Yohan Bako, un joueur de Gaïtcha, a agressé l’arbitre lors du match
contre Magenta, samedi à Numa-Daly. Retour sur une situation de
violence, devenue trop courante, qui empoisonne la vie du football
calédonien.
Le football calédonien est malade de sa violence. Samedi, 15 h 45, stade Numa-Daly, le match entre Magenta et Gaïtcha, un des sommets de Super Ligue entre le champion sortant et son potentiel successeur, se déroule jusque-là sans accroc jusqu’au moment où Yohan Bako stupéfie le stade par un accès de colère totalement imprévisible.
Après un tacle par derrière de Pierre Wajoka sur son coéquipier Damien Wanapopo, Yohan Bako invective l’arbitre, Joseph Dinne, puis se précipite sur lui alors que celui-ci s’apprête à lui donner un second carton jaune. Tout s’enchaîne rapidement. Les deux hommes échangent quelques mots, puis Yohan Bako fauche l’homme en noir et lui assène des coups de pied alors qu’il est au sol. Le match s’arrêtera là. Place alors aux suites judiciaires.
Yohan Bako, 24 ans, venu présenter ses excuses à ses coéquipiers et à l’arbitre, était attendu à sa sortie des vestiaires par des policiers. Des images qu’on voudrait ne plus voir aux abords d’un terrain. Car l’acte du talentueux avant-centre, joueur d’habitude très calme, n’est hélas pas isolé cette saison. Trois rencontres ne sont pas allées à leur terme, une première.
Yohan Bako n’a pas su se contrôler et a commis le geste de trop en
agressant Joseph Dinne.
Il risque une lourde sanction sportive et sera
bientôt jugé en correctionnelle.
Absent. Comment expliquer cette recrudescence d’agressions ? Comme souvent, le corps arbitral se retrouve sur le banc des accusés. Dans le cas du match de samedi, l’arbitre prévu pour diriger la rencontre était absent. Dans l’urgence, les responsables ont trouvé une solution de remplacement en nommant un arbitre n’ayant jamais officié dans l’élite. Une situation banale, dans une Super Ligue où le manque d’hommes en noir est criant. « Les clubs devraient nous fournir trois arbitres et ils ne le font pas, explique Joël Guillerm responsable de la Commission arbitrale. Et, c’est vrai, les arbitres ont peur d’officier. »
S’ils suscitent la crainte, les joueurs, en retour, se sentent frustrés et « incompris », selon les mots de Loïc Vessières, défenseur et capitaine du Mont-Dore. « On s’entraîne toute la semaine et, le jour du match, on a droit à un arbitre remplaçant. Sur le terrain, on sent que les arbitres sont sous pression. On n’a pas un arbitrage de qualité. Bien sûr, ça n’excuse pas l’agression. »
Solution. Lorsqu’il s’agit de pointer du doigt un responsable, le joueur vise plus haut. « En quinze ans de carrière, je n’avais jamais vu de match arrêté. Pour moi, tout part de la fédération. Ça fait deux ans que c’est le bazar. Il y a une ambiance malsaine, on ne sait pas qui dirige, le calendrier est mal géré et les arbitres aussi. C’est à elle de trouver des solutions. »
« Nous allons sanctionner de manière lourde et très rapidement », affirme Nicolas Guillemard, secrétaire général de la fédération.
Au final, les intéressés se renvoient la balle. Mais le malaise, lui, reste présent. Et, le football étant le reflet d’une société, ses racines vont puiser plus profond qu’une simple question arbitrale, selon Jean-Marc Case, ancien capitaine de Gaïtcha devenu entraîneur à Lifou. Il livre son analyse de la situation. « L’équipe de Gaïtcha a été fondée sur la coutume et le respect. La société évolue vite avec une montée de la délinquance et de la violence. Le football et les éducateurs doivent jouer un rôle éducatif et social pour l’endiguer. »
Une hauteur de vue qui tranche avec le marasme et la défiance qui règnent actuellement en Super Ligue.
Source : LNC