mercredi, mars 22, 2017
samedi, décembre 17, 2016
RUGBY - ITALIE : L'arbitre Maria Beatrice BENEVENUTI ne lache rien...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans AGRESSION, ARBITRAGE, ARBITRE, FÉMININE, ITALIE, RÉACTION, RUGBY, TÉMOIGNAGE
vendredi, décembre 09, 2016
LIGUE DES HAUTS-DE-FRANCE : Yann AUGÉ, agressé il y a dix jours, témoigne..
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans AGRESSION, ARBITRAGE, ARBITRE, FOOTBALL, LIGUE DES HAUTS-DE-FRANCE, LIGUE DU NORD-PAS DE CALAIS, TÉMOIGNAGE
samedi, novembre 19, 2016
FFR : Moi Pierre, comment je suis passé d'arbitre... à un "putain d’enculé" d’arbitre...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans AMATEUR, ARBITRAGE, ARBITRE, FFR, INSULTES, PRESSION, RUGBY, TÉMOIGNAGE
samedi, septembre 17, 2016
ALERTE AGRESSION - LIGUE DE LORRAINE : Laurent GUTHIER raconte le déferlement de violence...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans ALERTE AGRESSION, ARBITRAGE, ARBITRE, ENTRETIEN, FOOTBALL, LIGUE DE LORRAINE, TÉMOIGNAGE
Comment vous êtes-vous retrouvé à l’hôpital ?
Laurent GUTHIER : « Nous jouions la 37e minute. J’allais sanctionner l’auteur d’une faute quand la victime, un joueur du FC Bruch, s’est fait justice elle-même en lui mettant un coup de tête. J’ai aussitôt expulsé le fautif. Une bagarre générale s’en est suivie. Au début, je me suis mis en retrait pour compter les points.
Mais comme cela n’a fait que s’envenimer, j’ai décidé d’arrêter la rencontre. La sécurité n’était plus assurée. Les joueurs du FC Bruch tenaient leurs crampons en main pour frapper leurs adversaires. Lorsque je me suis interposé, j’ai pris un coup qui ne m’était a priori pas destiné. Cela m’a valu une entorse du poignet. Il a fallu la lucidité retrouvée d’un joueur du FC Bruch et l’intervention des forces de l’ordre pour ramener le calme. Je me suis ensuite retrouvé dans la même ambulance qu’un joueur avec une dent cassée ! »
« J’ai un peu culpabilisé. Je me suis demandé si je n’aurais pas pu mieux gérer le début de partie en sanctionnant plus fermement les fautes. Mais franchement, je ne comprends toujours pas comment on en est arrivé-là. Le match n’était pas particulièrement tendu. Je pense que ce n’est pas que de ma faute. »
Des reproches vous ont-ils été adressés ?.....
vendredi, juillet 31, 2015
BADMINTON : Gilles CAVERT, seul arbitre international français...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans ARBITRAGE, ARBITRE, BADMINTON, INTERNATIONAL, JEUX OLYMPIQUES, TÉMOIGNAGE
«Pour les JO, il faudra être au top»
«On y rencontre des ambiances incroyables. En août, je vais aller à Djakarta en Indonésie pour le championnat du monde, dans une des plus belles salles du monde et dans un pays où le bad est roi. C'est l'équivalent du Brésil en foot ! Imaginez une salle remplie de 10 000 spectateurs sur des gradins en bois qui hurlent et participent. C'est énorme ! Et de plus il s'agit d'un tournoi majeur où les joueurs marquent des points pour se qualifier pour les JO prochains. La tension sera à son comble, il faudra être au top !»
«Les meilleurs n'étaient pas là, c'était donc un niveau intermédiaire. Mais les infrastructures étaient impressionnantes et le pays très hospitalier. Je me suis bien amusé. J'ai pu assister à d'autres sports, et ça change de les voir en vrai !»
Gilles finira sa carrière par un double tournoi en Asie, au Japon puis en Corée.
Ensuite ,Gilles Cavert arbitrera en Europe et, surtout, se consacrera à la formation de nouveaux arbitres.
«Je vais transmettre ce qu'on m'a donné. Il y a quelques arbitres français qui sont prometteurs.»
