Publié le 05/01/2018 - Ingénieur financier – et donc cadre – à la BNP-Paribas dans la grande région de Lyon, Pierre Gaillouste n’a pourtant pas hésité longtemps en mettant de côté la brillante carrière professionnelle qui lui était promise avant de postuler au poste de conseiller technique regional en arbitrage de la Ligue d’Occitanie, poste laissé vacant par Olivier Thual, revenu lui dans la région bordelaise.
Depuis le 1er juillet 2017, ce natif d’Agen, qui a grandi dans la Nièvre, est donc en poste à Castelmaurou. Le choix d’un authentique passionné, acteur passif du jeu car « l’arbitre n’est pas la star », séduit par « une école de la vie où l’on apprend à prendre des responsabilités, des décisions, à être rigoureux ».
Pierre Gaillouste, bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
« J’ai 28 ans, je suis originaire de la Nièvre, mais je suis né à Agen et j’ai une grosse partie de ma famille ici. La région m’attire, donc, et je suis venu pour occuper ce poste de CTR en arbitrage, mais aussi pour mettre en place un projet de vie aussi bien professionnel que personnel. L’arbitrage est ma fonction de sportif, et il devenait impossible de l’assimiler dans le secteur privé »
Pourquoi et comment êtes-vous devenu arbitre ?
« Par un concours de circonstances. J’étais en moins de 17 ans, je suis allé à un tournoi de moins de 15 ans, avec mon meilleur ami, qui est gardien de but, pour intégrer éventuellement une équipe. Lui a pu, pas moi. Après être resté toute la matinée au bord des terrains, j’ai proposé mon aide l’après-midi, et on m’a fait arbitrer des matches, d’abord à la touche, puis au centre. Mon club m’a ensuite proposé de mener de front l’arbitrage et le jeu, et je l’ai fait par attrait pour ce que je ne connaissais pas ».
Vous n’avez que 28 ans, mais vous arbitrez déjà en Ligue 2, depuis janvier dernier. Pensez-vous arbitrer un jour en Ligue 1 ou à l’international ?
« Aujourd’hui, ce qui est important, c’est d’abord de confirmer la confiance que m’a accordé la Direction Technique Nationale de l’Arbitrage en m’intégrant au groupe Elite 2. Ensuite, d’emmagasiner de l’expérience. Ce sont mes qualités et mes performances qui me permettront de passer à l’étage supérieur. J’avance avec mes qualités et mes défauts, en essayant de les transformer, de les améliorer, pour qu’elles ne soient pas un frein à ma progression, à mon ascension ».
Quel poste occupiez-vous dans le jeu, et jouez-vous encore ?
« J’étais milieu de terrain, d’un niveau plutôt correct puisque je jouais en Honneur. Mais aujourd’hui, ce n’est plus compatible avec mon rôle d’arbitre ».
Vous avez été suivi, dans votre formation d’arbitre, par Clément Turpin, un de nos meilleurs sifflets français, aujourd’hui coordinateur de l’Equipe Technique Régionale en arbitrage de la Ligue de Bourgogne-Franche-Comté. Qu’avez-vous retenu de ses conseils ?
« J’étais un arbitre de la Bourgogne, et il m’a connu de mes débuts à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble mes ascensions, régionales et fédérales, j’ai énormément travaillé avec lui, sur tous les aspects de l’arbitrage, mais aussi avec Thierry Waniart, aujourd’hui vice-président de la Ligue et ancien président de la Commission Régionale des arbitres. Clément Turpin n’amène pas une réponse mais il m’a mis sur la voie, car c’est en trouvant les réponses soi-même qu’on peut les appliquer. Et cette connaissance évolue au gré des niveaux successifs ».
Quels sont vos objectifs ici en Occitanie ?
« Je ne suis pas venu révolutionner l’arbitrage ! Je récupère un monument construit, car l’arbitrage en Midi-Pyrénées ou en Languedoc-Roussillon n’a pas attendu mon arrivée. Je veux apporter une compétence et des éléments supplémentaires, par rapport à ma vision de l’arbitrage, même si j’ai peu de recul, que ce soit dans le management, les conseils.
Nous avons ici en Occitanie 90 jeunes. Mon discours avec les plus jeunes d’entre eux est adapté à des situations que j’ai vécues il n’y a pas si longtemps. Je n’oublie pas que j’étais à leur place il y a cinq, six ans. Et j’amène un œil neuf car l’arbitrage n’est plus le même qu’il y a dix ans ou même cinq ans. Mes objectifs réels, précis, sont d’abord de fidéliser les arbitres en activité, puis de recruter grâce au travail des Districts, et aussi à la section sportive en place au lycée Déodat-de-Séverac à Toulouse, ensuite d’améliorer les performances de chacun. Mais le quatrième point, l’humain, est le plus important. L’arbitrage est une réelle école de la vie : on attend d’avoir des hommes sur le terrain, mais ils vont en même temps évoluer dans leur vie personnelle et professionnelle, en termes de maturité sur l’aspect scolaire, ou de psychologie pour ceux qui sont déjà actifs.
En termes de responsabilités, et de management, on évolue, tous, et pour moi, c’est le point numéro 1 : pour être arbitre, l’homme est primordial. La petite différence, c’est que les anciens, je les informe, quand les jeunes, je les forme ».
Source : LIGUE D'OCCITANIE DE FOOTBALL