samedi, mai 16, 2015

UNAF / SAFE : Bernard SAULES & Stéphane LANNOY unis contre la violence...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , ,

Publié le 16/05/2015 - Ils réclament des sanctions plus dures et regrettent le manque de soutien de la Fédération française de foot. Deux grands noms de l’arbitrage, Stéphane Lannoy et Bernard Saules, poussent un coup de gueule contre la violence.

Ce sont deux pointures du sifflet qui crient leur ras-le-bol. L’international Stéphane Lannoy ainsi que Bernard Saules, leur représentant à la Fédération française de football (FFF), ont pris un peu de temps en marge du congrès des arbitres de l’élite jeudi à Châtelaillon en Charente-Maritime, pour parler avec Charente Libre de la violence dont sont victimes leurs collègues amateurs.

Attention, ça tacle!

Un arbitre charentais a été blessé dimanche dernier par un joueur de Vindelle lors d’un match amateur à Baignes. Une agression deplus qui rappelle le statut fragile de l’arbitre de foot?

Bernard Saules. Les arbitres de football sont cent fois plus victimes d’agressions que ceux des autres sports collectifs. Je n’ai de cesse de le rappeler. Alors la FFF a créé un observatoire de la violence. Il montre que 400 arbitres amateurs sont frappés chaque année. Mais la FFF ramène ça au nombre de matchs joués: ça ne fait que 0,6% de rencontres à problème. C’est epsilon et passé aux oubliettes. Mais on parle quand même de 400 agressions! On n’a pas encore eu de mort. C’est une chance!

Pourquoi autant de violence dans le football?

Bernard Saules. Le foot est un sport très populaire. Ce qui expliquerait que la violence s’y traduise plus qu’au hand ou au rugby. Cela dit, les études prouvent qu’il y a le même pourcentage d’erreurs d’arbitrage dans tous les sports. La différence, c’est qu’au foot, un match se joue à un petit but de différence et qu’une erreur d’arbitrage peut faire basculer un score.

Les sanctions sont-elles suffisantes en cas d’agression?

Bernard Saules. Vous savez ce que ça coûte de cracher sur un arbitre au hand ou au basket? C’est la radiation. Chez nous, c’est six mois! Nous avons demandé l’an passé que chaque agression d’arbitre soit sanctionnée d’une radiation. Quelle a été la réponse de la FFF? Aucune... Nous sommes méprisés par nos instances dirigeantes!

Les joueurs, dirigeants et entraîneurs de Ligue1 ne montrent pas franchement l’exemple non plus...

Stéphane Lannoy. On déplore ce manque d’exemplarité. Le drame, c’est que tout le monde a son avis sur l’arbitrage. Joueur, entraîneur, président de club: chacun y va de sa déclaration médiatique. Ce n’est pas acceptable. Car la répercussion est immédiate. Bien évidemment que quand un comportement a été mis sous les feux des projecteurs le samedi soir, eh bien il y a un copier-coller sur les terrains le dimanche après-midi. Car il y a une identification à la star.

À la télévision, on voit les joueurs systématiquement contester vos décisions. Ne faudrait-il pas interdire qu’on vous parle?

Bernard Saules. Heureusement qu’on nous parle! En hand, rugby ou basket, je vous garantis que le rapport arbitre-joueur est courtois. On l’a aussi au football. Ce que nous ne supportons pas, c’est que le joueur lève les bras au ciel, harangue la foule.

Stéphane Lannoy. Ce n’est pas forcément de la contestation. C’est aussi parfois une manifestation de frustration. Discuter avec l’arbitre peut aussi être constructif. Cela peut permettre de désamorcer un certain nombre de conflits.


Source : CHARENTE LIBRE