C'est vrai qu'on ne décroche pas facilement d'une occupation à laquelle on consacre beaucoup de son temps libre et pour laquelle on n'est pas rémunéré .«Le professionnalisme sera peut-être pour mes successeurs…»
vendredi, juillet 17, 2015
UEFA - U19 MASCULINS - GRECE 2015 : Deux arbitres savourent l'expérience acquise
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans 2015, ARBITRAGE, ARBITRES, FOOTBALL, GRECE, TÉMOIGNAGE, U19 MASCULINS, UEFA
Non seulement les joueurs prenant part au Championnat d'Europe U19 gagnent une éducation précieuse sur et hors du terrain, mais pour les arbitres, il se révèle être aussi une occasion unique de développer et d'améliorer leurs propres performances.
Huit arbitres et huit arbitres assistants sont arrivés à Katerini quatre jours avant le début du tournoi, chacun apportant avec eux leurs propres histoires et expériences. Avec l'aide de membre du Comité des arbitres de l'UEFA, M. Jaap Uilenberg (Pays-Bas) et trois observateurs d'arbitres de l'UEFA , Konrad Plautz (Autriche), Murat Ilgaz (Turquie) et Alexandru Deaconu (Roumanie), ils ont été aidé dans leur rôle d'arbitre afin de perfectionner leurs compétences, tout comme les joueurs.
"Dans ce genre de tournoi, nous ne connaissons pas l'autre quand nous arrivons, nous devons donc construire notre équipe et avoir de bonnes discussions, afin que nous puissions nous apprécier les uns les autres lorsque nous travaillons ensemble", a déclaré l'arbitre suédois Andreas Ekberg , pour qui ce est pas tout à fait une nouvelle expérience.
Il a été choisi pour arbitrer la finale du Championnat d'Europe U17 à Malte en 2014, et est maintenant là pour ajouter d'autres cordes à son arc. "Chaque tournoi est unique», a-t-il poursuivi. "Bien sûr, nous subissons les nouvelles influences de nos collègues et des observateurs. Lorsque vous êtes un arbitre national, vous vous créez de nouveaux amis à la maison. Lorsque vous êtes un arbitre international, vous vous faites des amis partout en Europe et dans le monde, c'est fantastique.
«Nous apprenons les uns des autres. Nous avons des influences de l'Italie, de l'Angleterre, de la Suède, du Luxembourg, de la République tchèque. De partout Nous prenons des choses les unes après les autres, et puis, bien sûr, il y a les lignes directrices à suivre, et nous venons ici pour apprendre. c'est parfait. "
Pour l'arbitre-assistant Ricardo Fernandes Morais du Luxembourg, c'est une occasion inestimable, et un espoir qu'il chérissait. "Je ne peux apprendre ici," a-t-il confié à UEFA.com. "Il y a ici des arbitres qui officient régulièrement en Premier League et dans le top de la ligue italienne, et ce genre d'expérience aide à améliorer ma propre performance.
"Je ne peux qu'être heureux d'être ici et d'apprendre, avec ces arbitres et ces assistants sur le terrain. Que pouvais-je demander de mieux qu'être ici avec tous ces arbitres, ma propre expérience ne peut que s'améliorer."
Les observateurs d'arbitres de l'UEFA ont analysé les performances des arbitres et montré "beaucoup de vidéos" pour nous aider à prendre des décisions difficiles de manière intelligente, explique Ekberg. "Nous nous entraînons ensemble, nous parlons ensemble et c'est très important", a-t-il dit. "Tout est fait pour que nous puissions effectuer notre tache aussi bien que possible.
"I love football", et étant arbitre, je considère faire partie de la famille du football, et c'est bien ainsi".
vendredi, mai 22, 2015
LIGUE DU CENTRE-OUEST : Agressé sur un terrain le 1er mai, l'arbitre témoigne...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans AGRESSION, ARBITRAGE, ARBITRE, FOOTBALL, INTERVIEW, LIGUE DU CENTRE, TÉMOIGNAGE
Le 1 mai devait être le moment de souffler pour Laurent Louis-Eugène, parce qu'il lançait un week-end de trois jours et lui donnait l'occasion d'assouvir sa passion de l'arbitrage. Sifflet en main, la rencontre de Coupe Tassin Migné-Auxances - Poitiers FC 2 s'était déroulée à peu près comme les autres, avec les contestations verbales qui escortent très souvent le monde du ballon rond.
