Publié le 21/06/2019 - Pierluigi Collina répond à certaines questions sur l'arbitrage à France 2019, discute de l'utilisation du VAR et de l'application des lois du jeu récemment modifiées.
Collina: “Des performances d'arbitrage conformes à nos attentes”
Alors que la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, France 2019 est à mi-parcours, tous les participants au tournoi font le point et réfléchissent aux succès et aux défis qu’il a connu à ce jour.
Les officiels du match et ceux qui les supervisent ne sont pas différents, et Pierluigi Collina, président de la commission d’arbitrage de la FIFA, a répondu à certaines des questions et critiques soulevées lors de la phase de groupes.
La phase de groupes de cette Coupe du Monde Féminine est maintenant terminée. Quelles sont vos impressions jusque là?
Pierluigi Collina: Absolument positif. L’intérêt suscité par la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2019 est très élevé, même dans les pays où le football féminin n’est pas très populaire. Si l’objectif était «Dare to Shine», je peux dire qu’il a été atteint.
Dans quelle mesure êtes-vous satisfait des performances des arbitres jusqu'à présent?
L’évaluation globale est conforme à nos attentes. Le département Arbitrage de la FIFA et en particulier Kari Seitz, notre responsable de projet pour France 2019, ont travaillé d'arrache-pied avec les officiels du match au cours des dernières années. Vingt-quatre équipes d'arbitres appartenant aux six confédérations ont été désignées au cours de la phase de groupes. Elles ont fait preuve d'un engagement élevé et de qualités.
Le 2 mars, le conseil de l'Association internationale de football (IFAB) a décidé d'apporter un certain nombre de modifications aux lois du jeu. Ces modifications sont entrées en vigueur quelques jours avant la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en France et sont donc utilisées pour la première fois dans une compétition de la FIFA.
Est-ce que tout s'est bien passé jusqu'à présent ou y a-t-il eu des incompréhensions ou des interprétations erronées de ces nouvelles lois?
Bien que les changements soient entrés en vigueur le 1er juin, les 24 équipes ont été informées immédiatement après la décision prise le 2 mars. En outre, ils ont reçu l'autorisation d'utiliser les nouvelles lois lors des matches amicaux qu'ils ont disputés entre mars et juin. Enfin, à leur arrivée dans leur siège respectif, chaque équipe a reçu la visite d’un membre du département des arbitres de la FIFA, qui a proposé aux entraîneurs et aux joueurs les éclaircissements qu’ils souhaitaient.
Il n’est donc pas surprenant que ces changements aient été bien compris et reçus par tout le monde. La nouvelle procédure de tir au but a également fluidifié la reprise du jeu et réduit les pertes de temps avec la nouvelle procédure de substitution. Ne pas avoir d'attaquants dans le mur de défense a évité certains des problèmes auxquels nous étions confrontés dans le passé, et jusqu'à présent, le comportement des officiels de l'équipe a été très bon. Et les pénalités sont finalement prises de manière correcte car, dans le passé, les gardiens de but les sauvaient souvent en s'écartant de la ligne de but.
Vous mentionnez les tirs au but, qui sont peut-être le sujet le plus discuté et le plus critiqué en ce qui concerne l'utilisation du VAR. La règle elle-même a également été critiquée. Comment le concept peut-il être expliqué à tout le monde?
Tout d’abord, je rappelle à tous que, pendant longtemps, les gardiens de but ont dû garder les deux pieds sur la ligne de but jusqu’à ce qu’un penalty se fasse. Cela rendait très difficile pour un gardien de but de sauver une pénalité et également pour les arbitres d'appliquer ce que la loi dicte. Après avoir compris cela, nous avons discuté de cette question avec les joueurs et les entraîneurs et avons finalement décidé d’aider les gardiens de but en leur permettant de n’avoir qu’un pied sur la ligne de but au lieu de deux. Depuis ce changement, leur travail est nettement plus facile qu'auparavant et il leur est également plus facile de respecter la loi en vigueur que la version précédente. Ensuite, si une loi existe, les arbitres doivent la faire respecter, en particulier lorsque des outils tels que VAR ou GLT sont disponibles.
