulaire au FC Suchy (4e ligue). Mais ce qu’il a vécu dimanche a dépassé tout ce qu’il pouvSuchy-Valmontait imaginer. Retour sur un dimanche après-midi complètement fou.
Suchy, le chaudron du dimanche matin
Le FC Suchy-Sports joue en général le dimanche matin, à 10h, dans son chaudron. Ses supporters sont réputés assez chauds et pas forcément les plus accueillants du canton, mis à part à la buvette après le match. Ce match face à Valmont II se déroulait pourtant à 16h, de manière exceptionnelle, pour que Yann Rouilly, l’entraîneur du FCSS, ait le temps de rentrer de vacances. Jusque-là, rien de bien spectaculaire. Mais le déroulement du match l’a été un peu plus, c’est peu de le dire!
Emir Omerovic: « On lui posait une question, il sortait le jaune »
Le FC Valmont II, visiteur du jour, est en effet reparti de Suchy avec une défaite 5-0, mais surtout… quatre cartons rouges pour réclamations! Emir Omerovic, co-entraîneur du FCV II, ne décolérait pas après la rencontre: « L’arbitre n’a pas dû bien lire l’e-mail que l’ACVF lui a envoyé (*lire en fin d'article)! Il y a dû avoir 4 ou 5 fautes du match, rien de violent, mais on finit avec quatre rouges! On lui posait une question, il sortait le carton jaune! » Omerovic lui-même s’est fait expulser avant la mi-temps. Suchy évoluait d’ailleurs à 11 contre 8 à la reprise!
L’arbitre arrête le match à la 87e, se sentant menacé
Valmont a donc fini à sept joueurs, suite à l’expulsion de Gloddy Ntweba à la 87e. En voyant le plan-fixe, beaucoup ont pensé que cette 4e expulsion a motivé l’arrêt du match. Or, il n’en est rien. La réalité? Ntweba, furieux de son deuxième avertissement, a tout simplement… volé le calepin de l’arbitre, ce que confirme Emir Omerovic. « Oui, c’est vrai. Je ne sais pas ce qui lui a pris, c’était un geste de rage. J’étais changé au bord du terrain et je suis allé le récupérer tout de suite pour le redonner à l’arbitre. » Une version certifiée exacte par Yann Rouilly, entraîneur du FCCS. « Oui, c’est exactement ce qui s’est passé. L’arrêt de jeu a duré un bon moment, et, pendant ce temps, des enfants qui jouaient vers la buvette sont entrés avec leur petit vélo sur le terrain. Le jeu était arrêté et ils ont juste fait un tour. Ce sont des enfants, ils ont juste fait un tour sur le terrain. Ils ont 4 ou 5 ans, pas plus. Mais l’arbitre a arrêté le match pour invasion du terrain! Un truc de fou! On ne parle pas d’adolescents, mais d’enfants. »
Un match « chez les paysans »
Emir Omerovic, lui, regrette bien sûr tous ces cartons rouges et ne nie pas la mauvaise attitude de ses troupes. « On était trop nerveux et je ne peux pas nier qu’il y a eu des insultes. Mais aucune faute, j’insiste! » Le seul carton rouge du match pour jeu dur a d’ailleurs été infligé au FC Suchy. « Oui, un deuxième jaune, rien à dire », explique Yann Rouilly, qui connaît bien le FC Valmont. « Tous les joueurs, je les connais, le football nord-vaudois est un petit monde. On sait bien ce qu’ils pensent, que venir à Suchy, c’est venir jouer chez les paysans. Tout ça, on connaît, et un brin de chambrage ne fait pas de mal. Mais là, ils ont dépassé les bornes, avec toute la sympathie que je peux avoir pour eux. »
Valmont propose de rejouer le match
Reste que « l’envahissement du terrain » ayant techniquement été à l’origine de l’arrêt du match, Suchy pourrait bien avoir match perdu 0-3! « Si c’est le cas, j’arrête d’entraîner. J’arrête le football, vous pouvez l’écrire », tonne Yann Rouilly. Emir Omerovic, lui, ne veut pas de cette issue: « Suchy ne mérite pas ça. Patrick Pereira, entraîneur avec moi, a écrit à Michel Despland, de l’ACVF, pour lui dire qu’une défaite 0-3 de Suchy serait injuste. Yann Rouilly a raison, ce sont des enfants qui sont entrés sur le terrain, il n’y avait aucune menace pour l’arbitre. Celui-ci a complètement craqué, il était dépassé par les événements, y compris pendant le match. Plutôt que de gagner 0-3, je propose que l’on rejoue le match. Sincèrement, tout le monde est d’accord avec moi à Valmont, on ne mérite pas trois points suite à ce qui s’est passé. »
Reste que « l’envahissement du terrain » ayant techniquement été à l’origine de l’arrêt du match, Suchy pourrait bien avoir match perdu 0-3! « Si c’est le cas, j’arrête d’entraîner. J’arrête le football, vous pouvez l’écrire », tonne Yann Rouilly. Emir Omerovic, lui, ne veut pas de cette issue: « Suchy ne mérite pas ça. Patrick Pereira, entraîneur avec moi, a écrit à Michel Despland, de l’ACVF, pour lui dire qu’une défaite 0-3 de Suchy serait injuste. Yann Rouilly a raison, ce sont des enfants qui sont entrés sur le terrain, il n’y avait aucune menace pour l’arbitre. Celui-ci a complètement craqué, il était dépassé par les événements, y compris pendant le match. Plutôt que de gagner 0-3, je propose que l’on rejoue le match. Sincèrement, tout le monde est d’accord avec moi à Valmont, on ne mérite pas trois points suite à ce qui s’est passé. »
Yann Rouilly: « On a dû enfermer l’arbitre pour assurer sa sécurité »
Cette proposition ne satisfait pas Yann Rouilly: « Je remercie Emir, mais ce match, on ne le rejouera pas. J’ai parlé au président, c’est exclu, et il est d’accord avec moi. Valmont prend quatre cartons rouges, un joueur vole son calepin, plusieurs d’entre eux menacent l’arbitre à la fin, au point qu’on a dû l’enfermer dans la buvette pour assurer sa sécurité, et ils veulent rejouer le match, alors qu’on gagnait 5-0 à la 87e? C’est un peu facile comme technique, je me vois bien faire ça au prochain match que je perds. Deux spectateurs mettent le pied sur le terrain et je propose de rejouer, grand seigneur. Je vois bien leur manœuvre, mais on n’a absolument rien fait d’autre que d’être exemplaire. Ah pardon, j’oubliais les deux dangereux hooligans de 4 et 5 ans. Sérieusement… L’arbitre était en danger, je le répète ».