Rien de trop anormal, donc, jusqu'à la violence physique d'un spectateur, « éducateur » à Migné et mis définitivement sur la touche par son club. Deux « grandes claques » et une nuit blanche plus tard, l'arbitre de Ligue a porté plainte contre son agresseur. Trois semaines après, Laurent Louis-Eugène revient sur cet épisode. Marqué, mais déterminé à poursuivre sa route au sifflet.
"L'arbitrage reste un monde de l'omerta. Il faut attendre quoi? Un coup de couteau ou un coup de fusil?"
Comment allez-vous aujourd'hui?
« Ça va très bien. J'ai la chance d'avoir 48 ans, d'être serein. Je n'ai pas eu de grosses séquelles physiques: grâce à l'intervention de quelqu'un, ce qui devait être deux coups de poing s'est transformé en deux grandes claques. Une sur le front, une sur la tempe. La deuxième m'a sonné pendant quelques secondes. Je suis tombé en arrière. J'ai aussi subi un traumatisme psychologique. »
Les heures et les jours qui ont suivi l'agression n'ont pas dû être simples à vivre...
« Je n'ai pas dormi de la nuit, mais à six heures du matin le lendemain, j'étais douché, habillé pour aller porter plainte. Derrière, il y a eu deux autres nuits un peu compliquées. »
Avez-vous eu un arrêt de travail?
« Non, je suis reparti au travail dès le lundi suivant. Et dès le lendemain, j'étais sûr d'avoir envie de retourner arbitrer. Mais je pense aux jeunes prometteurs au sifflet, moins aguerris. Si l'un d'eux avait été à ma place, il aurait sans doute raccroché. »
Qu'attendez-vous de la plainte déposée?
« Je n'attends rien, pas de condamnation exemplaire. Pour la forme, je ne pouvais pas laisser passer sous silence cet événement que certains jugent anecdotique.
"Capituler, ce serait donner raison à ces gens-là"
Le jour-même, c'est le délégué du match, du club de Migné, qui a mis le feu aux poudres. Sans ça, peut-être que mon agresseur n'aurait pas pété les plombs... Et après le match, tout le monde l'avait identifié. Les dirigeants du club en question étaient là. Mais quand mes assistants sont venus poser la question, personne n'a voulu donner son nom. Ça, ça m'a autant choqué que l'agression. »
Etes-vous retourné sur le terrain avec de l'appréhension?
« Non, aucune. C'était un acte isolé, pas un regroupement de quinze personnes. Je suis arbitre de Ligue, j'ai repris avec un Boussac - Noailles (PL), en distribuant un carton jaune. De quoi me réconcilier avec le foot et l'arbitrage. »
Aujourd'hui, on sent dans votre discours que cette agression est de l'histoire ancienne...
« Malheureusement, je suis passé à autre chose. »
Malheureusement?
« Les instances ne m'ont pas permis de m'apitoyer sur mon sort. En terme de soutien, il y a eu moins que le strict minimum. J'ai eu un coup de fil, à titre personnel, de Jean-Louis Rideau (président de la commission de détection, de recrutement et de fidélisation des arbitres au District de la Vienne) qui m'a beaucoup touché. Mais au sens officiel, silence radio. Je n'ai eu aucune preuve d'inquiétude, pas le moindre message de soutien de la part des instances gouvernantes, le District et la CDA (Commission départementale de l'arbitrage). Ça ne fait que conforter ma vision des choses par rapport à ces gens-là... »
Quel regard portez-vous sur la mesure prise par ces mêmes instances de reporter le coup d'envoi des rencontres de 15 minutes ce week-end?
« Aux grands maux les petits moyens... Je leur ai répondu par une lettre ouverte, je ne pouvais pas laisser passer cela. Il faut attendre quoi? Un coup de couteau ou un coup de fusil? Moi-même, je ne peux pas me révolter à hauteur de ce que je voudrais, car l'arbitrage reste un monde de l'omerta. »
Un monde qui a connu deux agressions en quinze jours dans la Vienne...
