samedi, septembre 08, 2018

Philippe MALIGE : « J’ai toujours milité pour donner la parole aux arbitres »....

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , , ,


Publié le 08/09/2018 - Vous vous êtes toujours demandé ce que ressentent les arbitres quand ils se font insulter par les supporters et critiquer presque chaque week-end après une erreur d’arbitrage ? Dans cette superbe interview, Philippe Malige vous fait revivre son ancien quotidien d’arbitre de L1 (de 2004 à 2012) et explique pourquoi il faut donner davantage la parole aux arbitres.


Philippe Malige, que devenez-vous depuis la fin de votre carrière d’arbitre professionnel en 2012 ?
A la fin de ma carrière, j’ai pris une année sabbatique car le haut niveau est assez prenant. Ensuite, je suis devenu observateur d’arbitres en Ligue 1. Je faisais des rapports qui servaient à effectuer un classement en fin de saison. J’ai fait ça pendant quatre ans et j’ai arrêté car j’étais en désaccord avec la politique d’arbitrage de la fédération. Je suis aujourd’hui délégué régional d’Occitanie pour le SAFE (Syndicat des arbitres du football d’élite), c’est l’équivalent de l’UNECATEF ou de l’UNFP pour les arbitres.



Tony Chapron est désormais consultant sur Canal +. Que pensez-vous de cette nomination ?
J’ai toujours milité pour donner la parole aux arbitres. Je me réjouis que Canal + ait embauché Tony Chapron. On va avoir un expert qui pourra s’exprimer sur les questions d’arbitrage. Tony Chapron avait une réputation qui était un peu trop négative. Pourtant c’est quelqu’un de très intelligent. Chez les consultants, il y a aussi Joël Quiniou et Bruno Derrien. C’est très bien. Mais je regrette qu’il n’y en ait pas plus.



La VAR a été introduite cette saison en Ligue 1. Etes-vous pour ou contre ?
Sur le principe, je suis pour. Pour moi, c’est utile et positif. Si on m’avait demandé mon avis à l’époque et que j’avais pu m’exprimer librement, j’aurais dit que j’étais pour. Comme le A l’indique, c’est une assistance pour les arbitres. Ils ont beau être de mieux en mieux préparés physiquement, il y aura toujours des erreurs commises. La VAR est là pour en réduire le nombre. Derrière l’écran, il y a aussi des hommes. Donc qui dit activité humaine dit erreur possible. Du coup, ça ne va pas tout régler. Il y aura toujours des polémiques liées à l’interprétation.



« Michel Vautrot est l’arbitre qui m’a le plus influencé. J’aimais sa personnalité sur le terrain, sa façon de s’adresser aux joueurs avec beaucoup de connivence. Il était apprécié et respecté par tous les joueurs, notamment les plus grands de l’époque »



La VAR amène aussi parfois à des situations compliquées comme Saint-Etienne-Amiens (0-0) dimanche dernier ?
La justice sportive aura peut être comme conséquence la réduction de la spontanéité dans le jeu. Quand Thimothée Kolodziejczak a marqué, le stade s’est levé et quelques minutes après on a annulé le but pour une faute. C’est le revers de la médaille. C’est le prix à payer. Mais maintenant avec tous les enjeux qu’il y a, on ne peut plus se permettre de jouer un titre, un maintien ou une finale de Coupe du Monde sur une erreur d’arbitrage.


Revenons en arrière. Plus jeune, l’arbitrage était-il une vocation pour vous ?
Mon père était arbitre au niveau départemental. Tout petit, j’ai baigné dedans. J’ai joué au foot jusqu’en U17. Mais je n’étais pas Cristiano Ronaldo. Je me suis essayé à l’arbitrage à 14 ans et c’était vraiment une vocation. J’y ai vite pris goût. J’ai arrêté à 45 ans et je suis toujours dans le milieu de l’arbitrage. Au collège, quand il fallait un arbitre, j’étais souvent candidat. En étant arbitre, on est garant de la justice sportive. C’est une activité passionnante. J’ai eu la chance de ne jamais être agressé plus jeune donc je n’ai pas pu être dégoûté. Du coup, j’ai progressé dans la hiérarchie au fur et à mesure du temps.



Plus jeune, quel arbitre français vous inspirait le plus ?
Celui qui m’a influencé, c’est Michel Vautrot. J’ai encore des contacts avec lui. Il a été numéro un français et mondial pendant de nombreuses années. Il a arbitré en Coupe du Monde. J’aimais sa personnalité sur le terrain, sa façon de s’adresser aux joueurs avec beaucoup de connivence. Il était apprécié et respecté par tous les joueurs, notamment les plus grands de l’époque. A côté de ça, il est d’une telle gentillesse et d’une telle simplicité.

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