vendredi, septembre 26, 2014

Coupe de la Ligue, Arbitres & Vidéo : Le nouveau film de la LFP...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , ,

Il a beau vouloir jouer les modernes, le président de la Ligue ne remet pas en cause la politique arbitrale catastrophique de ces dernières années. Au lieu d’aller intelligemment copier ce qu’il se fait de mieux chez ses compères européens et rattraper le retard flagrant de l’hexagone en la matière, la Ligue préfère innover… décidément, ils sont fous ces Gaulois.

Thiriez l’obstiné :

Londres, Soccerex mi-septembre, Sepp Blatter qui tente de prouver qu’il est encore dans le coup pour briguer un nouveau mandat, cherche des solutions pour dissiper les scandales et casseroles trop bruyantes derrière lui. Il demande à cette occasion la candidature des ligues de football professionnelles pour s’employer au test et au déploiement de l’arbitrage vidéo. C’est là qu’intervient Frédéric Thiriez, qui monte quelques jours plus tard sur ses grands chevaux, criant haut et fort qu’il avait, remis un dossier à la FIFA en 2005 pour prôner en faveur de la vidéo. A l’époque les proposition auraient été balayées du revers de la main et ses projets déclinés. Dix ans après il se réjouit de cette perche tendue par Sepp Blatter et annonce que sa Coupe de la Ligue fera office de cobaye dans cette affaire sur fond de pâle copie de coup de communication.

Au moins, pour ceux qui se demandaient encore à quoi servait la Coupe de la Ligue (et ils sont quelques-uns), le Président a donné des réponses on ne peut plus précises. Effectivement lorsqu’on analyse l’intérêt que suscite le format de cette compétition, la surcharge que cela crée sur des calendriers gérés de manière incompréhensible, et les places offertes en Coupe d’Europe aux équipes de L2… on comprend petit à petit pourquoi la France perd du terrain au niveau de l’indice UEFA. Seulement le Président de la LFP a fièrement répété et présenté sa Coupe comme la Coupe de l’innovation technologique, rappelant toutes les belles initiatives qu’il a pu mettre en place lors des différentes éditions. C’est donc ça qu’il avait derrière la tête. Nous offrir des drapeaux de touche électroniques, le micro, les oreillettes, le spray anti-débordement, l’arbitrage à cinq, et maintenant l’arbitrage vidéo. Alors oui la Goal Line Technology a satisfait dernièrement au Brésil, et semble être intéressante à déployer. Cependant le nouveau projet présenté consiste à offrir un nombre définis de « challenges vidéos » offerts à chaque entraineur, alors que les français veulent commencer doucement en offrant cette possibilité à l’arbitre. Le but serait de pouvoir arrêter le jeu et de statuer sur une action litigieuse. Thiriez pose sa candidature et se place en fleuron de la « querelle des anciens et des modernes », ne lui restant plus beaucoup de combats pour lesquels il jouit d’une certaine crédibilité. Seulement dans cette bataille le plus dommageable c’est qu’encore une fois le moustachu ne se pose pas deux questions essentielles, à savoir l’incidence sur le spectacle et le problème que va désormais représenter une pure et simple interprétation des images. Fermant les yeux là-dessus, sa ligne de conduite reste la suivante : « Ce qui est bon pour les arbitres, est bon pour le football. ». Et bien ce serait justement peut-être temps de s’en occuper de ceux-là…


Une stratégie à contre-courant :

C’est vrai, sur fond d’impartialité et de devoir de justesse le débat est acceptable, mais n’est clairement pas adaptable au football sous cette forme. Car si l’on veut vraiment être plus justes il faut être meilleurs sur le terrain. Cette idée apparait un peu comme un pansement contaminé sur une jambe de bois. On le sait tous le niveau des arbitres français est déplorable. Pour preuve le seul arbitre français à avoir été sélectionné pour la Coupe du Monde 2014 est le Tahitien Norbert Hauata, qui dépend de la Confédération du Football d’Océanie. Le malheureux avait même été inscrit malencontreusement sous le drapeau polynésien dans la base de donnée, et non français…


C’est pourquoi grâce à cette stratégie « moderne », au lieu d’investir dans les structures et la formation pour professionnaliser le niveau de nos arbitres, voilà qu’on pourra notoirement montrer du doigt leur incompétence. Un arbitre fait un bon match s’il est ferme dans ses décisions et qu’il arrive ou non à le tenir, qu’il soit au plus proche de la vérité ou pas. Un match évolue, un arbitre doit arriver malgré tout à « gérer » celui-ci malgré la pression, l’enjeu et l’ambiance. En enlevant ce pouvoir et ce rôle d’arbitre à l’homme en noir, on le rend vulnérable et on le lâche sauvagement en pâture aux joueurs, aux entraineurs et au public qui ne se gênent déjà pas pour jouer d’influences en tous genres. La solution serait évidement de miser sur la compétitivité de nos arbitres et pas sur la vidéo. Priver les arbitres d’une partie de leur pouvoir de décision les décrédibiliseraient, et effaceraient peut-être à jamais les aléas et faits de matchs qui font ces rencontres magiques pleines de rebondissements et les rendent belles. Le football c’est l’instant, le moment présent où le cœur chavire, lorsque la joie ou la peine nous font nous sentir vivant… Cette nouvelle mesure à l’essai ressemble un peu à une loi qui pourrait faire retirer systématiquement les pénaltys. Thiriez en bon chef de bord qu’il est ne se pose encore une fois aucunement la question de l’incidence sur le jeu de son nouveau jouet. Alors déjà que la Coupe de la Ligue ne présente que peu de spectacle à nos yeux, voilà qu’on vient aussi nous piquer nos émotions…

Source : parisfoot.net