Découverte
Antoine, 19 ans, arbitre de la Ligue Champagne-Ardenne a fait le choix, il y a cinq ans, de devenir arbitre. Une fonction qu’il a découverte et qu’il a commencé à apprécier lors du tournoi annuel de son petit club de Muizon, à quelques kilomètres de Reims, dans la Marne. «J’ai joué arrière gauche jusque 16 ans. Je jouais le samedi et j’arbitrais le dimanche. Mais ensuite, quand tu es arbitre et que tu arrives au niveau Ligue, on te fait choisir entre jouer ou arbitrer. Je n’évoluais pas à un super niveau alors j’ai décidé de me consacrer pleinement à l’arbitrage.»
Des circulaires jusqu'au Stade de France, un long périple
«Tu penses avoir fait un bon match, tu attends ses commentaires, et, parfois, le mec te passe un savon, c'est brutal»
Et la Ligue 1 est encore loin ! S’il suit le parcours d’un Clément Turpin, arrivé très jeune dans le monde professionnel, Antoine a encore au moins six saisons à effectuer. Le prochain concours est dans trois ans pour pouvoir diriger des rencontres de CFA ou de CFA2. Ensuite, chaque année, c’est un classement qui définira qui monte, qui descend ou qui reste dans sa division. «Franchement oui, c’est vraiment long. Tu es impatient !» Il faut savoir accepter la critique des observateurs qui viennent vous évaluer. «Tu penses avoir fait un bon match, tu attends ses commentaires, et, parfois, le mec te passe un savon, c’est brutal. Après, le retour chez soi est difficile.»
«Ça devient comme une drogue»
Son mental a dû l’aider. On ne se le cachera pas, diriger une rencontre en amateur n’est pas des plus simples. Entre les tacles sur le terrain, un entraîneur agité sur le banc et des supporters jamais avares d’un petit mot doux, il doit avoir les nerfs solides. «Les insultes, oui, c’est fréquent. Mais ce sont surtout les spectateurs, les parents. Tu fais abstraction parce qu’ils ne sont pas sur le terrain. Ça ne met arrivé qu’une seule fois de me faire insulter par un joueur. Au début, c’est très dur, ça peut très vite faire sortir certains arbitres de leur match. Je ne suis pas un expert de l’arbitrage, mais j’arrive à rester concentré.» Mais depuis cinq ans qu’il foule les pelouses de sa région, Antoine n’a jamais pensé à arrêter. «Quand tu commences en district, c’est le bordel, les matches sont assez hachés donc il y a beaucoup de travail. Il y a énormément d’arbitres qui ont passé le concours, qui ont fait un ou deux ans et qui ont arrêté lorsqu’ils se sont rendus compte de la pression que c’est. Aujourd’hui, il manque beaucoup d’arbitres, notamment au niveau district. Parfois, en région parisienne, le climat pèse tellement… Les entraîneurs sont capables de te mettre dans des situations critiques. Quand tu es arbitre, il faut accepter les remarques et ne pas être trop sûr de soi. Le mental est très important. L’arbitre reste un bouc émissaire.»
À la recherche d'une crédibilité
Pour ça, la goal line technology devrait donner un coup de pouce aux arbitres français à la rentrée. «J’étais plutôt pour mais je ne suis pas du tout favorable à l’arbitrage vidéo. Ça remet en cause l’arbitre, il est déresponsabilisé.» Entre ce climat pesant et l’adrénaline d’une rencontre sifflet en bouche, Antoine a choisi. Il fera tout son possible pour arriver chez les pros et pourquoi pas un jour, arbitrer en Ligue 1, en Ligue des champions, voire en Coupe du monde. Et ne plus passer pour un charlot.