Publié le 06/04/2015 - On se plaint de tout et de rien, parfois sans même s’en rendre compte. Mais c’est une habitude moins inoffensive qu’il n’y paraît. Prête à relever le défi de voir la coupe à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide? On vous donne des pistes pour y arriver.
Pourquoi se plaint-on?
En général, les plaintes répétitives cachent une difficulté à agir. Elles peuvent dissimuler une insatisfaction qui ne concerne pas nécessairement l'objet de la plainte. Une femme insatisfaite de sa capacité à s'affirmer dans son couple peut se plaindre des hommes machos, par exemple. «C'est rare qu'une personne qui est engagée dans l'action et qui tente une solution ait le temps de chialer», constate Lucie Mandeville. Souvent, les plaintes portent sur des choses qui demeurent superficielles et touchent rarement les questions de fond. Les gens en difficulté sont habituellement trop occupés à survivre pour se plaindre. «Chialer, c'est, jusqu'à un certain point, le luxe de ceux qui s'ennuient dans leur existence et qui ont tout pour être heureux», croit-elle.
Certaines personnes qui se plaignent souvent ont une attitude pessimiste qui fait partie de leur personnalité. Elles voient les choses négativement et analysent en détail chaque situation de manière à en présenter le plus mauvais côté. Elles retiennent surtout les événements désagréables et peuvent être rancunières. D'autres se plaignent parce qu'elles en ont développé l'habitude en côtoyant des gens négatifs. «Il faut aller vers les personnes optimistes au travail, à la maison et dans nos amitiés, recommande Leo Bormans. Les optimistes, comme les pessimistes, sont contagieux. Les uns tuent l'enthousiasme et la passion, les autres nous inspirent.»
Et puis, il y a ceux pour qui la plainte est devenue un mode de vie. Comme Annie, qui a cessé de se plaindre il y a trois ans. La décision s'est imposée lorsque son patron lui a dit qu'elle devenait une leader négative pour son équipe. «Quand je prenais mon café avec les autres employés, je me plaignais de tout et de rien: des horaires, des objectifs de travail et même des administrateurs de la compagnie. Sans cela, j'aurais pu décrocher un bien meilleur poste. J'étais une employée performante, mais on m'a dit que j'avais un problème d'attitude.» Pourtant, elle ne se considérait pas comme une personne négative. Elle avait tout simplement développé une mauvaise habitude, comme des milliers d'autres qui se plaignent chaque jour autour de la cafetière du bureau. «Nous voulons tous de l'attention, constate Leo Bormans. Se plaindre est une façon de se faire remarquer et de faire prendre soin de soi. Certaines personnes n'ont l'impression d'exister que si elles se plaignent.»
En se plaignant sans cesse et en activant les mêmes régions de notre cerveau, on se conditionne à se plaindre encore plus et à voir la vie en noir. Plus on chiale, plus on se prédispose à chialer. «Comme le jugement fonctionne par associations, à force de vivre des situations pour lesquelles nous nous plaignons, nous emmagasinons des perceptions négatives qui auront un impact sur les prochains jugements que nous porterons, explique Lucie Mandeville. Et chialer est mauvais pour notre santé. Notre cerveau active alors des régions associées aux affects négatifs, et celles-ci produisent des hormones qui, à la longue, réduisent l'efficacité de notre système immunitaire et nous rendent malades.»
Mais cela signifie-t-il qu’il faut alors accepter tout ce qui ne va pas dans notre vie ?
Au contraire. Arrêter de râler, c’est justement se mettre dans une situation de générer du changement. C’est reprendre sa vie en main. Il ne s’agit pas d’accepter tout ce qui ne va pas mais d’identifier les choses qui nous énervent profondément et de se demander ce que l’on peut faire par rapport à elles. « Si vous n’aimez pas quelque chose, changez-le. Si vous ne pouvez pas le changer, changez votre attitude », a dit Maya Angelou (Maya Angelou, de son vrai nom Marguerite Johnson, est une poétesse, écrivaine, comédienne et militante afro-américaine ndlr). En râlant, nous croyons blesser les autres, mais en réalité, nous nous blessons nous-même. Râler, c’est se poser en victime et accuser les autres. Ce qui est le plus souvent inutile et n’aide en rien à régler notre problème.
Source : COUP DE POUCE