« J'ai appelé mon collègue agressé (dimanche dernier, lire nos éditions de mardi et mercredi). Il avait envie de tout arrêter. Lui a subi une agression plus importante, avec tentative de strangulation et coups de pied dans les reins. »
"En prenant le sifflet, je savais que la probabilité de me faire agresser existait"
« Je lui ai dit de bien réfléchir, à tête reposée. Sous prétexte de tels agissements, il faudrait se priver du plaisir d'arbitrer? »
Ce plaisir n'est-il pas entaché depuis quinze jours?
« Mon plaisir personnel est plus fort que tout. Arrêter, capituler, ce serait donner raison à ces gens-là. J'ai été joueur, éducateur, président de club avant d'être arbitre. En prenant le sifflet, je savais que la probabilité de me faire agresser existait. J'avais admis cela, en priant le Bon Dieu que ça n'arrive pas. Mais le 1 mai, c'est tombé sur moi. J'avais déjà eu une portière de voiture cabossée après un match. Je me savais exposé. Mon discours est très pessimiste, mais c'est la réalité. Je m'identifie de moins en moins au sport dans lequel j'ai grandi. »
mardi, mars 31, 2015
LFP - LIGUE 1 : Nos arbitres de LIGUE 1 ne sont que des hommes...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans ARBITRAGE, ARBITRE, ERREURS, FFF, FOOTBALL, LFP, LIGUE 1, TÉMOIGNAGE
"Derrière l'arbitre, il y a un homme." On pourrait parler d'éléments de langage tant la phrase irrigue les témoignages. Sauf qu'ici, il est bien question de fendre l'armure et de raconter l'après-match. Celui qui, quand on est arbitre, existe en cas de boulettes, ces erreurs à la vue de tous qui font basculer une rencontre. Faut-il soutenir qu'elles sont de plus en plus nombreuses, notamment en Ligue 1? Les débats sur le sujet sont agités, mais pas moins que les lendemains du fautif. Surtout si le match est à fort enjeu et les équipes en pointe.
Il y a deux semaines, Lionel Jaffredo a essuyé la tempête à l'issue de Bordeaux-PSG, via Zlatan Ibrahimovic : "En quinze ans de carrière, je n'ai jamais vu un tel arbitre dans ce pays de merde!" Si l'affaire a dépassé le cadre du foot, la diatribe visait d'abord une passe en retrait bordelaise non sanctionnée vers le gardien. Le même jour, OM-Lyon se concluait par des insultes de Dimitri Payet, en raison d'un but valable refusé aux Marseillais par Benoît Bastien mais impossible à déterminer à l'œil nu.
Critique décomplexée
A chaque fois, le tourbillon s'enclenche dès le coup de sifflet final. S'ouvre une phase de communication de crise. Il s'agit de déterminer s'il est judicieux que l'arbitre s'exprime devant les micros pour justifier sa décision, voire pour reconnaître son erreur. Cela passe par un contact immédiat avec la Direction technique de l'arbitrage (DTA), chapeautée par Pascal Garibian depuis 2013. En règle générale, le silence médiatique est décrété : "Nous ne sommes pas là pour alimenter des polémiques. Mais à titre exceptionnel, il est possible de s'exprimer", cadre Garibian, qui a exigé de pouvoir viser les propos de ses hommes avant de les autoriser à s'exprimer dans nos colonnes. L'ancien policier n'interdit toutefois pas "le off auprès des médias, dans une démarche explicative". Un soir de match, la priorité est à l'échange avec les acteurs victimes de l'erreur, pour tenter d'éteindre le feu qui couve. Pour que s'ouvre le vestiaire des arbitres, une condition : le respect malgré la colère. Nouveau retraité et désormais cadre bénévole de la DTA, Laurent Duhamel se rappelle qu'il pouvait "accepter des propos durs, sévères même, du capitaine, de l'entraîneur ou du président. Une phrase comme "Vous n'avez pas été bon, du coup on perd 3 points", je peux l'entendre si on peut échanger derrière. Mais quand votre intégrité est remise en cause par des insultes, quand on parle de "vol" ou d'"arnaque", là, non, ça devient insupportable."
La critique est devenue d'autant plus décomplexée qu'aucun arbitre français n'a été retenu pour le Mondial 2014, une première depuis quarante ans. Et que la rémunération de la profession est devenue confortable : les 21 sifflets de L1 toucheront en moyenne quelque 83.000 euros brut cette saison.
