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jeudi, octobre 23, 2014

LIGUE DU CENTRE-OUEST - J. RICHE : "Allons vers les gens, pour créer des vocations"

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , ,

Jordan Riché, le conseiller technique en arbitrage de la ligue de football, souhaite que les arbitres aillent vers le public et non le contraire. Et il a des idées.


Les scolaires sensibilisés à l'arbitrage

Jordan, comment se déclinera au niveau local la 13e édition des journées nationales de l'arbitrage, prévue ce week-end ?

« Il y a beaucoup de choses de faites en interne. Mais pour le grand public, les actions ne seront visibles cette année que lors des matches opposant des équipes professionnelles, dans toutes les disciplines concernées : football, rugby, handball et basket. En ce qui nous concerne, on est en train de réfléchir à des propositions pour la saison prochaine. »

Lesquelles ?

« L'idée, ce serait que dans les grandes villes de la région, on fasse venir les gens vers nous en organisant des animations sur des sites bien identifiés, comme la Brèche à Niort par exemple, où on proposerait aux gens qui le souhaitent de prendre un sifflet un petit moment et de s'essayer en situation à l'arbitrage, avec distribution de cadeaux à ceux qui tenteraient l'essai. C'est déclinable à Poitiers avec le basket et à La Rochelle avec le rugby. »

Est-ce que ça s'est déjà fait ailleurs ?

« Oui, à Paris, où deux terrains synthétiques avaient été installés sous la tour Eiffel. C'est une idée à creuser. Et qui peut être mise en place de manière transdisciplinaire. »

C'est aussi une façon de constater que les journées de l'arbitrage manquent d'efficacité sur le public.

« Pour susciter de nouvelles vocations, il faut aller vers les gens, les faire essayer, et non attendre qu'ils viennent vers nous. J'ai une mission de recrutement, mais aussi de sensibilisation. Depuis dix ans, la Ligue de foot a effectué un gros effort de recrutement. C'était indispensable et cela explique qu'elle soit bien dotée en arbitres aujourd'hui. On peut poursuivre ce travail, mais aussi faire autre chose. »


Sensibiliser les gens à l'arbitrage ne doit pas être aisé. Comment faites-vous ?

« Je suis venu à l'arbitrage par hasard et c'est souvent le cas. À la base, il y a toujours la passion du sport concerné. Mais au tout début, après un premier essai, on ne persévère pas automatiquement. Lors des premiers stages, on essaye de faire passer notre passion dans notre discours, en faisant intervenir des arbitres chevronnés qui ont des choses à raconter. Et l'important, c'est que les nouveaux venus passent aux travaux pratiques très rapidement, dans un laps de temps très court de quinze jours environ, avec quelqu'un d'expérimenté toujours délégué auprès d'eux au début pour les aider. »

Comment l'arbitrage a-t-il évolué ces dernières années au plus haut niveau ?

« Quand j'ai débuté jeune arbitre fédéral, on nous donnait surtout des consignes physiques. Aujourd'hui, les capacités aérobies des arbitres sont au moins égales, voire supérieures, à celles des joueurs professionnels. Maintenant que c'est acquis, on travaille beaucoup sur les rapports humains avec les joueurs, les entraîneurs. Pour moi, un match réussi, c'est un maximum de 30 à 40 fautes sifflées, pas plus. Mais tout le monde n'est pas d'accord avec cette façon de voir les choses. »

L'arbitrage et l'effet de loupe


Personne n'est parfait. Tout le monde peut se tromper, y compris un arbitre. La controverse sur l'arbitrage est aussi vieille que la pratique sportive. Mais aujourd'hui, à l'ère des réseaux sociaux omniprésents, elle peut prendre une dimension démesurée lorsque les erreurs sont commises en direct devant les caméras de télévision.

Les décisions controversées de Nicolas Rainville vendredi, lors du récent Lens - Paris SG, ont enflammé la blogosphère. Elles ont directement alimenté la petite musique du dénigrement des hommes sans qui l'activité sportive n'existerait pas.
Cet emballement médiatique ne rend pas service à tous ces bénévoles et autres salariés chargés de motiver et encadrer, dans les départements et les régions, les bataillons d'arbitres qui officient chaque semaine sur les terrains de France et de Navarre.
Et c'est dommage.

en bref

Débuter dans l'arbitrage en deux jours et demi

Jordan Riché a proposé cette semaine à 37 stagiaires de 14 à 21 ans, dont une vingtaine de Deux-Sévriens, réunis de lundi matin à mercredi midi, à La Rochelle, de devenir arbitre en deux jours et demi, avec une partie théorique et une partie pratique. Bien sûr, il ne s'agit pas d'assimiler en si peu de temps les 17 lois du jeu. Les stagiaires ont bénéficié d'une première sensibilisation.



Jean-Marc Bonnin, un ex-arbitre de Ligue 1, a également effectué une intervention. Les plus motivés pourront intervenir en situation réelle début novembre, en étant accompagnés lors de leurs cinq premiers matchs.



Frédéric Cano, l'autre CTA de la Ligue

Comme Jordan Riché, Frédéric Cano est conseiller technique en arbitrage de la Ligue, pour les départements de la Charente et de la Haute-Vienne. Frédéric Cano a eu une carrière internationale, comme assistant de Stéphane Lannoy, à la coupe du monde 2010 et à l'Euro 2012, où il a officié à la touche lors de la 1/2 finale Allemagne - Italie.


 

Itinéraire de JORDAN RICHE

 > Jordan Riché est un Lezéen âgé de 25 ans.
 > Il est conseiller technique en arbitrage, salarié à plein-temps par la ligue du Centre-Ouest, depuis le 15 septembre dernier, en charge de l'organisation des formations d'arbitres dans les départements de Charente-maritime, Vienne et Deux-Sèvres.
 > Il a débuté l'arbitrage à l'US Lezay, où il était joueur, il y a huit ans, par hasard, pour permettre à son club de remplir les quotas.
 > Il a gravi tous les échelons, jusqu'à devenir, depuis la saison dernière, arbitre Fédéral 4, ce qui lui permet d'officier en CFA 2, CFA et 4e arbitre en L2, comme cette année lors du match Tours - Dijon.
 > Le passage en Fédérale 3 (pour arbitrer en National) s'annonce compliqué. Seulement 4 à 5 éléments des 100 arbitres F4 de la FFF passeront en F3 à la fin de la saison, après avoir été supervisés et notés à six reprises. Les 20 derniers du classement seront relégués à l'étage inférieur.
 > Jordan Riché subira sa troisième supervision de la saison le samedi 1er novembre, lors d'un match de CFA Calais - Arras.

Source : LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE