Publié le 22/02/2015 - Interview de Claude Barrière, président de la Commission Régionale d’Arbitrage d’aquitaine
Claude Barrière est président depuis 2008 de la Commission Régionale d’Arbitrage de la ligue Aquitaine de Football. Suite à l’agression grave d’un arbitre le Week-end dernier sur un match de Division Honneur Régional, Claude Barrière nous a accordé une interview pour nous livrer ses impressions.
Présentez nous votre parcours.
Retraité de l’aéronautique j’ai débuté l’arbitrage en 1977 que je n’ai plus quitté à ce jour. J’ai commencé par la fonction d’arbitre, en suite membre de commission à la CDA de Bordeaux et en 1995 à la CRA où j’ai occupé diverses fonctions, dont Président depuis 2008. Depuis 1998 membre de la commission fédérale féminine d’arbitrage à la FFF et Elu au comité directeur de ligue depuis 2012. Soit 38 années au service de l’arbitrage. Mais pour ne pas m’ennuyer je suis également élu conseiller municipal dans une commune de 6000 habitants où j’attaque mon 3éme mandat soit 14 ans à ce jour.
Vous avez réagi cette semaine dans les médias à l’agression dramatique d’un jeune arbitre de 20 ans sur un match de DHR. Comment vivez-vous ce qui s’est passé ?
Pour ma part très mal, je n’ai pas bien dormi ces quelques jours en me posant la question comment peut-on arriver à une telle situation pour un match de football amateur. Je pense que cette agression est dramatique pour ce jeune arbitre et ses assesseurs mais pas seulement. Il est également pour les clubs, les joueurs, les supporters, pour le football et le sport en général. Il va certainement nous rendre la tâche plus difficile dans le recrutement et dans la fidélisation de ces jeunes arbitres qui sont l’avenir de notre sport.
Pensez-vous que le football est plus propice à ce genre d’événement dramatique que les autres sports ?
Certainement que non mais plus médiatisé, plus « vendeur » ce qui le rend plus vulnérable. Il ne faut pas oublier que le football a le plus grand nombre de licenciés et de rencontres que les autres sports. Avec 2 035 000 licenciés soit plus que les licences cumulées des deux autres plus grandes fédérations françaises, le tennis et l’équitation. Egalement 32000 matchs de football sont organisés chaque week-end en France, soit plus d’1,4 millions de matchs par an.
Comment pensez-vous que ce genre d’agression pourrait être évité ?
Sandra RENON notre CTRA (Commission technique régional d’arbitrage) ne cesse de répéter lors de réunion que pour combattre cette violence, il faut passer par une formation à la base, par exemple :
Sensibilisation à l’arbitrage à intégrer dans le parcours de formation du jeune joueur. En France, le foot est le seul sport collectif où on ne le fait pas. L’arbitrage et la pratique sont séparés. D’où une méconnaissance de la fonction et peut-être une mauvaise image et un fossé qui se créent. Cela permettrait une sensibilisation, une meilleure connaissance des lois et de la fonction, plus de respect et peut-être des vocations donc plus d’arbitres et peut-être des meilleurs arbitres.
Le recrutement de l’arbitre qui est une obligation pour le club qui entraine inévitablement dans certain cas un arbitre forcé à prendre cette fonction pour que le club soit en règle avec le statut.
Un exemple l’école d’arbitrage de Mérignac où les jeunes arbitres évoluent avec les joueurs 3 saisons qui est la durée de leur cursus scolaire. Quand on se parle on peut arriver à se comprendre. Ces jeunes jouent au foot ensemble et chacun peut mesurer les difficultés du rôle de l’arbitre et du joueur. Ce qui permet de vérifier la véracité de cette phrase « On n’a pas le même maillot, mais on a la même passion »
Organisation de réunions et d’échanges avec les éducateurs de clubs.
