vendredi, février 01, 2019

FFF / LFP - La VAR en Ligue 1 : Qu'en pensent nos deux légendes de l'arbitrage Michel VAUTROT et Joël QUINIOU....

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , , ,


Publié le 01/02/2019 - Depuis plus d'un an, l'Assistance vidéo à l'arbitrage, plus connue sous le nom de VAR, se fait une place dans le monde du foot. De la Coupe du monde à la Ligue 1, tous les acteurs doivent désormais s'habituer à cette nouveauté, y compris les anciens. Deux anciennes figures de l'arbitrage français, Michel Vautrot et Joël Quiniou (5 participations à la Coupe du monde à eux deux), suivent cette évolution de près. Les deux hommes ont accepté de partager leur avis, leurs connaissances du métier et leur nostalgie.

Après six mois de VAR en Ligue 1, pouvez-vous tirer un premier bilan ?


Joël Quiniou : Déjà, il y a eu la confirmation que la VAR n’allait pas tout régler. C’était une évidence. Il faut bien se mettre en tête que l’image n’apporte pas forcément la vérité du terrain. On a tout simplement déplacé le débat du terrain à l’écran, mais il y a toujours les mêmes interrogations, les mêmes incertitudes. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de positif ! Je pense que les arbitres sont plus sereins et il y a un autre point important : les joueurs savent qu’ils ont une épée de Damoclès « Je traîne beaucoup sur internet, les réseaux sociaux et j’ai rarement vu autant de polémiques. Où est le bénéfice ? Pour l’instant, la contestation n’est pas générale parce que les entraîneurs n’ont pas trop l’indécence de cracher sur ce qu’ils ont demandé. Mais on ressent déjà beaucoup d’agacement. »

Michel Vautrot : Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! C’est vrai qu’on a déplacé le problème ! En fait, on parle beaucoup moins des arbitres, mais maintenant, les gens n’ont qu’un mot à la bouche : la VAR. Bon, il y a quelques exceptions, comme avec Karim Abed le week-end dernier, mais c’est un constat ! Je traîne beaucoup sur internet, les réseaux sociaux et j’ai rarement vu autant de polémiques. Où est le bénéfice ? Pour l’instant, la contestation n’est pas générale parce que les entraîneurs n’ont pas trop l’indécence de cracher sur ce qu’ils ont demandé. Mais on ressent déjà beaucoup d’agacement. Puis, il faudrait déjà savoir si on dit le VAR ou la VAR. (Rires.) Moi, je dis le VAR, ça me fait penser au département et on parle bien d'un système de vidéo. 

Quelle place laisse-t-elle à la fameuse interprétation de l’arbitre ? 

JQ : Il faut trouver le bon équilibre. Est-ce qu’on est obligés d’aller systématiquement voir la VAR pour savoir si une main est intentionnelle ? C’est sur cette notion d’interprétation qu’il faut avancer pour qu’on puisse utiliser l’outil de façon moins fréquente et plus cohérente. Ne pas s’appuyer trop souvent sur la VAR, ça permet aussi à l’arbitre de garder de la sérénité dans sa décision. Il ne faut surtout pas déresponsabiliser l’arbitre. Il ne faut pas céder à la solution de facilité qui le pousserait à se dire : « Bon ça va, j’ai la VAR ! » 

MV : Mais les gens se fichent de l’interprétation ! Ils sont dans la passion. La mauvaise foi existera toujours. Derrière la vidéo, ça reste des arbitres qui prennent une décision. Et quoi qu’on fasse, il y aura toujours des critiques et ça se passera ainsi jusqu’à la nuit des temps ! Il y a un problème de fond : on ne veut pas accepter l’erreur d’un arbitre. Pour moi, quand il faut dix ralentis, ce n’est plus une erreur d’arbitrage. Mais les « La VAR n’est pas là pour réarbitrer le match. C’est bien l’arbitre qui va exprimer toutes ses qualités techniques, comportementales et psychologiques. Et tout ça reste fondamental, ce sont des chantiers qui font l’objet de beaucoup de travail à la DTA. »

Justement, est-ce que la place de la VAR n'est pas telle qu’elle fera forcément de l’ombre au côté humain de l’arbitrage ?


MV : C’est marrant parce que je me souviens d’un dessin réalisé à la fin de ma carrière. Je crois que c’était Bernard Chenez dans L’Équipe. Il m’avait dessiné comme un robot sur des roulettes, avec des antennes qui sortaient des mes oreilles et une légende qui disait : « L’après Vautrot 2000 » . Il avait raison ! Aujourd’hui, les arbitres sont des robots. On leur a imposé un modèle, il n’y a plus vraiment de figures charismatiques comme à l’époque. Ils sont formatés, robotisés. Attention, ce n’est pas une critique, ma parole, tout le monde s’en fout ! Mais je le dis, je trouve qu’on tue l’humain avec la vidéo. Maintenant, après un but, il faut parfois attendre la vidéo... Ça enlève tout le charme du foot à mes yeux. 

JQ : Ce n’est pas parce qu’il y a la VAR que les arbitres ont arrêté de travailler sur le dialogue avec les joueurs et sur le comportement à avoir pendant un match. La VAR n’est pas là pour réarbitrer le match. C’est bien l’arbitre qui va exprimer toutes ses qualités techniques, comportementales et psychologiques. Et tout ça reste fondamental, ce sont des chantiers qui font l’objet de beaucoup de travail à la DTA (Direction technique de l’arbitrage). Et heureusement ! Si on se disait que l’arbitrage se résumait à la VAR, ce ne serait plus de l’arbitrage.

On dit que la VAR apporte de la sérénité aux arbitres. Mais quand on voit des épisodes comme la panne lors de Monaco-Strasbourg ou la décision de M. Abed lors de PSG-Rennes, on a l’impression qu’elle leur met aussi une petite pression supplémentaire...

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