"Tu diras à ton père qu'il est mauvais"
«Mais quand un enfant de 8 ans entend à l'école "Tu diras à ton père qu'il a été mauvais", ça devient plus dur à gérer»
Les heures qui suivent la boulette, dans le silence d'une chambre d'hôtel, ne sont pas moins pesantes. On regarde le DVD du match, mauvais film d'erreur. "Un arbitre est un homme seul. Il gamberge seul, rentre chez lui seul, pose Bruno Derrien, ancien international, dont la carrière a été "flinguée" par un malheureux Bordeaux-Lyon en 2005. J'ai l'impression que les attaques montent encore d'un cran aujourd'hui. Certains ont même droit à des comptes parodiques sur les réseaux sociaux." Comme Fredy Fautrel, dont une page Facebook milite pour qu'il "retourne arbitrer en CFA". Pas simple non plus pour l'entourage, qui a vite fait d'être touché par ricochet. M. Duhamel se souvient : "Il arrivait qu'on me regarde bizarrement au travail, mais c'était ma connerie, il fallait que j'assume. Mais quand un enfant de 8 ans entend à l'école "Tu diras à ton père qu'il a été mauvais", ça devient plus dur à gérer."Le week-end du match passé, vient l'heure des débriefings avec la hiérarchie. Chaque arbitre doit disséquer sa prestation via la plate-forme ifoot. Mis en place cette saison, cet outil numérique contient tous les matches. En pratique, l'arbitre sélectionne des situations de jeu et explique ses décisions à la DTA, qui lui répond. La plate-forme sert aussi à préparer la rencontre suivante en identifiant les axes tactiques, les placements sur corners, les attitudes dans le duel des joueurs, etc.
Si les désignations interviennent dix jours avant le match, une polémique qui prend corps dans l'intervalle peut chambouler le programme. Et générer la mise au repos d'un arbitre pris dans la tourmente. Ce cas extrême s'est produit une fois cette saison.
"A la DTA, on se doit de redonner confiance à l'arbitre et de déterminer s'il est judicieux ou pas de le faire souffler, relève Garibian. Cela s'apprécie au cas par cas, en évaluant la sérénité de l'intéressé. Il s'agit de protéger l'arbitre, pas de le sanctionner. La sanction, c'est le classement." Bâti en fonction des notes attribuées à chaque match par un observateur présent en tribune, ce classement est dévoilé en fin de saison. Un moment d'angoisse pour les arbitres, qui peuvent alors découvrir leur rétrogradation. Le vrai coup de grâce après la boulette.
Fredy Fautrel : "Ce match à Lyon m'a hanté jusqu'à la fin de la saison"
Le 16 mars 2014, lors du Lyon- Monaco de la saison dernière, Fredy Fautrel valide trois buts monégasques, tous entachés de hors-jeu. Lyon s'incline 2-3.
"Très rapidement, on a su qu'on avait commis des erreurs. Les délégués, les observateurs nous ont donné l'information. On a senti une tension, la polémique qui montait. J'ai téléphoné à Pascal Garibian [directeur technique de l'arbitrage] pour savoir si on communiquait. Il faut que ça reste rare mais là, c'était un match important, trois erreurs contre la même équipe… Je suis donc intervenu dans le Canal Football Club, en direct avec Jean-Michel Aulas. J'ai reconnu mon erreur. Il faut un certain courage pour dire devant la France entière : je n'ai pas été bon.
Après, c'est compliqué. À l'hôtel, on visionne les images. Deux fois, trois fois… On cogite : mais comment j'ai pu prendre cette décision? Qu'est-ce qui m'est passé par la tête? Comme un automobiliste qui n'aurait pas vu un piéton : l'être humain a parfois des blancs.
Ensuite, on se demande comment on va gérer ça. On vit avec l'angoisse des répercussions pour la famille. Mes parents habitent dans un petit village et ils n'ont pas été préparés à être interpellés publiquement sur la prestation de leur enfant. Après un Lens-Marseille [1-1, 15 octobre 2006], j'avais reçu des menaces de mort à mon domicile. En pleine nuit, on avait appelé chez moi alors que ma femme était seule avec les enfants.