Un module arbitrage mis en place dans la nouvelle architecture de formation des Educateurs depuis la saison dernière, qui permet de parfaire leurs connaissances des lois du jeu (de se rendre compte, selon eux, qu’en fait ils « ne les connaissent pas »), de les sensibiliser à la fonction et de mener ensuite des actions dans leurs clubs auprès des autres éducateurs, des joueurs, des parents avec l’aide des arbitres du club et du référent arbitre.
Développer plus le « Référent arbitre« .
Une plus grande implication des arbitres dans leur club.
Comment voyez-vous les suites de cette « affaire » au niveau du terrain ?
J’espère de tout cœur que cette affaire est un cas isolé et que chacun reprendra ses esprits pour que le football reste un moment de plaisir. On ne pourra pas supporter un nouvel incident de cette gravité sans une réaction des arbitres.
Pensez-vous que la fonction d’arbitre de football puisse encore attirer les jeunes ?
Cela devient de plus en plus difficile et ce n’est pas avec ce genre d’événement que ça va s’arranger. Même certains de nos plus expérimentés commencent à douter, jusqu’à demander pour certains une pause pour souffler 1 mois, ça doit nous faire réfléchir ! Le week-end dernier un arbitre m’a appelé et m’a dit « j’ai eu peur » cette phrase m’a fait froid dans le dos.
Avez-vous des échanges avec des instances arbitrales d’autres sports ?
Effectivement, cela nous arrive lors de certaines actions avec l’AFCAM notamment ou les Journées Nationales de l’Arbitrage - La Poste. Même si nos activités sont différentes, on se rend compte que souvent nous rencontrons les mêmes difficultés.
Globalement, quel est votre regard sur l’arbitrage actuellement dans l’ensemble des sports ?
A l’image de la société, les gens manquent de repères. On dirait qu’ils viennent se défouler sur les terrains ou dans les tribunes après une semaine difficile. Il faut réussir à réinstaurer du respect et un dialogue. Aller pratiquer une activité annexe, un loisir, une passion et se dire « la prochaine fois ce sera peut-être moi », se faire frapper pour une décision… est-ce ça le sport et l’arbitrage ?
Claude Barrière est président depuis 2008 de la Commission Régionale d’Arbitrage de la ligue Aquitaine de Football. Suite à l’agression grave d’un arbitre le Week-end dernier sur un match de Division Honneur Régional, Claude Barrière nous a accordé une interview pour nous livrer ses impressions.
Présentez nous votre parcours.
Retraité de l’aéronautique j’ai débuté l’arbitrage en 1977 que je n’ai plus quitté à ce jour. J’ai commencé par la fonction d’arbitre, en suite membre de commission à la CDA de Bordeaux et en 1995 à la CRA où j’ai occupé diverses fonctions, dont Président depuis 2008. Depuis 1998 membre de la commission fédérale féminine d’arbitrage à la FFF et Elu au comité directeur de ligue depuis 2012. Soit 38 années au service de l’arbitrage. Mais pour ne pas m’ennuyer je suis également élu conseiller municipal dans une commune de 6000 habitants où j’attaque mon 3éme mandat soit 14 ans à ce jour.
Vous avez réagi cette semaine dans les médias à l’agression dramatique d’un jeune arbitre de 20 ans sur un match de DHR. Comment vivez-vous ce qui s’est passé ?
Pour ma part très mal, je n’ai pas bien dormi ces quelques jours en me posant la question comment peut-on arriver à une telle situation pour un match de football amateur. Je pense que cette agression est dramatique pour ce jeune arbitre et ses assesseurs mais pas seulement. Il est également pour les clubs, les joueurs, les supporters, pour le football et le sport en général. Il va certainement nous rendre la tâche plus difficile dans le recrutement et dans la fidélisation de ces jeunes arbitres qui sont l’avenir de notre sport.
Pensez-vous que le football est plus propice à ce genre d’événement dramatique que les autres sports ?
