Derrien: ''L'arbitre ne peut être juge, avocat et procureur''
Notre chroniqueur Bruno Derrien revient ce lundi sur l'affaire des matches présumés truqués, en particulier la rencontre Caen-Nîmes (1-1) qui avait contribué à maintenir le club gardois en Ligue 2 et pesé dans la montée en Ligue 1 du Stade Malherbe la saison dernière. "Les arbitres ne sont pas trop concernés, résume-t-il. On leur en demande déjà beaucoup, non ?"
Bruno, la justice s'intéresse à plusieurs matches joués en fin de saison dernière par Nîmes et notamment à la rencontre contre Caen, qui s'était soldée par un match nul 1-1…
(Il coupe) Ça ne relève pas de l'arbitrage. Les arbitres ne sont pas trop concernés par cette affaire. Il y avait des officiels… L'arbitre de ce match (Bartolomeu Varela, NDLR) a fait un rapport, la suite ne lui appartient plus. L'arbitre ne siège pas dans les commissions de discipline, il ne siège pas dans les instances. Il est là pour faire appliquer les lois du jeu sur le terrain.
Mais avant toute chose, fallait-il reporter ce match si près de la fin de saison (la rencontre était initialement prévue le 14 mars, mais le club gardois avait été bloqué en raison des mauvaises conditions climatiques) ?
Encore une fois, ce ne sont pas les arbitres qui décident de ça, ça relève du règlement intérieur de la Ligue. L'arbitre, lui, a constaté le jour même que l'équipe de Nîmes n'était pas arrivée en temps et en heure, il a donc fait un rapport. Les suites appartiennent aux commissions compétentes. Les gens croient que ce sont les arbitres qui prennent les décisions… Non, les arbitres sont sur le terrain ! Après, tout ce qui est disciplinaire, sanction, carton, ferme, trois matches, six mois, ce ne sont plus eux qui décident, ce sont les commissions compétentes.
Cela vous est déjà arrivé de faire face à d'interminables séances de passes à dix sur le terrain ?
Jamais. Et c'est tant mieux, parce que je n'aurais pas aimé, j'aurais été mal à l'aise ! Mais au moins, quand il y a des matches comme ça, l'arbitre n'est pas critiqué à la fin, c'est déjà ça… À mon époque, il y avait déjà des droits TV en fonction du rang, mais moins importants, donc, dans les matches entre équipes du ventre mou du Championnat, lors de la dernière journée, il est peut-être arrivé qu'il y ait moins d'envie, parce que l'on pensait aux vacances…
Et à la télé ?
Je me souviens du match RFA-Autriche en 82 qui m'avait choqué profondément. Mais que faire ? L'arbitre peut dénoncer les deux équipes, mais, après, ce sont aux instances de prendre leurs décisions, pas aux arbitres. Les arbitres, on leur en demande déjà assez, on ne va pas leur demander de marquer des buts ou d'obliger les équipes à jouer.
La frontière entre lever le pied en fin de saison et s'arranger sur un résultat est mince, vous ne trouvez pas ?
Oui, mais, encore une fois, l'arbitre a suffisamment à faire sur le terrain. Appliquer les lois du jeu, c'est déjà beaucoup. Il ne va quand même pas gérer tout ce qui est à côté ! On lui en demande déjà beaucoup, non ? Il y a des commissions et des délégués pour faire ça…
Dans ces cas-là, l'arbitre est en quelque sorte pris en otage…
Comme tout le monde, comme les spectateurs. Mais qu'est-ce qu'il va faire d'autre ? Il peut faire un rapport, s'il estime qu'il y a des faits qui se sont passés qui méritent d'être mentionnés, il le fait. Encore une fois, la suite ne lui appartient plus ! Il ne peut pas être juge, avocat, procureur et tout ce que l'on veut. Non, non !
D'ailleurs, quelle forme prend un rapport ?
Il n'y a pas de forme-type. En haut à gauche, moi je mettais mon prénom, mon adresse… C'était comme si je faisais une note ou un rapport personnel. Quand ce sont des incidents mineurs, on remplit des cases sur le Net, on envoie tout par mail, c'est rapide. Mais quand j'avais des incidents plus importants, je prenais le temps de rédiger tout ça comme un rapport officiel, un rapport qui relatait les faits in extenso: il s'est passé telle chose à telle minute, le joueur numéro cinq a frappé le joueur numéro sept en lui assenant un violent coup de tête, le joueur a quitté le terrain, l'exclu a quitté le terrain sans contestation ou l'exclu a manifesté sa désapprobation après ma décision, il a mis 30 secondes ou deux minutes à quitter la pelouse… Vous voyez, il faut être précis. Il faut raconter tout ce qui s'est passé, mais uniquement relater, en aucun cas prendre parti. L'arbitre n'a pas à dire que cette faute mérite trois matches, que ce carton rouge mérite cinq matches… Non, l’arbitre n'est pas dans ce rôle-là.