Après ce Lyon-Monaco, on devait prendre le train. Le service de sécurité de l'OL m'avait conseillé de décaler mon départ, pour éviter une mauvaise rencontre à la gare. Le lendemain, j'ai encore échangé avec Pascal Garibian car j'étais désigné pour un match le week-end suivant à Marseille. On s'est interrogés : comme pour un attaquant qui fait des prestations en demi-teinte, le processus décisionnel peut être altéré. Finalement, j'ai été maintenu pour la rencontre suivante, cela a été une bonne aide morale. Mais ce match à Lyon m'a hanté jusqu'à la fin de la saison. Il reste le moment noir de ma carrière."
Sébastien Desiage : "Je n'en ai pas dormi de la nuit"
Sur le moment, les Caennais ont été extrêmement surpris de ma décision, mais les joueurs le sont souvent en pareil cas. Je sentais qu'ils étaient sincères mais j'étais certain d'avoir pris la bonne décision. En allant au bout de ma conviction, je devais sortir le carton rouge. J'ai aussi interrogé l'attaquant [Origi]. "Oui, il m'a déséquilibré", m'a-t-il dit…
Après le match, l'observateur de la DTA m'a informé qu'il n'y avait pas penalty. J'ai dû gérer les frustrations légitimes, notamment du coach [Patrice Garande], à qui j'ai proposé qu'on se voie au calme dans mon vestiaire. Le lendemain, je l'ai aussi appelé pendant vingt minutes. Le penalty était mon premier coup de sifflet de la seconde période. J'étais dans un temps faible psychologiquement, qui m'a conduit à mal me placer pour apprécier la situation. Garande a compris. Entre-temps, j'avais vu le DVD du match à l'hôtel, en allant directement à la 67e minute. Je n'ai pas dormi de la nuit. Dans ces cas-là, les images défilent en boucle. On se met à la place de l'équipe lésée, qui a le sentiment qu'on lui a volé un point. Pendant trois jours, mon esprit a été pollué. À l'instar d'un gardien qui fait un bon match mais se troue à la fin, on ne retient que ça.
Il faut être costaud et rebondir dès le match suivant, ce que j'ai su faire. Quand j'ai de nouveau été chargé d'arbitrer Caen [à Marseille, 27e journée], j'y ai repensé. J'en ai même plaisanté avec Appiah dans le couloir : "Dennis, désolé pour ce qui s'est passé en août, mais vous avez vu que j'ai essayé d'arranger un peu les choses [via un rapport qui a abouti à la levée du carton rouge]. Ce soir, ça va bien se passer, ensemble." Or, dès la 1re minute, j'ai sifflé un penalty contre Caen… J'entends encore certains : "C'est pas possible, vous nous en voulez!" Sauf que, cette fois, j'avais raison."
Source : LE JDD
mardi, novembre 04, 2014
FOOTBALL : Nous sommes plus de 215.000 chaque week-end sur les terrains...
Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans ACTUALITÉS, ARBITRE, DISTRICT DES HAUTS-DE-SEINE, FFF, FOOTBALL, LIGUE DE PARIS ILE DE FRANCE, TÉMOIGNAGE
Loin des lumières de la Ligue 1 et du football professionnel, près de 215.000 arbitres évoluent chaque weekend sur les terrains français. Paul Schmitt, 24 ans, a été l’un d’eux pendant deux saisons, arbitrant des équipes de jeunes amateurs en Île-de-France. Malgré les insultes, les tensions et parfois les bagarres, il en tire un bilan positif. Témoignage.
Pendant deux saisons, j’ai foulé presque tous les terrains des Hauts-de-Seine puis d’Île-de-France, des plus calmes aux plus hostiles. J’avais 22 ans, et les joueurs qui étaient face à moi en avaient à peine moins, entre 16 à 20 ans.
Ce serait mentir que de dire que l’atmosphère a toujours été calme et sereine, qu’aucune de mes décisions, même les plus anodines, n’ont pas été sujettes à réclamations et parfois à insultes. Au contraire.
Mais pendant ces deux années, les problèmes de violence ont heureusement été très rares. Manque de chance pour moi, c’est lors de mes débuts que j’ai fait face aux événements les plus graves…
Deux bagarres lors de mes deux premiers matches
Lors de mon premier match officiel, j’étais arbitre assistant. C’était une rencontre de niveau Excellence, entre les équipes de la Colombienne et d’Antony. Une rencontre a priori sans risque même si la Colombienne n’a pas toujours bonne réputation.