Certainement que non mais plus médiatisé, plus « vendeur » ce qui le rend plus vulnérable. Il ne faut pas oublier que le football a le plus grand nombre de licenciés et de rencontres que les autres sports. Avec 2 035 000 licenciés soit plus que les licences cumulées des deux autres plus grandes fédérations françaises, le tennis et l’équitation. Egalement 32000 matchs de football sont organisés chaque week-end en France, soit plus d’1,4 millions de matchs par an.
Comment pensez-vous que ce genre d’agression pourrait être évité ?
Sandra RENON notre CTRA (Commission technique régional d’arbitrage) ne cesse de répéter lors de réunion que pour combattre cette violence, il faut passer par une formation à la base, par exemple :
Sensibilisation à l’arbitrage à intégrer dans le parcours de formation du jeune joueur. En France, le foot est le seul sport collectif où on ne le fait pas. L’arbitrage et la pratique sont séparés. D’où une méconnaissance de la fonction et peut-être une mauvaise image et un fossé qui se créent. Cela permettrait une sensibilisation, une meilleure connaissance des lois et de la fonction, plus de respect et peut-être des vocations donc plus d’arbitres et peut-être des meilleurs arbitres.
Le recrutement de l’arbitre qui est une obligation pour le club qui entraine inévitablement dans certain cas un arbitre forcé à prendre cette fonction pour que le club soit en règle avec le statut.
Un exemple l’école d’arbitrage de Mérignac où les jeunes arbitres évoluent avec les joueurs 3 saisons qui est la durée de leur cursus scolaire. Quand on se parle on peut arriver à se comprendre. Ces jeunes jouent au foot ensemble et chacun peut mesurer les difficultés du rôle de l’arbitre et du joueur. Ce qui permet de vérifier la véracité de cette phrase « On n’a pas le même maillot, mais on a la même passion »
Organisation de réunions et d’échanges avec les éducateurs de clubs.
Un module arbitrage mis en place dans la nouvelle architecture de formation des Educateurs depuis la saison dernière, qui permet de parfaire leurs connaissances des lois du jeu (de se rendre compte, selon eux, qu’en fait ils « ne les connaissent pas »), de les sensibiliser à la fonction et de mener ensuite des actions dans leurs clubs auprès des autres éducateurs, des joueurs, des parents avec l’aide des arbitres du club et du référent arbitre.
Développer plus le « Référent arbitre« .
Une plus grande implication des arbitres dans leur club.
Comment voyez-vous les suites de cette « affaire » au niveau du terrain ?
J’espère de tout cœur que cette affaire est un cas isolé et que chacun reprendra ses esprits pour que le football reste un moment de plaisir. On ne pourra pas supporter un nouvel incident de cette gravité sans une réaction des arbitres.
Pensez-vous que la fonction d’arbitre de football puisse encore attirer les jeunes ?
Cela devient de plus en plus difficile et ce n’est pas avec ce genre d’événement que ça va s’arranger. Même certains de nos plus expérimentés commencent à douter, jusqu’à demander pour certains une pause pour souffler 1 mois, ça doit nous faire réfléchir ! Le week-end dernier un arbitre m’a appelé et m’a dit « j’ai eu peur » cette phrase m’a fait froid dans le dos.
Avez-vous des échanges avec des instances arbitrales d’autres sports ?
Effectivement, cela nous arrive lors de certaines actions avec l’AFCAM notamment ou les Journées Nationales de l’Arbitrage - La Poste. Même si nos activités sont différentes, on se rend compte que souvent nous rencontrons les mêmes difficultés.
Globalement, quel est votre regard sur l’arbitrage actuellement dans l’ensemble des sports ?
A l’image de la société, les gens manquent de repères. On dirait qu’ils viennent se défouler sur les terrains ou dans les tribunes après une semaine difficile. Il faut réussir à réinstaurer du respect et un dialogue. Aller pratiquer une activité annexe, un loisir, une passion et se dire « la prochaine fois ce sera peut-être moi », se faire frapper pour une décision… est-ce ça le sport et l’arbitrage ?