Celui-ci a donc choisi d’arrêter le match, ne se sentant plus en sécurité, et il s’agit évidemment de son droit le plus strict. Lui seul peut décider quand il se sent menacé, et il est évident que « l’envahissement » du terrain par les enfants n’y est pour rien, même si c’est après celui-ci que l’arrêt du match a techniquement eu lieu.
L’ACVF se prononcera sans doute mardi soir
Voilà pour la version des faits des deux équipes. L’ACVF aura du travail, comme chaque mardi soir, pour faire la part des choses et prendre la meilleure décision possible, en s’appuyant sur le rapport de l’arbitre. Aucune déclaration de part de l’ACVF n’est à attendre avant la prise des sanctions éventuelles. Nous contacterons évidemment les personnes compétentes une fois le verdict connu.
Source : FOOTVAUD
*Le message envoyé aux arbitres suisses
«La priorité doit aller à la protection des joueurs»
« Je préfère toujours lire un rapport de match dans lequel un arbitre a adressé trois cartons jaunes pour jeu dur à un autre où l’arbitre a averti trois joueurs pour réclamations. » Michel Despland a le sens de la formule. Le chef des arbitres de l’ACVF a ainsi adressé un rappel à tous les hommes en noir la semaine dernière, par e-mail. Ce qu’il a écrit dans son courrier électronique? « Rien de révolutionnaire ou de nouveau, rassurez-vous. J’ai simplement souhaité mettre l’accent sur la protection des joueurs, qui est notre priorité absolue. »
« Je préfère toujours lire un rapport de match dans lequel un arbitre a adressé trois cartons jaunes pour jeu dur à un autre où l’arbitre a averti trois joueurs pour réclamations. » Michel Despland a le sens de la formule. Le chef des arbitres de l’ACVF a ainsi adressé un rappel à tous les hommes en noir la semaine dernière, par e-mail. Ce qu’il a écrit dans son courrier électronique? « Rien de révolutionnaire ou de nouveau, rassurez-vous. J’ai simplement souhaité mettre l’accent sur la protection des joueurs, qui est notre priorité absolue. »
« Il s’agit simplement d’un rappel »
Pourquoi maintenant, spécialement? « Il y a plusieurs facteurs qui m’ont poussé à écrire ce mail à ce moment précis de la saison. Déjà, nous avons eu quelques joueurs emmenés à l’hôpital ces dernières semaines. Il n’y a pas péril en la demeure et souvent, nous avons affaire à des faits de jeu, pas à des agressions. Mais nous arrivons vers l’hiver, les terrains deviennent gras et il est important de mettre l’accent sur la sécurité de tous. J’ai donc demandé une vigilance accrue aux arbitres sur cet aspect-là. Cela ne veut pas dire qu’ils ne le faisaient pas, ou qu’ils le faisaient mal. Il s’agit simplement d’un rappel de ce que j’avais déjà dit avant la saison et lors de la séance avec les clubs, à Bavois », continue le chef des arbitres.
A-t-il vraiment constaté une recrudescence des blessures graves ces derniers temps? « Oui, mais de nouveau, on ne parle pas d’une augmentation des agressions ou des gestes dangereux. Je ne crois vraiment pas que ce soit le cas. »
Un carton pour jeu dur plutôt que pour réclamation
Simplement, il vaut mieux prévenir que de guérir et l’action de l’ACVF ne vise pas à faire entrer plus d’argent dans les caisses via les amendes infligées aux joueurs écopant de cartons jaunes et rouges. Car Michel Despland prône une plus grande tolérance pour les réclamations. Enfin, pas tout à fait. « Disons que je préfère un arbitre qui dit fermement à un joueur qu’il doit arrêter de réclamer. Il y a d’autres moyens d’affirmer son autorité que de mettre un carton. Ce que je trouve illogique, et je vous le dis comme je le pense, c’est le cas d’un joueur qui réclame pour un hors-jeu et prend un carton, alors que cinq minutes plus tard, il subit une faute et que son adversaire s’en sorte sans un avertissement. La priorité doit aller à la protection des joueurs, pour le bien de tout le monde »
Les arbitres vaudois ont déjà pu passer un week-end avec cet e-mail dans la tête. Trop tôt pour tirer un bilan, encore, mais le message est passé.