Publié le 10/12/2014 - Au sifflet du match de Ligue des champions entre l’Olympiakos et Malmö, mardi soir, Stéphane Lannoy effectuait sa dernière sortie internationale. Pas que l’envie manque ou que les jambes soient rouillées, mais l’heure de la retraite a sonné pour le Boulonnais de 45 ans, qui revient sur les temps forts de sa carrière.
Le foot amateur et le curé de la paroisse
« Quand j’ai commencé l’arbitrage amateur vers 21 ans dans le Boulonnais, mon père m’accompagnait toujours aux matchs et je me souviens que, très souvent, c’est le curé de la paroisse qui venait nous ouvrir les grilles du stade (rires) ! J’ai eu la chance d’avoir Ghislain Poulain, à l’époque arbitre de deuxième division nationale, comme mentor, comme parrain. Quoi de mieux ? C’était le numéro un de la région ! »
Le premier match de ligue 1
« Je n’en pouvais plus d’attendre. Lorsque j’ai appris au mois de juin 2002 que j’allais officier pour la première fois en Ligue 1 pour la rencontre entre Nice et Le Havre deux mois plus tard, j’avais juste envie d’être dans l’arène et de jouer. J’en garde un excellent souvenir, pas seulement parce que ça s’est bien passé pour moi, mais parce que c’était quelque chose de fort. Je ne savais pas, à l’époque, que ça allait augurer d’une telle suite, que j’y serais encore treize ans après. »
Le meilleur souvenir
« Je serais tenté de dire que toutes les aventures internationales ont une résonance particulière. Mais en 2012, une demi-finale d’un championnat d’Europe, qui plus est avec un petit Allemagne - Italie en affiche, c’est beau ! Ça reste un bon souvenir parce qu’en plus, la performance y est. On avait analysé de longues heures les deux équipes au préalable. On savait que Pirlo et Montolivo, au milieu, aimaient jouer en profondeur sur Balotelli avec des transversales de 35 mètres, et qu’il fallait être très vigilant sur les hors-jeu. C’est exactement ce qu’il s’est passé : Balotteli ira marquer, bien jugé par notre assistant. Ça se joue à quelques centimètres. »
Le premier match de Ligue des champions
« Au début, je pensais que c’était une plaisanterie : premier match de Ligue des champions à Barcelone, dans ce magnifique Camp Nou, face à Stuttgart ? Ils se sont trompés (rires) ! Bref, c’était assez magique. On est en décembre 2007 et se retrouver aligné avec des joueurs de cette envergure puis cet hymne qui vous prend aux tripes quand vous êtes sur le terrain… Déjà devant le téléviseur, ça fait quelque chose, alors quand on est en live, à côté de Messi et compagnie, imaginez un peu ! Mais j’avais donné des consignes très claires à mon équipe : c’est le Barça et tout ça, mais hors de question d’être spectateurs du jeu. On est là pour un job précis. »
Le moment le plus difficile
« La non-sélection pour le Mondial brésilien, cette année. Certainement le moment le plus difficile à vivre. J’avais à cœur de finir ma carrière internationale sur une deuxième Coupe du monde (au palmarès de Stéphane Lannoy : les Jeux olympiques de Pékin en 2008, une Coupe du monde en 2010, deux Euros, en 2008 et 2012). Mais il faut savoir l’accepter, rebondir et aller de l’avant. »
« Au-delà de mes espérances »
« Je suis très satisfait de mon bilan. Sur une carrière internationale qui a commencé en 2006 (soixante-neuf matchs au total), il y a forcément des moments moins sympathiques en termes de performances et de résultats. Mais c’est le lot de tout sportif. Je n’avais jamais eu la prétention, quand j’ai commencé l’arbitrage, d’espérer faire une carrière comme celle-ci. Une page se tourne au niveau international, mais ce n’est que du bonheur. »
L’aventure continue en Ligue 1, encore un peu...
Stéphane Lannoy a donc atteint en septembre les 45 ans fatidiques fixés pour les arbitres, par la FIFA, comme l’âge d’admission à la retraite internationale. En revanche, et la législation de la Ligue de football professionnel ne l’autorise que depuis un an, le Boulonnais peut encore officier en Ligue 1, « à condition de satisfaire à des tests médicaux et physiques » : « Aujourd’hui, j’éprouve toujours autant de plaisir, mes performances sont encore acceptables, s’amuse-t-il. Je suis tenté de continuer encore un peu. » Stéphane Lannoy n’est pas le seul porte-étendard de la région au sein de l’élite de l’arbitrage. Antony Gautier, également arbitre international et adjoint aux sports à la mairie de Lille, n’a pas à rougir avec 285 matchs au compteur. Moins connu car moins exposé, Hamid Guenaoui, originaire d’Halluin, fait ses gammes sur les pelouses de Ligue 2.
Source : LA VOIX DU NORD