mercredi, octobre 29, 2014

JNA 2014 - RUGBY : Interview de Romain POITE, Arbitre International

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , ,

À l’occasion des Journées de l’arbitrage, jusqu’au 6 novembre, 
entretien avec Romain Poite, meilleur arbitre du Top 14. Qui raconte l’envers du décor de la profession sportive la plus décriée.

Les arbitres de rugby ou de football sont de plus en plus au centre de polémiques… Être arbitre, c’est devenu un sacerdoce ?

Romain Poite C’est surtout vivre d’une passion au même titre que les sportifs, mais différemment. Un arbitre professionnel est un participant actif, avec des tests physiques, des minimas à accomplir...

Les critiques très virulentes des réseaux sociaux, vous les lisez ?

Romain Poite Non, car je ne suis pas présent sur ces réseaux – même si quelqu’un a créé deux comptes Facebook à mon nom. Je ne veux pas être confronté à des critiques gratuites et malsaines. Moi, je ne juge pas les autres si je ne connais rien à leur métier. Et je ne lis pas non plus la presse, ça peut vous mettre en danger psychologiquement. Mais, il y a toujours quelqu’un pour vous rapporter ce qui a été écrit...

En cas de besoin, vous pouvez avoir recours à un soutien psycholo
gique ?


Romain Poite Un sophrologue travaille pour le Top 14 et la ProD2. Je peux me tourner vers lui, mais ça n’a jamais été le cas.

Même en 2013, lorsque vous avez été au cœur d’une violente polémique pour une décision – jugée erronée ensuite – lors d’un Nouvelle-Zélande-Afrique du Sud du Rugby Championship ?

Romain Poite Non… Mais, avec le recul, ce match restera pour moi comme un bon coup de pied aux fesses pour me remettre au travail. Je m’étais trompé. L’œil humain n’est pas infaillible.

Après un match raté, on est sanctionné ?

Romain Poite Contrairement au football, il n’y a pas de système de montée et descente des arbitres. Mais après ce match, je n’avais fait que la touche pendant quelques rencontres. Cela vous fait redescendre sur terre…

Les enjeux financiers, la pression, ça ne vous fait pas regretter le bon vieux temps du rugby amateur ?

Romain Poite J’ai connu les deux, je ne les mets pas en concurrence. Aujourd’hui, le rugby est dans un système financier qui me permet d’en vivre alors que je n’aurais jamais atteint le haut niveau comme joueur. Il faut évoluer avec son temps.

Avec l’assistance vidéo, l’arbitre s’effacera un jour au profit de la technologie ?


Romain Poite Mettez un robot sur un terrain et en cinq minutes, il aura tout sifflé, vu l’importance de la règle dans le rugby. Arbitrer dans une chaise avec un drone et devant des écrans, je n’y crois pas. Aujourd’hui, on a tendance à trop sécuriser les décisions avec la vidéo. C’est un confort qu’il ne faut pas utiliser à outrance. Et puis, l’appréciation arbitrale est créatrice de jeu…

Source : L'HUMANITE