Publié le 18/04/2020 - Agée de 34 ans, l’arbitre internationale assistante, Adia Isseu Cissé n’en finit pas de gravir les échelons. Ayant démarré dans les navétanes lors du match médiour-Gouye-Gui, en 1999, à Rufisque, elle se retrouve promue arbitre internationale en 2010. Adia Isseu Cissé, qui a fait la Coupe d’Afrique des Nations féminine de football au Cameroun en 2016, mais aussi l’édition de 2018 au Ghana, revient sur ses débuts dans l’arbitrage et les obstacles surmontés. Sans occulter ses ambitions dans le milieu du football.
Comment se sont passés vos débuts dans l’arbitrage ?
Chez moi personne ne voulait être arbitre comme mon oncle. Personne ne voulait suivre son chemin alors qu’il avait été un arbitre international (Ndlr : Badara Mamaya Sène). Il avait un beau palmarès (finale de la CAN 1992 à Dakar, Ndlr). Mais mes frères m’ont poussé vers le sifflet. J’ai accepté et ils m’ont donné des livres que j’ai commencé à réviser. En plus, je suivais des cours d’arbitrage au stade jusqu’à faire des tests que j’ai réussis. C’était en fin 1999, début 2000. J’ai été ensuite nommée arbitre internationale en 2010.
Votre parcours a été si linéaire ? Pas d'embûches ?
Au début, ce n’était pas facile. J’étais jeune. J’avais 13 ans et j’étais très petite. Certains disaient «non une petite comme elle, ne peut pas faire un bon match !». J’avais peur, mais après un, deux matchs, j’avais pris de l’assurance. Mon premier match n’était pas facile. J’avais fait des erreurs. Même si c’était bien dans l’ensemble. Tout le monde m’a félicité. Je dirais cependant que ce n’est pas facile d’être femme arbitre. Surtout au milieu des hommes. Au début, on te sous-estime avec des attaques du genre : «tu es une femme, tu n’as pas ta place ici, il faut rester à la maison». Certaines personnes doutaient de l’arbitrage fait par les femmes. On me mettait les bâtons dans les roues pour que je tombe. Mais avec le temps, tout a changé. Les gens ont maintenant l’habitude de voir des arbitres femmes et on fait bien le travail. On fait de bons matchs comme les hommes. On a fait preuve de bravoure et de courage et on s’est imposées dans ce milieu dit des hommes.
Comment voyez-vous l’arbitrage des femmes par rapport aux hommes ?
Les hommes ont plus de compétitions que nous. Ils voyagent plus que nous. Il y a beaucoup plus de compétitions masculines que de compétitions féminines. Aussi bien au niveau national qu’international. Du coup ça ne nous arrange pas trop. A l’étranger, on ne voyage que pour arbitrer des matchs de femmes. Mais ici au Sénégal, on arbitre les matchs des équipes féminines et masculines.
Espérez-vous voir les choses évoluer ?
La Caf (Confédération africaine de football) avait un projet devant nous permettre d’évoluer dans les compétitions masculines notamment pendant les phases de qualifications, c’était en phase test. Depuis lors, ils n’ont encore rien dit. Peut-être que d’ici la fin d’année, ils vont revenir à la charge. Mais pour l’instant, quand on voyage, c’est juste que pour des compétitions féminines. Sur le terrain, on fonctionne pourtant comme les hommes. On a un coach. On s'entraîne. On a un programme qu’on remplit chaque mois. Dans la semaine, quand tu termines ton entrainement, tu envoies ça à la FIFA pour qu’elle voie, si tu es en forme. Du coup, à tout moment, tu dois être en forme. Il n’y a pratiquement pas de risques pour moi parce que l’arbitrage, c’est ma passion chez moi. C’est du sport.
Qu’est-ce que le football a apporté dans votre vie ?
Le sport et l’arbitrage m’ont beaucoup forgé. Il y a eu plus de beaux que de mauvais souvenirs et j’ai beaucoup appris. Je peux dire que j’ai acquis beaucoup d’expérience dans le milieu sportif. Comme disent les lutteurs, «mbapatnaa si arbitrage» (j’ai fait mes classes dans l’arbitrage). J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là et j’ai découvert beaucoup de pays grâce à l’arbitrage. J’ai fait de grandes compétitions en Afrique et à chaque fois que je participe, je termine parmi les meilleurs. Cependant, j’aimerais faire une Coupe du monde ou les Jeux olympiques avant de quitter le milieu.
Source : SUDONLINE
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