Notre chroniqueur Bruno Derrien revient ce lundi sur l'affaire des matches présumés truqués, en particulier la rencontre Caen-Nîmes (1-1) qui avait contribué à maintenir le club gardois en Ligue 2 et pesé dans la montée en Ligue 1 du Stade Malherbe la saison dernière. "Les arbitres ne sont pas trop concernés, résume-t-il. On leur en demande déjà beaucoup, non ?"
Bruno, la justice s'intéresse à plusieurs matches joués en fin de saison dernière par Nîmes et notamment à la rencontre contre Caen, qui s'était soldée par un match nul 1-1…
(Il coupe) Ça ne relève pas de l'arbitrage. Les arbitres ne sont pas trop concernés par cette affaire. Il y avait des officiels… L'arbitre de ce match (Bartolomeu Varela, NDLR) a fait un rapport, la suite ne lui appartient plus. L'arbitre ne siège pas dans les commissions de discipline, il ne siège pas dans les instances. Il est là pour faire appliquer les lois du jeu sur le terrain.
Mais avant toute chose, fallait-il reporter ce match si près de la fin de saison (la rencontre était initialement prévue le 14 mars, mais le club gardois avait été bloqué en raison des mauvaises conditions climatiques) ?
Encore une fois, ce ne sont pas les arbitres qui décident de ça, ça relève du règlement intérieur de la Ligue. L'arbitre, lui, a constaté le jour même que l'équipe de Nîmes n'était pas arrivée en temps et en heure, il a donc fait un rapport. Les suites appartiennent aux commissions compétentes. Les gens croient que ce sont les arbitres qui prennent les décisions… Non, les arbitres sont sur le terrain ! Après, tout ce qui est disciplinaire, sanction, carton, ferme, trois matches, six mois, ce ne sont plus eux qui décident, ce sont les commissions compétentes.
Cela vous est déjà arrivé de faire face à d'interminables séances de passes à dix sur le terrain ?
Jamais. Et c'est tant mieux, parce que je n'aurais pas aimé, j'aurais été mal à l'aise ! Mais au moins, quand il y a des matches comme ça, l'arbitre n'est pas critiqué à la fin, c'est déjà ça… À mon époque, il y avait déjà des droits TV en fonction du rang, mais moins importants, donc, dans les matches entre équipes du ventre mou du Championnat, lors de la dernière journée, il est peut-être arrivé qu'il y ait moins d'envie, parce que l'on pensait aux vacances…
Et à la télé ?
Je me souviens du match RFA-Autriche en 82 qui m'avait choqué profondément. Mais que faire ? L'arbitre peut dénoncer les deux équipes, mais, après, ce sont aux instances de prendre leurs décisions, pas aux arbitres. Les arbitres, on leur en demande déjà assez, on ne va pas leur demander de marquer des buts ou d'obliger les équipes à jouer.
La frontière entre lever le pied en fin de saison et s'arranger sur un résultat est mince, vous ne trouvez pas ?
Oui, mais, encore une fois, l'arbitre a suffisamment à faire sur le terrain. Appliquer les lois du jeu, c'est déjà beaucoup. Il ne va quand même pas gérer tout ce qui est à côté ! On lui en demande déjà beaucoup, non ? Il y a des commissions et des délégués pour faire ça…
Dans ces cas-là, l'arbitre est en quelque sorte pris en otage…
Comme tout le monde, comme les spectateurs. Mais qu'est-ce qu'il va faire d'autre ? Il peut faire un rapport, s'il estime qu'il y a des faits qui se sont passés qui méritent d'être mentionnés, il le fait. Encore une fois, la suite ne lui appartient plus ! Il ne peut pas être juge, avocat, procureur et tout ce que l'on veut. Non, non !
D'ailleurs, quelle forme prend un rapport ?
Il n'y a pas de forme-type. En haut à gauche, moi je mettais mon prénom, mon adresse… C'était comme si je faisais une note ou un rapport personnel. Quand ce sont des incidents mineurs, on remplit des cases sur le Net, on envoie tout par mail, c'est rapide. Mais quand j'avais des incidents plus importants, je prenais le temps de rédiger tout ça comme un rapport officiel, un rapport qui relatait les faits in extenso: il s'est passé telle chose à telle minute, le joueur numéro cinq a frappé le joueur numéro sept en lui assenant un violent coup de tête, le joueur a quitté le terrain, l'exclu a quitté le terrain sans contestation ou l'exclu a manifesté sa désapprobation après ma décision, il a mis 30 secondes ou deux minutes à quitter la pelouse… Vous voyez, il faut être précis. Il faut raconter tout ce qui s'est passé, mais uniquement relater, en aucun cas prendre parti. L'arbitre n'a pas à dire que cette faute mérite trois matches, que ce carton rouge mérite cinq matches… Non, l’arbitre n'est pas dans ce rôle-là.
Source : SPORTS.FR