vendredi, octobre 17, 2014

1979 : SOCHAUX / PARIS SG - Jean-Marie MEEUS n'a pas oublié...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , ,

Ex-arbitre de première division, le nordiste Jean-Marie Méeus n’a toujours pas digéré la façon dont le Paris Saint-Germain a mis fin à sa carrière. Dans « But ! Lens » et en marge de RC Lens – PSG, il nous raconte son histoire.

But! Lens : Jean-Marie, parlez-nous de ce jour où tout a basculé…

Jean-Marie MEEUS : C’était le 8 août 1979, un Sochaux-PSG. Je n’avais pas fait un bon match. Pourquoi ? Parce que j’ai omis de siffler un pénalty en faveur de Paris et que ça m’a troublé. Au fil des minutes, je revoyais l’action et je me disais que cela valait la sanction suprême. Ne pas avoir sifflé pénalty est surprenant, d’autant que les habitants de Dourges (ndlr : la commune du Nord de la France où il était domicilié), dans ces années-là, m’avaient appelé “monsieur penalty” ! Je n’ai plus été moi-même. Peu après, la star du PSG de l’époque, Joao Alves, a été taclé par Genghini. Le tacle me semblait correct et je n’ai pas sifflé. Sauf que le Parisien a eu la jambe cassée ! A la fin du match, le président du PSG, Francis Borelli, s’est jeté sur moi, m’a secoué comme un prunier et m’a ordonné d’aller apporter des fleurs à son joueur… A partir de ce jour-là, je n’ai plus eu une seule rencontre de première division à arbitrer ! La sanction était passée par là… Il faut préciser que Joao Alves n’était pas assuré et a donc coûté des millions au PSG. Je ne comprends pas pourquoi c’est moi qui me suis retrouvé au centre de ce problème ! Je n’ai taclé personne ! La seule chose qui m’a été reprochée, c’est ce coup franc non sifflé. Mais aujourd’hui encore, j’estime qu’il n’y avait pas faute…

Comment cela s’est-il passé dans les jours qui ont suivi ?

Borelli voulait ma peau. Les dirigeants parisiens ont tout fait. J’ai notamment été convoqué par la Ligue. Sincèrement, je ne méritais pas une telle sanction. Je n’ai plus jamais arbitré une rencontre de Première division ensuite. Je me rappelle toujours de cette partie, de ce pénalty que je n’ai pas sifflé, de ce tacle de Genghini… Je revois ces images comme si c’était hier. Il faut bien comprendre que ce n’est pas facile d’être arbitre. On a toujours les dirigeants des clubs et de l’arbitrage sur le dos. Il faut être solide mentalement pour tenir sa place. Je n’ai pas aimé cette fin de carrière en queue de poisson. Quand je commence une chose, j’aime bien la finir. J’ai l’impression, depuis ce 8 août 79, d’une action inachevée… Du jour au lendemain, j’ai été suspendu. Je n’en ai jamais connu le motif. Genghini, lui, n’a pas été puni. Il faut dire que ce n’était pas un violent… Dans cette histoire, le seul qui a été puni, c’est moi, alors que je ne vois pas ce que j’ai fait de grave. Je crois que la faute a été filmée mais cela n’y a rien fait. L’affaire a fait du bruit à l’époque car Joao Alves était une star portugaise. Il portait des gants noirs par tous les temps, comme son père. L’accident a été diffusé à la télé. “France Football”, “But!”, tout le monde en a parlé. Personne n’a su comprendre qu’un arbitre n’est pas tout le temps bon, comme un footballeur… J’ai finalement continué à arbitrer au plus bas niveau régional.

Avez-vous revu Alves ?

Oui, il est venu avec une équipe de jeunes à un tournoi au stade couvert de Liévin. On a parlé et il a avoué que c’était un fait de match. On s’est serré la main. Je n’ai aucun contentieux avec lui.

Source : BUT