Pour les décisions factuelles, le nombre de centimètres importe peu. Si un ballon dépasse la ligne de but de quelques centimètres, un but doit toujours être accordé. Et si une faute est commise dans la surface de réparation de quelques centimètres, un coup de pied de réparation doit être donné. Il en va de même pour le hors-jeu car il n’y a pas de «petit» ou de «gros» hors jeu - il y a tout simplement un hors-jeu. Aujourd’hui, les arbitres ne peuvent justifier une erreur en disant qu’ils ne pouvaient pas voir parce que VAR et GLT sont là pour les aider dans leurs prises de décision. Par conséquent, si un gardien de but commet une infraction telle qu'empiéter avant le coup de pied de réparation, le VAR ne peut rien faire d'autre qu'intervenir et informer l'arbitre que le coup de pied de réparation doit être repris et que le gardien de but est averti.
La situation est différente avec l’empiétement d’autres joueurs qui restent sous le contrôle de l’arbitre. VAR ne peut intervenir sur le terrain que si les joueurs empiétant sont directement impliqués dans le jeu, si le tir au but rebondit à partir du poteau de but, de la barre transversale ou du gardien de but. Comme je l'ai déjà dit, toutes les équipes ont été dûment informées début mars et les gardiens de but ont eu le temps de s'y habituer. Et comme mentionné, le changement récent rend le travail du gardien de but plus facile qu’avant.
Et donc les arbitres font simplement leur travail en appliquant cette loi?
L’application des lois est la tâche des arbitres et ils ne peuvent s’empêcher de le faire. Cependant, je dois dire que les arbitres font aussi quelque chose de plus, car avant chaque coup de pied de réparation, ils rappellent très clairement au gardien de but ce qu’elle peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire.
Mais si les arbitres doivent respecter cette loi, que se passera-t-il si un match doit être décidé par un tir au but après 120 minutes? Existe-t-il un risque que le gardien de but reçoive un carton rouge s'il empiète plus d'une fois?
La FIFA a demandé et reçu de l'IFAB une dérogation temporaire concernant les tirs au but, autrement dit les sanctions prises à la fin du match pour déterminer le résultat. La mise en garde pour un gardien de but qui a commis une infraction a été introduite dans la loi comme moyen de dissuasion. Mais quoi de mieux dissuasif que le VAR? Il n’est pas possible qu’un gardien de but déplace ses deux pieds hors de la ligne de but sans se faire remarquer. De plus, nous avons estimé que le risque d'une deuxième mise en garde était trop élevé compte tenu du nombre de pénalités appliquées.
Par conséquent, au cours de la phase à élimination directe de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2019, lorsqu'un match sera décidé par pénalités, un empiétement du gardien de but entraînera la reprise de la pénalité, mais pas une mise en garde du gardien. Après la fin du tournoi, les sanctions disciplinaires pour les fautes commises par le gardien de but aux pénalités pourraient être discutées plus en détail au sein des panels de l’IFAB.
Parlons de VAR en général. Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de son utilisation ici en France et quels ont été les défis, le cas échéant?
Je suis très heureux que VAR ait très bien fonctionné jusqu'à présent. Nos arbitres n’ont commencé à pratiquer avec cet outil qu’après la Coupe du Monde de la FIFA 2018 et ont suivi un processus de préparation intensif afin d’être prêts pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA. Je dois admettre cependant que quelques erreurs ont été commises, et bien que cela soit compréhensible, cela n’aurait pas dû se produire, et je le regrette.
Quelles sont vos attentes pour les huitièmes de finale?
Les arbitres vont continuer à travailler très fort pour être prêtes pour les prochaines manches de la Coupe du Monde Femmes, lorsque les matches deviendront plus importants et plus difficiles. Je suis convaincu qu'ils réussiront.
Source : FIFA