Pendant le match, un joueur a eu des échanges musclés avec un spectateur. Au coup de sifflet final, ça a dégénéré. Une partie du public est entré sur le terrain et une bagarre a suivi.
Dans ce genre de situation, les trois arbitres sont censés se regrouper et s’éloigner en vue d’observer ce qui se passe pour rédiger ensuite un rapport. La sécurité incombe alors aux délégués qui sont eux chargés d’appeler la police. Ce jour-là, je n’ai pas craint pour ma sécurité, mais nous avons tout de même été évacués du stade sous escorte. Drôle de première…
Le pire, c’est que le match suivant, à Courbevoie, a terminé de la même manière. Après un tacle en retard, deux joueurs en sont venus aux mains déclenchant une bagarre générale.
Là encore, la responsabilité du corps arbitral n’était pas en cause, personne ne s’en ait pris à nous, mais l’atmosphère m’a vraiment refroidi. Et j’ai pensé arrêter.
À chaque coup de sifflet, le bavardage est permanent
J’ai finalement continué. Je venais, en deux petits matches, de manger mon pain noir, puisque je n’ai plus jamais rencontré d’événement violent par la suite. Hormis un crachat d’un joueur alors que je plaçais un mur, et un "arbitre de merde" lancé par un autre, je n’ai ensuite eu qu'à faire à des "chamailleries".
À ce sujet, le mimétisme entre joueurs professionnels et joueurs amateurs est impressionnant. Même chaussure, même crampons, même attitudes lors d’une célébration de but et, malheureusement, même attroupement à peine avez-vous sifflé une faute.
La faute a beau être bénigne, en plein centre du terrain, sans impact sur la suite du match, Il y a toujours un ou deux joueurs pour contester (auquel il faut rajouter parfois des éducateurs), avec l’espoir de peser sur vos décisions.
Les insultés sur le terrain, elles, sont plus rares. Elles viennent davantage des tribunes. C’est rarement sympathique mais ce sont des insultes "génériques". On insultait plus ce que je représentais que ce que je suis.
On a le droit, parfois, à des touches d’originalité. Parce que je portais des lunettes, un spectateur a passé le match, un jour, à m’appeler Harry Potter…
Je suis allé à des matches la boule au ventre
Il m’est arrivé d’aller à des matches la boule au ventre. Car mine de rien, sur certains matches à fort enjeu, la pression est forte, même au niveau amateur. Psychologiquement, vous pensez au match du jeudi au lundi, c’est exténuant. Et le manque de soutien de la hiérarchie pèse.
Pour un match, on est indemnisé à hauteur de 65 à 75 euros, mais ce qui est frustrant, c’est le manque de soutien et la sensation d’être assez isolé, notamment en cas d’incident. Dans les commissions de discipline, parfois, on ne sent pas un soutien total, on met même en cause la version des arbitres pour protéger un club ami du district.
Être arbitre comporte un aspect administratif non négligeable : feuille de match à remplir en début et fin de rencontre, les éventuels rapports à envoyer à la commission en cas d'incident ou d'expulsion sur un carton rouge donné directement.
Malgré les tensions, je tire tout de même de ces deux années un bilan très positif. Le rôle d’arbitre m’a beaucoup appris. Avant, j’étais d’un naturel timide. Sur les terrains, je me suis affirmé, j’ai énormément appris sur la psychologie humaine, sur la manière d'agir au mieux pour préserver une atmosphère sereine : quand sanctionner ? Quand ne pas sanctionner ?
Être ferme mais sans jouer au cow-boy
L’arbitre idéal, c’est celui qui réussit à être ferme sans jouer au cow-boy ou à la police en "cartonnant" à tout-va. L’art subtil du dialogue avec les joueurs s’apprend au fil des matches. Avec l'expérience, on apprend aussi à maintenir la bonne distance avec les joueurs. Une chose est certaine : pour asseoir son autorité, le vouvoiement est indispensable.
Si les études n’avaient pas accaparées autant de mon temps, j’aurai sans doute continué. Les tensions vont parfois trop loin, certains comportements peuvent refroidir sur le coup, mais les bons moments sont de loin bien plus nombreux que les moments difficiles...